Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui appartenait à ses débuts politiques au Milli Görüs, mouvement radical et politique islamiste fondé par l’ancien Premier ministre islamiste Erbakan, attaquait régulièrement le régime laïc turc et sa constitution.
Pour voir la vidéo d’un des discours du Premier ministre Erdogan pendant son mandat de maire d’Istanbul (1994-1998): http://www.youtube.com/watch?v=eg3hkWCnA8c
Voici des extraits du discours:
Erdogan sur la laïcité:
« Si le peuple le veut, bien sûr que la laïcité disparaîtra. Vous ne pouvez diriger ce peuple par la force ; vous n’avez pas le pouvoir de le faire. Elle [la laïcité] ne peut fonctionner contre la volonté du peuple.
Et de toute façon, pour l’amour d’Allah, qu’est-ce que cette laïcité ? Demandez-leur de la définir. Ils en sont incapables. Ils disent que [sa définition] varie d’un endroit à l’autre. Ainsi quelle est cette étrange chose ?
Aujourd’hui, chaque concept trouve sa définition dans le dictionnaire. Tout concept doit avoir une définition […] Le ministre de l’Intérieur dit que l’Etat peut interférer dans la religion. Qu’en est-il du reste ? Pourquoi ne parlez-vous pas du reste ? Non ! Il ne dit pas que la religion peut interférer dans l’Etat.
Hier, je me trouvais à l’université du Bosphore, et quelques jeunes gens – probablement impressionnables – m’ont demandé: ‘Monsieur le Maire, que pensez-vous de la laïcité ? On craint que la laïcité ne soit en voie de disparition. Que va-t-il se passer ?’
Voilà ce que j’ai dit à ces jeunes amis: ‘En Occident, ils disent, ‘Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu’, mais le ministre de l’Intérieur de ce pays affirme que César a des droits, alors que Dieu n’en a pas !’
Mais le fait est que 99 % de la population de ce pays est musulmane. Vous ne pouvez être à la fois laïc et musulman ! Vous êtes soit musulman, soit laïc ! Lorsque les deux sont réunis, ils créent un magnétisme inversé [ils se repoussent l’un l’autre]. La coexistence n’est pas possible ! Par conséquent, une personne qui dit: ‘Je suis musulman’ ne peut aussi dire ‘je suis en outre laïc’. Et pourquoi pas ? Parce qu’Allah, créateur du musulman, a les pleins pouvoirs !
Erdogan sur la Constitution turque et la démocratie:
En ce qui concerne [la devise de la démocratie turque]: ‘La souveraineté appartient au peuple sans condition’. Voyez: c’est un mensonge ! C’est un énorme mensonge ! Nous [l’ancien parti islamiste RP (Bien-être) de l’ancien Premier ministre Erbakan] leur avons suggéré au sujet de leur constitution: ‘Ajoutons des parenthèses après ‘La souveraineté appartient au peuple sans condition’ et notons dans ces parenthèses, ‘une fois tous les cinq ans’ ‘.
Ils se mirent à rire ; je leur ai demandé pourquoi ils riaient. Les gens ont-ils un tel privilège, hormis tous les cinq ans ? (…)
A ce moment, l’ancien ministre des Finances, qui était complètement ivre, se met lui aussi à donner des conseils. Je leur ai dit qu’ils avaient probablement mis au point cette constitution à la même table [où ils consommaient ensemble de l’alcool]. Pourquoi ? Parce qu’ils ne préparent pas ces constitutions avec l’esprit sobre, mais ivres ! C’est pourquoi leurs constitutions ne durent pas plus de deux ans.
Cette constitution est pleine de lacunes et de trous. Comme un chiffon rapiécé. L’autre jour, des journalistes m’ont demandé ce que je pensais de cette [constitution]. J’ai répondu: Regardez, que disent-ils ?, que la souveraineté appartient au peuple sans condition. Vous devez vous dire: bien. Quand [la souveraineté appartient-elle au peuple] ? C’est seulement quand il se rend aux urnes [tous les cinq ans] que la souveraineté appartient au peuple. Mais à la fois matériellement et substantiellement, la souveraineté appartient sans condition et à jamais à Allah !
Pour plus de déclarations du PM Erdogan voir les rapports de MEMRI:
http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/1554.htm
http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/1600.htm
Le Premier ministre Erdogan est-il un islamiste ?
Ci-dessous une compilation de quelques citations du Premier ministre Erdogan prononcées alors qu’il était maire d’Istanbul puis Premier ministre:
« Elhamdulillah [par la grâce d’Allah] nous sommes charia-istes » (Milliyet, 21 nov. 1994)
« Je suis contre [la célébration] du Nouvel An [chrétien] » (Sabah, 19 décembre 1994)
« Je suis allé non seulement au tekke [maison de prière], mais au dergah [centre d’étude islamique] » (Gözcü, 22 janv. 1997)
« Il n’est pas nécessaire de se lever en l’honneur d’Atatürk » (Hurriyet, 12 mai 1994)
« Ils [les Turks laïcs] font un tel tapage tous les 10 novembre [anniversaire de la mort d’Atatürk] » (Hurriyet, 14 novembre 1994)
« Les boissons alcoolisées doivent être interdites » (Hurriyet, 1er mai 1996)
« Nous allons transformer Istanbul en Médine » (Akit)
« Toutes les écoles deviendront [des madrassa religieuses] de l’Imam Hatip » (Cumhuriyet, 17 septembre 1994)
« Je suis l’Imam d’Istanbul » (Hurriyet, 8 janvier 1995)
« Les publicités pour des maillots de bain sont une exploitation de la luxure » (Hurriyet, 6 mars 1996)
« La Loterie Nationale est une atrocité » (Hurriyet, 29 septembre 1994)
« Inch’Allah, nous entamerons la construction de la mosquée de Taksim [la place la plus vaste et centrale d’Istanbul] » (1er juillet 1994)
« Le temps est proche où la Turquie aura un président sortir de [l’école] Imam Hatip » (Akit, 5 février 1996)
« Seuls les imams devraient célébrer tous les mariages » [Milliyet, 9 mai 1995]
« Notre [guide] de référence est l’islam. Notre seul objectif est un Etat islamique. Ils ne pourront jamais nous intimider. Si le ciel et la terre s’ouvrent, si des tempêtes soufflent sur nous, si la lave des volcans déferle sur nous, nous ne changerons pas notre voie. Mon guide est l’islam. Si je ne peux vivre selon l’islam, pourquoi vivre ? [Turcs], Kurdes, Arabes, Caucasiens ne peuvent être distingués, parce que ces peuples sont unis sous le toit de l’islam. » [Extrait de discours du 6 décembre 1997], [Hurriyet, 24 septembre 1998]
« Je me porte garant pour Yassin [Al Qadi]. J’ai confiance en lui de la même manière que je fais confiance en mon père. Je le connais comme je me connais. » (Il a défendu sur la télévision nationale le millionnaire saoudien Yassin Al Qadi placé sur liste noire par l’ONU, pour avoir financé le terrorisme) [NTV, 11 juillet 2006 ; Hurriyet, 16 juillet 2006]