À la mi-juillet 2014, la municipalité de Téhéran, sous le maire Mohammad Baqer Qalibaf, s’est mise à appliquer la ségrégation des genres dans ses institutions. Sa décision entre dans le cadre de la lutte de pouvoirs sur le caractère culturel de l’Iran entre le camp idéologique, dirigé par le chef suprême Ali Khamenei et auquel appartient Qalibaf, et le camp pragmatique, mené par le président du Conseil de discernement, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani.
La question a gagné l’opinion après la divulgation par la presse d’une note secrète émise par la municipalité de Téhéran. Dans ce document, la municipalité demandait à ses hauts fonctionnaires d’interdire aux femmes des emplois de bureau tels que chefs de bureau, secrétaires, dactylos, etc. En réaction à la critique consécutive, Qalibaf a précisé que le but n’était pas de congédier les employées de sexe féminin, mais de séparer les femmes des hommes dans les lieux publics, afin d’éviter une situation dans laquelle les femmes passeraient plus de temps dans la journée avec des hommes étrangers qu’avec leurs maris et enfants.
Le plan de ségrégation des sexes de la municipalité de Téhéran a déclenché une virulente polémique médiatique reflétant l’écart entre les camps idéologique et pragmatique. Les membres du camp idéologique, auxquels appartiennent les Gardiens de la révolution islamique (GRI), de grands ayatollahs, les membres du Majlis, l’autorité de radiodiffusion de l’Iran, et des responsables de l’appareil judiciaire, ont salué l’initiative de la municipalité de Téhéran et demandé qu’elle soit adoptée dans tout le pays.
En revanche, les hauts responsables du camp pragmatique, derrière la figure de Hashemi Rafsanjani, le président Hassan Rohani et les ministres du gouvernement de Rohani, ainsi que les militantes des droits de l’Homme, des juristes et des journalistes, ont exprimé leur ferme opposition au plan de ségrégation des sexes, affirmant qu’il était contraire à l’islam et à la pensée du fondateur du régime révolutionnaire, l’ayatollah Ruhollah Khomeiny.
L’adjoint au maire de Téhéran Morteza Talai a exprimé la position du camp idéologique dans une conférence de presse, au cours de laquelle il est entré dans une violente altercation avec plusieurs journalistes qui ont objecté que le plan s’opposait aussi bien aux lois iraniennes qu’à la volonté de l’opinion. La militante des droits des femmes Fakhr Al-Sadate Mohtashemipour, l’épouse du prisonnier politique Mostafa Tajzadeh, a soutenu que cette politique était une insulte, non seulement aux femmes mais aussi aux hommes, car elle tenait pour acquis le fait que les hommes seraient incapables de contrôler leur pulsions.