Par Y. Mansharof et U. Kafash –
Une semaine avant la date butoir du 24 novembre du Plan d’action conjoint entre l’Iran et les P5 + 1, l’agence de presse Fars, affiliée au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), révèle quelles seront les exigences de l’administration américaine :
– Concernant l’enrichissement de l’uranium, Téhéran doit réduire à 500 kg ses réserves d’uranium enrichi à 3,5 % , cesser d’enrichir de l’uranium dans les installations de Fordow et en faire un centre de recherche théorique, et cesser les expériences sur des centrifugeuses de générations avancées. Selon Fars, un accord a été conclu oralement pour autoriser toutefois une réserve de 2 tonnes d’uranium enrichi et l’exploitation de 4700 centrifugeuses de première génération.
– Concernant la voie du plutonium : Changer le réacteur à eau lourde d’Arak (voie du plutonium) en réacteur normal de production de courant en utilisant du combustible hautement enrichi (voie de l’uranium). Ne pas procéder à des recherches sur une réutilisation des barres de combustible nucléaire permettant le développement d’une bombe nucléaire par voie du plutonium.
– Concernant les missiles : Limiter la portée des missiles iraniens à 150 km.
– Au sujet des conventions internationales : Ratifier les conventions internationales, à savoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et le « Protocole supplémentaire » sur le traité de non-prolifération nucléaire – autorisant les visites surprises dans toutes les installations iraniennes, y compris militaires.
– Sanctions : La levée des sanctions sur l’Iran s’effectuera progressivement et ne dépassera pas 30 ans.
Fars souligne que Téhéran a purement et simplement rejeté la proposition. Fars, qui représente la position du CGRI, a qualifié le Plan d’action conjoint et la proposition américaine de complot américano-occidental visant à démanteler le programme nucléaire iranien.
Il convient de noter que les révélations de Fars ne représentent peut-être pas le document américain finalisé, étant donné que – toujours selon ce média – des accords oraux auraient été conclus sur plusieurs points.
Ce que le gouvernement des Etats-Unis demande de Téhéran dans l’accord final
« Les exigences américaines sur un accord final avec l’Iran sont les suivantes :
1. Le dispositif d’eau lourde à Arak, qui peut produire du plutonium, des radio-isotopes et de l’électricité, sera transformé en installation régulière de production d’électricité utilisant du combustible artificiel (combustible enrichi). En pratique, cela signifie la fermeture du dispositif [d’eau lourde, à savoir la voie du plutonium] à Arak.
Dans ce contexte, les Américains ont même rejeté [une proposition] de réduire le nombre de barres de combustible du dispositif actuel d’Arak de 150 à 20. Soulignons que, si le dispositif d’eau lourde d’Arak n’est pas activé dans un proche avenir, cela signifie la fin de la durée de vie effective du réacteur de Téhéran. Fournir des radio-isotopes pour guérir le quelque million de malades du pays deviendra un sérieux défi.
2. Dans les négociations, un accord oral a été conclu pour une capacité d’enrichissement de seulement 4700 centrifugeuses, avec une très faible injection de gaz.
3. La recherche et le développement des centrifugeuses se limitera aux centrifugeuses de première génération et Fordow deviendra un centre de recherche [apparemment théorique] sans réalisations [pratiques] dans la recherche et le développement.
4. Interdiction de procéder à des recherches sur la réutilisation de barres de combustible nucléaires.
5. Réduire les réserves [d’uranium enrichi] à 3,5 % de 8,5 tonnes à 500 kg (selon certains rapports, les parties se seraient oralement entendues sur un passage à 2 tonnes seulement).
Il existe une option de prolongation des négociations ; l’une des conditions américaines et européennes en sera l’oxydation [transformation de gaz en poudre] d’une partie importante des réserves [d’uranium enrichi] à 3,5 %.
6. L’Iran s’engagera à signer et à ratifier le « Protocole supplémentaire » et subira des contrôles et des visites plus poussées [des inspecteurs de l’AIEA] que [celles prévues par] les autres protocoles.
7. Les missiles iraniens auront une portée maximale de 150 km.
8. L’Iran acceptera officiellement et ratifiera le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).
9. Notons que la surveillance mentionnée dans le TICEN va à l’encontre de l’indépendance et de la sécurité des États membres. Selon les articles du Traité, en plus d’être autorisée à effectuer des photographies aériennes, l’équipe de surveillance pourra venir librement, à tout moment, dans le pays pour accomplir sa mission, même au bureau du président, etc.
10. La normalisation du dossier iranien se prolongera sur la durée (30 ans).
Il est manifeste que l’Occident attend que la génération iranienne qui défend les droit de l’Iran au nucléaire dans les milieux politiques et sociaux soit remplacée, et espère qu’alors l’Iran ne sera plus en mesure de développer son industrie nucléaire en raison du vieillissement de ses installations nucléaires et d’un retard [face] aux nouvelles technologies.
Les étapes américaines dans les pourparlers de Genève et les huit clauses finales de l’accord avec l’Iran font partie d’un plan stratégique complexe en trois étapes :
A. Arrêter le programme nucléaire de la République islamique d’Iran
B. Rétrograder le programme nucléaire de la République islamique d’Iran
C. Démanteler le programme nucléaire de la République islamique d’Iran
Il s’avère que l’étape de l’arrêt a été concrétisée par le biais du Plan d’action conjoint [accord de Genève]. Pour prolonger les négociations et la période de reddition [de l’Iran], l’étape de rétrogradation du programme nucléaire iranien est [à présent] enclenchée. La troisième étape (de démantèlement du programme nucléaire iranien) se déroulera dans la pratique sur une période de 10, voire 20 ou même 30 ans, sous prétexte qu’il s’agit de la poursuite de la quarantaine [de l’Iran] nécessaire à la levée des sanctions. »