Le 14 octobre 2014, un colloque de poésie s’est tenu dans la ville irakienne de Bassorah, en présence de centaines de poètes, d’écrivains et de critiques arabes et irakiens. L’un des participants, un poète connu de Bassorah, Kazem Al-Hajjaj, a présenté une qasida [poème] provocatrice intitulée « Les gens de Bassorah », dans laquelle il pleure le riche passé culturel et intellectuel de la ville, et de l’Irak en général.
Se décrivant clairement comme un homme laïc qui « n’a jamais jeûné plus de quelques heures », parce qu’il méprise « la déchéance de la famine, même pour l’amour du Paradis », il exprime son appréciation pour l’art et la culture, aussi bien locale que mondiale, et son mépris de la vague de religiosité qui déferle sur l’Irak et qui, dit-il, engendre violence et terrorisme. Dans son poème, il exprime également le vœu que le Qatar, qui envoie des terroristes en Irak, disparaisse de la surface de la terre.
Le poème, publié dans le journal irakien Al-Haqiqa, a suscité la colère du chroniqueur irakien Daoud Al-Basri. Dans le quotidien qatari Al-Sharq, Al-Basri qualifie Al-Hajjaj de « petit poète irakien » qui « résonne comme un tambour creux pour le régime Baas » et soutient qu’ « au lieu de critiquer les gouvernements [irakiens] défaillants et voleurs, [Al-Hajjaj] a dirigé sa fureur vers un pays arabe [le Qatar] qui ne nuirait jamais à l’Irak ou à son peuple… »
En dehors de cette réaction virulente parue dans un journal qatari, il ne semble pas y avoir eu de ressentiment face à la qasida, et les relations entre les deux pays ne se sont pas rafraîchies : quelques jours après la publication du poème, le Premier ministre qatari Abdallah bin Nasser Al-Thani a promis au ministre de l’Intérieur irakien, Mohammed Salem Al-Ghabban, en visite à Doha, d’entamer une nouvelle ère de coopération constructive entre les deux pays dans tous les domaines, en particulier celui de la sécurité.