Dans une interview télévisée, Ali-Akbar Salehi, dirigeant de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, évoque le programme nucléaire de son pays. Lorsque le journaliste lui demande combien de temps il faudrait à l’Iran, techniquement parlant, pour se remettre « sur les rails » si les Etats-Unis violaient les termes de l’accord de Genève, Saleh répond: « Quelques heures. » « Le ferons-nous ? », demande le journaliste. Salehi: « Si nous devons enrichir à 20 % – oui, nous le ferons ».
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Extraits de l’interview, diffusée sur Press TV (via Internet), le 4 février 2014:
Journaliste: Les Etats-Unis affirment avoir réussi à démanteler au moins des parties du programme nucléaire iranien. Qu’en dites-vous ?
Ali-Akbar Salehi: Eh bien, vous pouvez venir voir si nos sites nucléaires, notre équipement nucléaire et nos installations nucléaires sont démontés ou non. La seule chose que nous avons interrompue – volontairement – est la production à 20 % d’uranium enrichi. C’est tout.
Evidemment, nous nous sommes engagés à autre chose. Nous nous sommes engagés à ne pas installer d’équipement principal dans le réacteur à eau lourde d’Arak, de 40 mégawatts – défini comme le principal équipement.
Les installations nucléaires fonctionnent, et notre enrichissement se poursuit. Il fait son travail, il produit de l’uranium enrichi à 5 %, et les centrifugeuses qui ont cessé de produire à 20 % enrichiront de l’uranium à 5 %.
En d’autres termes, notre production à 5 % augmentera, et l’ensemble de l’activité nucléaire iranienne suit son cours.
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La meilleure partie de ce plan d’action commun est la recherche. Il est manifeste que la R&D n’a pas de contrainte.
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Journaliste: Envisagez-vous de construire de nouvelles centrales nucléaires en Iran ? Nous savons que celle de Bushehr ne suffit pas, peut-être, pour les générations…
Ali-Akbar Salehi: Nous disposons de la centrale nucléaire de Bushehr, d’environ 1 000 mégawatts. [L’Iran] est le seul pays en Asie de l’Ouest qui dispose d’une centrale nucléaire.
L’Iran et la Russie ont signé un protocole en 1992, à l’époque du président Rafsandjani. Les Russes, selon ce protocole, se sont engagés, à la demande de l’Iran, de construire d’autres centrales nucléaires de 4 000 mégawatts en Iran.
Nous essayons d’appliquer ce protocole. Nous négocions avec les Russes cette nouvelle centrifugeuse de 4 000 mégawatts. Les pourparlers ne sont pas achevés. Nous en négocions toujours les termes.
Nous espérons pouvoir commencer à faire fonctionner la nouvelle centrale dès l’année prochaine.
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Journaliste: Qu’en est-il des pays de la région ? Si, par exemple, demain, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, ou d’autres pays de la région – les États du golfe Persique… S’ils vous demandent: « M. Salehi, pensez-vous pouvoir nous aider à construire notre propre centrale ? » – Les aideriez-vous ?
Ali-Akbar Salehi: Nous travaillons très dur au développement d’une centrale indigène, d’environ 360 mégawatts, mais cela prend un certain temps, et c’est là notre première expérience.
Mais ce que nous pouvons faire, s’ils nous demandent de l’aide, c’est être de bons conseillers, sous nombre d’aspects.
Journaliste: Donc, vous êtes prêt à les aider ?
Ali-Akbar Salehi: Oui.
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Nous avons toujours été à la table des négociations. C’est l’autre partie qui apparaît à certains moments, et disparaît à d’autres. Nous n’avons jamais refusé de négocier avec les 5 +1.
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Nous avons toujours montré nos bonnes intentions, mais nous espérons que cette fois, ils viendront avec de bonnes intentions et de la bonne foi. S’ils viennent vraiment de bonne foi et avec de bonnes intentions, c’est une opportunité qu’ils peuvent saisir. Sinon, l’Iran suivra son cours naturel.
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Journaliste: Si le président Barack Obama est vaincu par les lobbies pro-israéliens au Congrès, les semblables de Bob Menendez et Mark Kirk, et que les États-Unis décident de violer les termes de l’accord de Genève, combien de temps faudra-t-il, techniquement parlant, à l’Iran pour se remettre sur les rails ?
Ali-Akbar Salehi: Quelques heures.
Journaliste: Le ferons-nous ?
Ali-Akbar Salehi: Eh bien, si nous devons produire à 20 % – oui, nous le ferons.
Journaliste: Passons à la question du réacteur à eau lourde d’Arak. Beaucoup de gens s’interrogent sur le pourquoi: pourquoi l’Iran a-t-elle besoin de plutonium en tout premier lieu ?
Ali-Akbar Salehi: Nous avons de nombreux types de réacteurs. Ce réacteur est un réacteur [d’eau] lourde, mais nous n’avons pas conçu ce réacteur dans l’intention de produire du plutonium. C’est une première chose.
Deuxièmement, oui, ce réacteur – ou ces types de réacteurs, de réacteurs à eau lourde, peuvent être utilisés pour la production de plutonium. Les réacteurs à eau légère produisent également du plutonium. Pourquoi ne parlent-ils pas de plutonium dans les réacteurs à eau légère ? Nous produisons du plutonium à Bushehr.
Mais voilà la réponse technique: tout plutonium n’est pas bon pour les armes. Il existe un jargon – « plutonium de niveau militaire ». Ce réacteur ne produit pas de plutonium de niveau militaire. Ce réacteur produira environ neuf kilos de plutonium, mais pas de plutonium de niveau militaire. Je tiens à le souligner. Pas de plutonium de niveau militaire.
Journaliste: Si l’Iran interrompait la production de plutonium, son programme nucléaire serait-il touché ?
Ali-Akbar Salehi: Non, comme je vous l’ai dit, ce réacteur est un réacteur de recherche. Il ne sert pas à la production de plutonium. Si vous souhaitez utiliser le plutonium de ce réacteur, vous avez besoin d’une usine de retraitement. Nous n’avons pas une usine de retraitement. Nous n’avons pas l’intention – bien que ce soit notre droit, et nous ne renoncerons pas à notre droit… – mais nous n’avons pas l’intention de construire d’usine de retraitement.
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Il faut 6, 7 ou 8 ans avant de pouvoir utiliser du plutonium, extraire du plutonium – si nous voulions le faire. 7 à 8 ans. En outre, nous avons besoin d’une usine de retraitement, ce que nous n’avons pas et n’avons nulle intention de construire.
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