Dans une récente interview télévisée, la députée irakienne Vian Dakhil a appelé l’Union européenne, les organisations des droits de l’Homme et la communauté internationale à aider les Yézidis à fuir l’Irak. Dans l’interview diffusée sur Mayadeen TV le 8 Août 2014, Dakhil a déclaré : “Après le dernier massacre que nous avons souffert à Sinjar, je pense que nous devons à présent protéger ce qui reste de notre religion, plutôt que de nous accrocher à une terre qui refuse de s’accrocher à nous”. Extraits :
Vian Dakhil : Permettez-moi de commencer en relatant l’histoire vraie qu’une femme m’a racontée en pleurant hier, à 2 heures du matin. Elle m’a dit : “Il y a quatre jours, j’ai fui mon village avec mes cinq enfants, après qu’ils [l’Etat islamique] eurent abattu mon mari. Deux d’entre eux sont morts de soif, et j’en ai laissé un, handicapé, sur la montagne. Maintenant, je poursuis ma route, essayant de sauver les deux enfants qui me restent“. Pas de famille, pas d’abri, pas de nourriture, rien à boire… Pas d’eau…
Les chrétiens en Irak et ailleurs ont un puissant lobby. Ils ont le fort soutien des pays européens et du Vatican. Mais les Yézidis… Nous sommes juste un petit peuple. Nous n’avons personne. Personne ne nous soutient. Quand un pays comme la France accueille les chrétiens [d’Irak]… Leur peuple partage la même religion, et peut-être la même nationalité. Mais les Yézidis… Où pouvons-nous aller ?
C’est pourquoi j’essaie, de toutes mes forces, de faire entendre ma voix à l’Union européenne, aux organisations des droits de l’Homme et à la communauté internationale, de sorte que les Yézidis – ce qu’il en reste – puissent aussi avoir la possibilité de fuir, de quitter l’Irak.
C’est notre pays. Nous vivons ici depuis des milliers d’années. Nous sommes le peuple le plus ancien sur cette terre, mais on nous tue, on nous extermine sur cette terre.
Interviewer : Vous demandez à quitter le pays ?
Vian Dakhil : Bien sûr. Je demande qu’on nous laisse partir, au moins pour sauver ce qui reste des Yézidis. Si nous demeurons dans cette situation, nous pourrions nous trouver à nouveau attaqués. Mon cher frère, laissez-moi vous dire quelque chose d’important : les Yézidis ont subi 72 génocides. Ce qui reste des Yézidis, après qu’ils furent tués dans ces régions – dans le nord de l’Irak, le sud de la Turquie et l’ouest [sic] de la Syrie …
Le nombre de survivants yézidis ne dépasse pas 600 000. Nous sommes restés ici, préservant notre patrimoine, notre religion et notre terre. Mais après ce dernier massacre souffert à Sinjar, je pense que nous devons maintenant protéger ce qui reste de notre religion, plutôt que nous accrocher à une terre qui refuse de s’accrocher à nous.