Environ quatre ans après le début des événements en Syrie, l’opposition politique syrienne, et notamment la Coalition nationale des forces syriennes de l’opposition et de la révolution (désormais la Coalition nationale), est plus faible que jamais.
Depuis le déclenchement de la révolution, la coalition souffre d’un vaste conflit interne et d’un soutien international insuffisant, qui nuisent à ses capacités de fonctionnement. Ces problèmes ont encore été aggravés par l’avènement de l’Etat islamique en Irak et en Syrie (EIIL), qui a entaché l’image de la révolution syrienne à l’intérieur et l’extérieur du pays et apporté de l’eau au moulin des affirmations du régime et de ses alliés selon lesquelles ils luttent contre des terroristes qui veulent détruire la Syrie, plutôt contre des opposants défenseurs de leur liberté et de leurs droits.
Dans une interview publiée dans le quotidien qatari Al-Quds Al-Arabi, basé à Londres, le haut responsable de la coalition Michel Kilo exprime la frustration de la coalition devant sa situation et devant la gestion de la crise syrienne par l’Occident – en particulier les Etats-Unis. Selon Kilo, les États-Unis ont agi délibérément pour éliminer les forces modérées et renforcer les groupes terroristes radicaux afin de désamorcer la crise et régler plus facilement leurs comptes avec leurs rivaux. Il ajoute que prétendre combattre des terroristes plutôt que des opposants politiques a servi les intérêts du régime.
Kilo refuse d’accorder la priorité à la lutte contre l’EIIL, expliquant que la résolution de la crise syrienne faciliterait et raccourcirait le combat contre cet organisme. Prolonger cette guerre, ajoute-t-il, sert l’Iran en lui permettant de s’infiltrer dans les pays du Golfe. Il s’oppose également au plan de l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, de geler les combats en Syrie, à commencer par Alep, affirmant que ce plan est une perte de temps, et permet à Assad de se présenter comme un défenseur du cessez-le-feu tandis qu’en réalité, il intensifie ses attaques.
Dans sa critique, Kilo n’épargne pas l’opposition, et la Coalition nationale elle-même, déclarant que celle-ci permet à Assad et à ses alliés de se jouer d’elle. Pourtant, malgré les difficultés de l’opposition, Kilo estime que les alliés d’Assad ne pourront le sauver et qu’il sera destitué, tôt ou tard.