Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la Révolution qui opère en dehors des frontières iraniennes, est le plus haut représentant de la ligne du Guide suprême Ali Khamenei en Irak. Soleimani, qui suit le courant idéologique iranien dirigé par Khamenei, est donc opposé à la « détente » avec les États-Unis et l’Occident.
Par le passé, Téhéran s’était abstenue de révéler l’engagement militaire de Soleimani en Irak et l’avait même démenti. Ces derniers temps, pourtant, les médias iraniens publient de nombreuses photos de Soleimani dans des villes irakiennes, en compagnie de commandants et de combattants de milices chiites pro-iraniennes et kurdes, et de soldats chiites de l’armée irakienne, qui combattent l’État islamique (EI).
Le régime iranien considère l’activité anti-EI de la Force Qods en Irak comme un instrument utile pour étendre son influence régionale et redorer son image au Moyen-Orient. Le 30 octobre 2014, le quotidien Kayhan, l’organe de presse du courant idéologique proche de Khamenei, expliquait que l’activité de la Force Qods en Irak renforce la popularité et l’influence régionale de Téhéran. Il qualifiait le commandant Soleimani de « sauveur » : « Qassem Soleimani a joué un rôle primordial dans les opérations de libération [des villes irakiennes de] Jurf Al-Sakhar et Amirli. La présence d’un stratège iranien qui croit en un voisinage amical avec les pays voisins, et qui a sauvé des personnes d’autres confessions – yézidis, chrétiens, chiites, sunnites, etc. – renforce non seulement sa propre notoriété en Iran et parmi les peuples du monde, mais aussi la popularité et l’influence de la République islamique dans la région. »
Dans le cadre de la campagne médiatique iranienne encensant Soleimani et son rôle dans la lutte contre l’EI en Irak, la chaîne iranienne en ligne Nasr TV a diffusé une vidéo en anglais retraçant les étapes importantes de sa vie. L’agence de presse Fars, affiliée au CGRI, a également publié un article élogieux, le qualifiant de « libérateur de l’Irak », responsable de la bonne coordination des efforts militaires chiites et kurdes et de victoires importantes, contrairement à la coalition de 40 pays qui n’a pas su atteindre de tels résultats, malgré toutes ses ressources. Selon Fars, la campagne de Soleimani en Irak fut un succès, non seulement parce qu’elle a vaincu l’EI, mais aussi parce qu’elle a montré à la région et au monde l’efficacité et la portée de l’action iranienne.
Le 27 septembre 2014, Defapress.ir, un site web affilié aux milieux sécuritaires iraniens, a publié un discours de Soleimani de 2007, prononcé lors d’une conférence en hommage aux « martyrs » de la guerre Iran-Irak. Soleimani faisait l’éloge du djihad et de la détermination dans le combat, et déclarait que l’Iran, guidé par Dieu, était invincible. Il ajoutait que l’Occident rechignait à l’attaquer en raison de sa capacité de dissuasion, acquise grâce à ses martyrs et à l’activité de milliers d’organisations sous son commandement, comme le Hezbollah au Liban. Ce discours se voulait une ode à la guerre et au djihad ayant révélé des individus devenus plus tard des figures phares en Iran.
Soleimani souligne, dans sa glorification du martyre, que lui-même aspirait à ce statut honorable. Et d’ajouter que le djihad est une valeur suprême, qui permet aux combattants iraniens de compenser leur insuffisance technologique et leur manque de préparation opérationnelle – et de vaincre l’ennemi.