Le ressortissant libanais Georges Ibrahim Abdallah a été condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité en France, pour avoir commandité l’assassinat de deux diplomates – l’attaché militaire américain à Paris, Charles R. Ray, et le diplomate israélien Yacov Barsimentov – ainsi que pour son implication dans la tentative d’assassinat du consul américain à Strasbourg, Robert O. Homme.
Le 6 novembre 2014, après que le tribunal d’application des peines de Paris eut refusé une nouvelle demande de libération, le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a publié deux articles appelant à kidnapper des ressortissants français dans le but de négocier la libération de cet ancien membre du FPLP et fondateur du FARL (fraction armée révolutionnaire libanaise).
Dans un premier article, le président du conseil d’administration d’Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amin, se dit prêt à « embrasser les mains » de quiconque s’acquitterait d’une telle tâche. Le second article, de Bassam Quntar, frère du terroriste libanais Samir Quntar, appelle explicitement à enlever un diplomate français pour aboutir à la libération d’Abdallah.
En 1999, les demandes de libération d’Abdallah ont été refusées au motif qu’il n’a jamais exprimé de remords et que rien n’assure qu’il ne reprendra pas ses activités terroristes à sa sortie de prison. En 2012, il obtient un avis favorable du tribunal d’application des peines de Paris « sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère de l’Intérieur ». Le ministère ne signe pas l’arrêté, en raison de pressions américaines, rapporte-t-on alors, et la Cour de Cassation déclare la demande de libération irrecevable.
Les partisans de Georges Abdallah en France et au Liban ont organisé des rassemblements, des manifestations et des conférences de presse pour exiger sa libération.
Ci-dessous des extraits des deux articles d’Al-Akhbar appelant au kidnapping de ressortissants français :
Le président du conseil d’administration d’Al-Akhbar, Ibrahim Al-Amin : un échange de prisonniers est la solution
« … Nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui aiment utiliser l’expression ‘échange [de prisonniers]’. C’est la solution magique du règlement de la crise des soldats [libanais] enlevés par des terroristes [par Jabhat Al-Nusra et l’EIIL] à Jroud Arsal [sur la frontière libano-syrienne]. Toutes les forces libanaises, sans exception, conviennent qu’un échange de prisonniers est légitime et souhaitable s’il bénéficie aux otages.
Aujourd’hui, nous avons affaire à [un autre] enlèvement criant, mais cette fois le kidnappeur est la France et l’otage est le combattant Georges Abdallah Ibrahim. Nous n’avons entendu personne en France s’opposer [à son maintien en détention] : ni les députés, ni les principales forces politiques, ni les élites, ni les universitaires et journalistes. Nous avons seulement entendu des justifications de ce gouvernement, des forces de sécurité et du système judiciaire (tout très indépendants). Il en résulte cette décision officielle de continuer à refuser à Abdallah sa liberté [en le maintenant] dans les prisons du terrorisme français.
La signification de ceci est que, à partir de ce jour, nous n’avons plus besoin de sit-in, de conférences ou de tribunaux. Autrement dit, nous avons besoin d’un échange de [prisonniers] qui aboutira à sa libération. Par conséquent, nous déclarons dès à présent que nous embrasserons les mains de ceux qui organiseront un tel échange, à la grâce d’Allah. »
Le frère de Samir Quntar : L’enlèvement d’un diplomate français est la seule façon de garantir la libération d’Abdallah
Bassam Al-Quntar, frère de Samir Al-Quntar, a appelé explicitement à enlever un diplomate français. Dans son article, il mentionne Gilles Sidney Peyroles, alors directeur du Centre culturel français de Tripoli au Liban, qui fut kidnappé par les factions révolutionnaires armées libanaises en 1985, et relâché quelques mois plus tard. Al-Quntar affirme que les ravisseurs avaient voulu échanger Peyroles contre Abdallah, précisant : « Le tribunal [français] a manqué à son devoir de garantir la libération d’Abdallah. La France a ainsi transmis hier le message que l’enlèvement d’un autre Peyroles est le seul moyen de garantir la liberté d’Abdallah ».
(1) Samir Quntar a été impliqué dans l’attentat de 1979 contre la ville israélienne de Nahariya, ou des civils et des policiers ont été tués. Il a été condamné à cinq condamnations à perpétuité et à 47 ans de réclusion, mais a été relâché en 2008, avec quatre autres prisonniers, dans le cadre d’un échange avec le Hezbollah, qui rendait pour sa part les cadavres de deux soldats israéliens enlevés deux ans plus tôt.