Dans un article publié sur son blog « Savoir ou se faire avoir », Sami Aldeeb, Professeur des universités suisse palestinien, pose la question de la formation des imams, du bon usage des lieux de culte, et évoque la « nécessaire refonte de l’islam ». Extraits (1) :
La communauté musulmane en Suisse, dont le nombre d’adhérents est en continuelle augmentation, a droit à l’exercice de sa religion et aussi à l’enseignement religieux. Faut-il enseigner l’islam et former les imams dans les universités ? Le débat fait rage en Suisse, et [son réglement] aura des conséquences dans les autres pays occidentaux. La question est celle de la nature de l’exercice religieux et de l’enseignement dispensé.
Origine et nature du minaret *
Le peuple suisse a dit non à la construction des minarets en Suisse. J’ai soutenu cette initiative, estimant que la constitution suisse garantit le droit de prier et non pas le droit de crier. Le minaret étant le lieu à partir duquel l’appel à la prière est lancé, et donc source de nuisances sonores, il n’a pas sa place en Suisse. (…) 75% des lieux de culte musulmans en Egypte ne disposent pas de minarets, et la mosquée Al-Aqsa, deuxième lieu saint de l’islam situé à Jérusalem, n’a pas de minaret. Le minaret n’est apparu dans l’islam que plusieurs décennies après la mort de Mahomet. Il s’agit donc d’une innovation (bid’ah), et on sait qu’en matière de culte, toute innovation est condamnée par l’islam. Mahomet dit à cet égard : « Toute innovation est une erreur, et toute erreur est en enfer ».
Des mieux de culte « détournés de leurs objectifs »
Aujourd’hui, les lieux de culte musulmans en Suisse et ailleurs sont détournés de leur objectif. Il est largement admis que ces lieux sont des pourvoyeurs de djihadistes vers l’Irak et la Syrie, avec leurs pratiques criminelles contre aussi bien les musulmans que les non-musulmans. Ils servent aussi de vecteurs de fanatisme dans la communauté musulmane.
Les lieux de culte devraient être « des salles polyvalentes ouvertes à tous »
On signale aussi que la moitié des appareils de brouillage vendus en France sont acquis par les mosquées afin d’empêcher la police de contrôler ce qui se dit dans les prêches des imams. Pour cette raison, je suis actuellement opposé à la construction des mosquées-palais et je recommande leur remplacement par des salles polyvalentes ouvertes à tous : vendredi pour le culte musulman, samedi pour le culte juif, dimanche pour le culte chrétien, lundi pour le culte bouddhiste, etc. Et en dehors des heures de culte, ces salles peuvent servir de lieux de réunion, de sport, de danse orientale, etc. (…)
Quels imams choisir ?
Si la communauté musulmane a le droit d’avoir un lieu où prier (de préférence pas des mosquées), elle a aussi le droit d’avoir du personnel qui assure la conduite du culte. L’imam, en arabe, signifie celui qui se met devant les fidèles, pour leur servir de modèle, pour conduire la prière, faire le prêche et assurer un enseignement religieux à sa communauté. Et comme le culte musulman se déroule en arabe, à l’exception du prêche, l’imam doit connaître l’arabe.
En France, en Belgique, comme ailleurs, ce sont souvent des imams provenant des pays arabes et musulmans dont sont originaires les musulmans qui assurent ce service religieux. Mais ce sont des vecteurs de fanatisme. Raison pour laquelle la France expulse de temps en temps des imams qui prêchent la haine dans les mosquées. Encore faut-il que la France soit au courant de tout ce qui se dit dans les mosquées. (…) la nécessité d’avoir des imams « made in France, made in Switzerland, made in Belgium, etc. » La question est de savoir qui va assurer la formation de ces imams. Qui va déterminer ce qui leur est enseigné, et à quelle condition ils peuvent exercer leur fonction d’imam, voire d’enseignant ou d’aumônier dans les écoles et les prisons.
Si vous faites venir des professeurs des pays arabes ou musulmans pour former des imams locaux, le problème restera le même. (…) il faut que les programmes de formation soient en conformité avec les droits de l’homme et les lois françaises, suisses, belges, etc. Ce qui signifie qu’il faut exercer un contrôle strict sur ce qui est enseigné. Dans des écoles musulmanes de Grande-Bretagne, on a découvert des manuels qui enseignent aux élèves comment couper les mains des voleurs. Ce sont des manuels importés directement d’Arabie saoudite. (…)
Enseigner un islam conforme aux Droits de l’Homme
Il n’est pas non plus question de [reprendre] l’enseignement du droit musulman tel qu’il est enseigné dans les pays arabes et musulmans. Il faudrait donc enseigner un islam expurgé de toutes ses normes contraires aux droits de l’hommes et aux lois françaises, suisses, belges et autres. Le Coran et les ouvrages de hadiths (les deux sources du droit musulman) doivent être enseignés de façon critique en indiquant qu’il s’agit de textes appartenant au 7ème siècle (…).Le Coran, surtout, doit être arrangé de façon chronologique et inclure un avertissement indiquant que ce livre comporte des normes violentes et contraires aux droits de l’homme. Ceci doit être enseigné aux imams et autres membres du personnel religieux musulman. Aucun imam, aucun enseignant, aucun aumônier ne devrait pouvoir exercer en France, en Belgique, en Suisse et ailleurs s’il ne dénonce pas les normes coraniques contraires aux droits de l’homme, l’application du droit musulman, et n’admet pas le mariage d’une musulmane avec un non-musulman, ainsi que le droit de tout musulman à quitter sa religion sans aucune conséquence.
L’islam exemplaire de Mahmoud Muhammad Taha
Au lieu d’enseigner l’islam des institutions arabes et islamiques, il faudrait exiger l’enseignement de l’islam de Mahmoud Muhammad Taha, le Soudanais pendu en 1985 sur incitation d’Azhar et d’autres institutions musulmanes. Ce penseur s’est clairement prononcé contre la partie du Coran dite « médinoise », et pour le retour à la partie dite mecquoise. Ce faisant, il écarte toutes les normes islamiques violentes et discriminatoires contre les femmes et les non-musulmans.
Voilà donc les conditions auxquelles il faut soumettre toute formation d’imams, d’enseignants et d’aumôniers en France, en Suisse, en Belgique et ailleurs. Sans cela, les pays occidentaux devront se préparer à la guerre civile comme en Syrie, en Irak, en Libye et ailleurs.
Il ne sert à rien d’envoyer des avions bombarder la Syrie et l’Irak des djihadistes provenant de l’Occident, alors que ces djihadistes sont le produit de l’Occident et le résultat de sa lâcheté face à l’islam. Il faut combattre l’idéologie mortifère de l’islam non pas en Syrie et en Irak, mais ici, en Occident, et exiger une refonte en profondeur de cette religion. (…)
* Les sous-titres ont été ajoutés par la rédaction.
(1) Lire l’article intégral : Sami Aldeeb: Faut-il former des imams dans les universités occidentales? Oui, à condition que…