Le Pakistan a connu, lors des mois de décembre 2010 et janvier 2011, une série de manifestations populaires contre toute tentative de modification des lois relatives au blasphème.
Au Pakistan, les activistes islamistes se chargent habituellement d’appliquer de leur propre chef les lois relatives au délit de blasphème. Plusieurs personnes à qui l’on avait accordé la liberté provisoire, ou qui avaient été acquittées dans le cadre de procès intentés pour blasphèmes, ont été abattues dans les tribunaux mêmes, et le 4 janvier 2011, Salman Taseern, gouverneur de Punjab, a été assassiné par un gardien de la sécurité chargé de sa protection, car il avait réclamé des amendements aux lois sur le blasphème.
L’une de ces lois, contenue dans l’article 298-C du Code pénal pakistanais, interdit aux musulmans Ahmadis de se qualifier de « musulmans » ou de prêcher leur foi. Les musulmans Ahmadis ont été déclarés légalement non-musulmans en 1974 par le Pakistan, la raison invoquée étant qu’ils ne croiraient pas que le prophète Mahomet soit le dernier de tous les prophètes. [1]
L’article 295-C condamne à la peine de mort quiconque blasphème contre le prophète Mahomet.
Ci-dessous un guide des différents articles du chapitre XV du Code pénal pakistanais énumérant les « outrages relatifs à la religion »:
Article 295: Endommager ou profaner un lieu de culte avec l’intention d’insulter une religion
Article 295-A: Commettre des actes délibérément malveillants visant à offenser les sentiments religieux de quelque partie de la société que ce soit, en insultant sa religion ou ses croyances religieuses
Article 295-B: Profaner le saint Coran
Article 295-C: User de remarques désobligeantes à l’égard du saint prophète de l’islam
Article 296: Déranger une assemblée religieuse
Article 297: Violer un lieu de sépulture
Article 298: Tenir des propos avec l’intention délibérée de heurter les sentiments religieux
Article 298-A: Faire des remarques désobligeantes sur des personnages saints
Article 298-B: Détourner épithètes, qualificatifs et titres réservés à certains personnages ou lieux saints
Article 298-C: Si un membre des Ahmadi se présente comme musulman, prêche ou propage sa foi
Un rapport paru dans le journal Dawn note: [2]
« Parmi toutes ces lois, seul l’Article 295-C – concernant les remarques désobligeantes sur le saint prophète de l’islam – est passible de la peine de mort. Les autres [délits] sont passibles de sanctions diverses, incluant peines de prison et amendes.
L’Article 295-C est différent des autres lois sur le blasphème à un autre égard également:
L’Article 196 (poursuite pour délit contre l’État) du Code de procédure pénale interdit aux tribunaux de prendre connaissance de certaines infractions si la plainte n’a pas été déposée sur l’ordre ou sous l’autorité du gouvernement, sans doute pour que les lois régissant ces délits ne soient pas détournées.
Après l’introduction de l’Article 295-A au Code pénal pakistanais, l’Article 196 a été également modifié (…) L’introduction de l’Article 295-C a permis aux tribunaux de prendre connaissance des crimes en vertu de l’Article, sans ordre gouvernemental. »
[1] www.dawn.com (Pakistan), 15 février 2011.
[2] www.dawn.com (Pakistan), 15 février 2011.