Le romancier et essayiste tunisien Abdelwahab Meddeb, spécialiste de l’islam, est décédé à Paris le 6 novembre 2014. Né en 1946 à Tunis et résidant à Paris depuis 1968, il fut professeur de littérature comparée à l’Université Paris X Nanterre et animait, depuis 1997, l’émission « Cultures d’islam » sur France Culture. Dans une interview en 2006, il déclarait : « L’islamisme est la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte » (1). Abdelwahab Meddeb est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont La Maladie de l’islam, qui a suscité un intérêt mondial et été traduit en anglais, arabe, allemand, italien, portugais, espagnol et turc. L’ouvrage évoque la relation entre islam et Occident à la lumière de l’histoire et de la pensée islamiques, et analyse la nature de l’islam politique. Il conclut que l’islam est aujourd’hui malade du fondamentalisme musulman.
Dans Contre-Prêches, son dernier ouvrage inspiré de ses chroniques dominicales sur Radio Tanger Medi 1, il a tenté une critique franche d’un islam déviant, présentant par ailleurs un islam ouvert. Ce livre de 115 chapitres évoque une variété de sujets, dont l’antisémitisme, le voile, le multiculturalisme et la chute des dictateurs.
En 2007, MEMRI publiait une fiche de lecture de Contre-Prêches, entendant porter à la connaissance des non francophones les réflexions parfois visionnaires de ce penseur. Quelques points développés dans Contre-Prêches :
– La société islamique est devenue une société prude avec une aversion pour la sensualité, ce qu’elle n’a pas toujours été.
– L’antisémitisme actuel dans les pays arabes est dirigé contre des juifs imaginaires.
– Le témoignage d’Al-Husseini, le mufti de Jérusalem, confirme l’extermination nazie et devrait être publié dans la presse arabe et iranienne.
– Il convient de décider que tous les versets coraniques portant sur l’infériorité des femmes sont obsolètes.
– Le multiculturalisme favorise l’islamisme ; seuls les pays du Maghreb pourront gagner la bataille culturelle contre les islamistes, grâce à l’influence française.
– Si les musulmans ne changent pas d’orientation, on peut raisonnablement supposer que la civilisation arabe, enfermée dans le cadre de la foi islamique, finira par rejoindre les grandes civilisations éteintes.
– Les événements dans le monde nous enseignent qu’il est possible d’affronter une dictature et de triompher [écrit avant le Printemps arabe].
– Le régime syrien n’a pas compris que le monde a changé ; la démocratie est en effet en plein essor [écrit avant la Guerre en Syrie].