Les réactions de la presse arabe aux attentats terroristes perpétrés sur le sol canadien ont été assez rares, comparées à leur nombre dans les médias occidentaux. Les articles parus dans la presse arabe soulignent que le terrorisme est un problème mondial, non spécifique aux musulmans, puisque l’Etat islamique (EI) – que beaucoup considèrent comme l’instigateur des attaques – a gagné en popularité à travers le monde et attire des jeunes de nombreux pays.
Selon ces articles, les assaillants n’étaient pas des djihadistes, mais de jeunes gens perturbés, mus par des motivations personnelles et non religieuses.
D’autres articles font valoir que le Canada est un pays pacifique qui a toujours accueilli les immigrants et les demandeurs d’asile, et déplorent le fait que les assaillants aient manifesté leur gratitude par des actes terroristes. Extraits :
Un journaliste saoudien : Les attentats terroristes au Canada sont un problème mondial, pas seulement musulman
Dans sa chronique du quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, le journaliste Mashari Al-Dhaidi note que Michael Zehaf-Bibeau « s’est transformé en combattant de l’EI », ajoutant que l’EI, qui attire des jeunes du monde entier, constitue un problème mondial, à l’instar de la drogue, et n’est pas spécifique aux musulmans. Il écrit :
“Un jeune Canadien nommé Michael Zehaf-Bibeau (32 ans) a perpétré un attentat terroriste et tué un soldat à Ottawa, puis il a pris d’assaut le bâtiment du parlement et a été abattu dans un échange de tirs avec la police. Le jeune homme est à moitié canadien. Sa mère est canadienne et son père est libyen…
Nous avons affaire à un homme sous pression et en crise, qui voulait apaiser ses angoisses en devenant un combattant de l’EI. Ce qui signifie qu’il a extériorisé sa détresse personnelle et existentielle en commettant un acte publique qui, pensait-il à tort, lui apporterait une satisfaction personnelle, lui rendrait son estime de soi, tout en faisant la fierté de sa ummah.
Il est totalement ignorant de la religion et de la langue de la religion : l’arabe. Il en est de même des deux adolescentes autrichiennes, des deux jeunes Somaliennes britanniques [qui ont quitté leurs foyers pour la Syrie]… Pour ces adolescents ignorants, l’EI est devenu un jeu fantastique qui étanche leur soif d’excitation et de danger, à l’instar des jeux vidéo. C’est ce que l’EI tente de mettre en avant dans son magazine en anglais Dabiq.
Ceci est un phénomène qui mérite d’être examiné. Pourquoi des adolescents du monde entier et ceux en crise se plongent-ils dans ce carnaval de l’EI ?… L’EI est un [problème] trop grave pour être réduit à l’aspect islamique religieux. C’est un phénomène international et une tendance mondiale. Il ressemble au phénomène de la drogue. Ce qui signifie que si, à un moment donné [de l’histoire], un mouvement naît, [par exemple] en Amérique latine, et perpètre des actes terroristes sous quelque prétexte mondial que ce soit, nous trouverons de jeunes hommes et femmes du monde entier pour y adhérer. Selon moi, en plus de l’interprétation religieuse concernant les musulmans, une autre interprétation doit être examinée en profondeur : celle d’un EI « mondial », car l’EI est en train de devenir une crise mondiale et internationale, qui touche toutes les sociétés et doit être examinée sous tous les angles. Elle ne touche pas que les musulmans…
Comment expliquer qu’un jeune homme ou une jeune femme – qui ne connaît pas l’arabe et n’a aucune connaissance sérieuse de l’islam et de son histoire, sans parler de la loi religieuse et du califat – traverse les océans et les cieux pour rejoindre l’EI ?! Pour éliminer l’EI, il faut comprendre ce [phénomène] mondial qui consiste à se ruer vers l’appât qu’il représente. C’est un problème qui concerne le monde entier… pas seulement les musulmans ! »