Comme prévu, le maréchal Abd Al-Fatah Al-Sissi a remporté l’élection présidentielle égyptienne du 28 mai 2014 par une victoire écrasante de 96,9 % des voix. Cependant, le faible taux de participation – 47,5 % selon les données du Comité électoral suprême et moins de 12 % selon celles des Frères musulmans (FM) – est perçu comme un fiasco pour le président élu. D’autant plus que de gros efforts ont été déployés par le régime et de ses partisans pour assurer un taux de participation élevé et engranger un soutien inconditionnel à leur candidat.
Les adversaires d’Al-Sissi parmi les partisans des FM se sont délectés de la mauvaise fortune d’Al-Sissi, voyant dans ce faible taux de participation une preuve de l’opposition considérable au nouvel élu et à sa politique, ainsi que du fort soutien dont bénéficierait le président déchu Mohamed Morsi.
Cette perception du faible taux de participation comme reflétant une désapprobation d’Al-Sissi (en porte à faux avec son extrême popularité) est aussi celle des médias pro-Sissi. Aux côtés de nombreux articles faisant l’éloge d’Al-Sissi et se réjouissant de son triomphe électoral, on relève des critiques et de la déception quant à sa conduite.
Nombre de médias affiliés à Al-Sissi se sont vus contraints de le défendre et de justifier le faible taux de participation, évoquant la température, très élevée le jour du scrutin, qui aurait dissuadé les électeurs de sortir de chez eux, la certitude qu’Al-Sissi gagnerait, ou encore une campagne d’intimidation visant à empêcher les électeurs des FM de se rendre aux urnes.
Mais d’autres interprètent ce faible taux de participation par la déception des jeunes électeurs à l’égard d’Al-Sissi, son engagement incertain quant aux objectifs de la révolution égyptienne et les similitudes entre son modus operandi et celui du président déchu Hosni Moubarak. Certains considèrent que le faible taux de participation est une sonnette d’alarme révélant que les dirigeants égyptiens ne sont pas réellement engagés dans une voie démocratique.