Introduction
Le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) interdit aux pays signataires non membres du « club nucléaire » d’enrichir de d’uranium sur leur propre sol, à moins qu’ils ne respectent de strictes réglementions et prouvent que l’enrichissement est faible et exclusivement réservé à des fins civiles. La communauté internationale permet aux pays ayant besoin d’énergie nucléaire à des fins pacifiques d’acquérir l’uranium enrichi nécessaire auprès des pays autorisés, sous la surveillance et avec l’approbation de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). C’est ce que font de nombreux pays occidentaux pour exploiter leurs réacteurs à des fins civiles, comme pour la production d’énergie et d’isotopes médicaux.
Jusqu’à présent, le consensus au sein de la communauté internationale, tel que défini par la position des 5+1 au Conseil de sécurité de l’ONU, s’opposait à la reconnaissance de l’Iran comme Etat nucléaire et à l’interprétation iranienne du TNP – qui stipule que l’Iran est en droit d’enrichir de l’uranium sur son sol. Ce consensus a également été exprimé, sans équivoque, par Mohamed ElBaradei pendant son mandat à la tête de l’AIEA. Dans une interview accordée en février 2005 à l’AFP, il a déclaré: « Nous ne pouvons continuer à faire comme si de rien n’était et laisser chaque pays construire ses propres usines pour séparer le plutonium ou l’uranium enrichi. Il s’agit en réalité de 30, 40 pays qui oscillent sur la brèche d’une capacité d’armement nucléaire, pouvant se transformer en arme nucléaire en quelques mois. » [1]
Le droit iranien d’enrichir de l’uranium sur son propre sol est la pomme de discorde du conflit entre l’Iran d’un côté, la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU de l’autre. Les résolutions du Conseil de sécurité exigent que l’Iran cesse immédiatement toute activité d’enrichissement. L’Iran s’est vu imposer des sanctions suite à son refus de respecter ces resolutions [2].
Notons que l’Iran ne dispose que de deux réacteurs nucléaires à des fins civiles – un à Bushehr, qui produit de l’électricité et est alimenté par des crayons de combustible enrichis jusqu’à 5 %, achetés à la Russie, en vertu d’un contrat conclu entre les deux pays ; et un réacteur de recherche à Téhéran, destiné à produire des isotopes médicaux. Ce deuxième réacteur nécessite chaque année plusieurs kilos de combustible enrichi à 19,75 %. L’Iran a déjà en sa possession plus que ce qu’il faut d’uranium enrichi à 20 % pour faire fonctionner ce réacteur pendant toute sa durée de vie.
Selon l’Iran, le réacteur de plutonium, actuellement en construction à Arak et qui devrait être opérationnel dans un an environ, produira les mêmes isotopes médicaux que le réacteur de Téhéran. La communauté internationale exhorte l’Iran à cesser toute activité de ce réacteur, de crainte qu’il ne soit utilisé à des fins militaires.
Iran revendique le droit d’enrichir de l’uranium sur son sol car la reconnaissance de ce droit en fera une puissance nucléaire, membre du club nucléaire mondial. Même s’il ne développait pas d’armes nucléaires, aujourd’hui ou ultérieurement, en tant qu’« Etat du seuil », il sera en mesure d’en développer s’il le désire.
* A. Savyon est directrice du projet des médias iraniens, Y. Carmon est président du MEMRI.
———————————————————
[1] AFP, le 23 février 2005, vous pouvez aussi consulter http://www.iaea.org/newscenter/news/2005/fuelcycle.html. ElBaradei a même nommé un groupe d’experts pour empêcher de l’enrichissement d’uranium de pays membres. Le groupe a publié ses conclusions dans un rapport publié comme un document de l’ONU pour la Conférence d’examen du TNP de mai 2005. Selon le rapport, la production de combustible nucléaire devrait être retirée des mains des nations individuelles pour être confiée à des groupes multilatéraux afin d’empêcher les pays de développer secrètement des armes atomiques (voir http://www.iaea.org/Publications/Documents/Infcircs/2005/infcirc640.pdf ).
[2] Voir les résolutions du Conseil de sécurité contre l’Iran: United Nations Security Council Resolution 1696 – adoptées le 31 juillet 2006. Elles exigent que l’Iran suspende toutes ses activités d’enrichissement et de reconversion et le menacent de sanctions.
Pour lire l’intégralité de l’article en anglais cliquer ici