Introduction
Après les manifestations de masse qui ont éclaté dans toute l’Egypte le 30 juin 2013, dans le cadre de la campagne Tamarud pour renverser le président Mohamed Morsi au bout d’un an au pouvoir, [1] et suite au refus de Morsi de se plier aux appels à sa démission et à de nouvelles élections présidentielles, les Forces armées égyptiennes ont dû intervenir pour tenter de résoudre la crise.
Le 1er juillet 2013, le ministre de la Défense Abd Al-Fatah Al-Sisi annonçait à la télévision un ultimatum de 48 heures imposé à Morsi pour répondre aux demandes du peuple. Al-Sisi a déclaré: « Les Forces armées avertissent toutes les parties concernées que si les demandes de la population n’étaient pas respectées sous 48 heures, les forces armées se verraient obligées, en vertu de leur responsabilité nationale et historique et de leur respect des exigences du grand peuple égyptien, d’instaurer une feuille de route pour l’avenir ainsi que des mesures qui seront appliquées sous la supervision des forces armées, avec la participation de toutes les tendances patriotiques et loyales, y compris les jeunes qui ont été et sont toujours l’étincelle de la grande révolution, tous partis confondus ».
L’annonce précise également que l’armée se considère comme un « facteur important de l’équation de l’avenir », mais précise qu’elle « ne constituera jamais un parti dans la sphère politique ou du pouvoir. » [2]
Environ quatre heures plus tard, l’armée publiait une seconde annonce, signalant que « compte tenu des allégations de certaines personnes dans les médias, désireuses d’interpréter la déclaration du commandement général des Forces armées comme ‘un coup d’Etat militaire’, l’institution militaire tient à souligner » que « la doctrine et la culture des Forces armées ne tolèrent la pratique d’aucun ‘coup-bas’ en politique militaire ». Et d’ajouter que l’annonce visait à « pousser tous les partis politiques nationaux à trouver rapidement des solutions à la crise actuelle et à formuler un compromis national conforme aux exigences du peuple égyptien ». [3]
Par ailleurs, le 3 juillet 2013, avant l’expiration de l’ultimatum de l’armée et l’annonce de la destitution de Morsi, le quotidien égyptien Al-Ahram rapporte que la feuille de route qui sera présentée par l’armée à la fin de l’ultimatum mentionne la destitution de Morsi et la création d’un comité présidentiel dirigé par le chef de la Haute Cour constitutionnelle, qui contrôlera le pays pour une période de neuf à douze mois. En outre, un gouvernement intérimaire apolitique sera créé et dirigé par l’un des commandants militaires. La Constitution sera remaniée et soumise à l’approbation d’Al-Azhar, puis à un référendum. Conformément à la nouvelle Constitution, de nouvelles élections législatives et présidentielles seront organisées, supervisées par l’armée ; l’armée sera également responsable des opérations sécuritaires, en coordination avec les services de sécurité. Toujours d’après Al-Ahram, l’armée a même empêché plusieurs officiels des Frères musulmans de quitter le pays, placé certains d’entre eux en garde à vue et imposé un contrôle sur les finances du mouvement. [4]
Dans le même temps, le ministre de la Défense a rencontré Morsi à deux reprises ces deux derniers jours. [5] Pour sa part, l’opposition a nommé des représentants pour établir un dialogue avec l’armée. Le Front de salut national – organisation fédératrice de l’opposition égyptienne – a désigné l’un de ses chefs, Dr Mohamed ElBaradei, pour débattre de la feuille de route avec l’armée. La campagne Tamarud a choisi trois délégués parmi ses principaux militants pour accompagner ElBaradei aux pourparlers avec l’armée, et proposé des candidats au poste de Premier ministre par intérim. [6]
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