Ci-dessous des extraits d’une allocution de Seif Al-Islam Al-Kadhafi, fils du dirigeant libyen Mouammar Al-Kadhafi, diffusée sur Al-Arabiya le 20 février 2011.
Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais:
http://www.memri.org/clip/en/0/0/0/0/0/0/2818.htm
“…la région subit un tremblement de terre ou une tempête – la tempête du changement, de la démocratie et de la libération”
Seif Al-Islam Al-Kadhafi: Je me suis dit que je devais vous parler. De nombreux Libyens m’ont pressé de faire la lumière sur les faits et de mettre les pendules à l’heure concernant les événements actuels en Libye.
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Nous sommes tous conscients du fait que la région subit un tremblement de terre ou une tempête – la tempête du changement, de la démocratie et de la libération. Appelez ça comme vous voulez. Cette région subit d’énormes changements, ce à quoi nous attendions depuis longtemps. Nous avions prévu que cette partie du monde aurait à subir d’énormes changements, et que si ces changements ne venaient pas des gouvernements et des régimes, ils viendraient des peuples. En c’est ce qui est arrivé dans plusieurs pays arabes.
Nous savons tous – et je ne vais pas tourner autour du pot, parce que les temps sont durs, nécessitant franchise et sincérité… Aujourd’hui, je ne vous dirai rien que la vérité. Nous savons que des éléments de l’opposition vivent à l’étranger, et qu’ils ont de nombreux amis, assistants et alliés en Libye. Ce n’est pas un secret. La Libye a des opposants. Ils ont commencé à imiter ce qui s’est passé en Egypte, se servant de la “Révolution Facebook”.
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“…une erreur a été commise par l’armée, parce que les citoyens ont essayé de confronter l’armée”
Les événements ont provoqué une grande fitna [combats internes] et un mouvement de sécession qui menace non seulement notre cohésion nationale, mais l’unité de la Libye en tant que nation et également en tant qu’État.
Bien sûr, il y a eu des victimes. Cela a accru les troubles au sein des masses de Benghazi, mais nous devons être honnêtes et nous demander pourquoi ces victimes. Il existe une autre raison: une erreur a été commise par l’armée, du fait que les citoyens aient essayé d’affronter l’armée en attaquant ses bases et la police. Ces forces se sont retrouvées dans une situation psychologique difficile, d’autant plus que l’armée n’est pas formée pour disperser les manifestants. Elles ont donc ouvert le feu et, par conséquent, il y a eu des victimes.
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Malheureusement, des citoyens libyens sont morts. C’est une tragédie, indépendamment du fait que la police, l’armée, et les citoyens aient une vision différente des événements.
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La Libye n’est pas la Tunisie ou l’Egypte. La Libye est composée de clans et de tribus. Il existe des alliances. La Libye n’a pas de société civile avec des partis politiques. Non, la Libye est composée de clans et de tribus.
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“Il y aura la guerre civile en Libye… Si une sécession a lieu, qui va nous donner à manger et à boire ? Qui va contrôler les puits de pétrole ? Qui est capable de gérer le secteur pétrolier en Libye ?”
Il y aura la guerre civile en Libye. Nous reviendrons à la guerre civile de 1936. Nous allons nous entre-tuer dans les rues. La Libye n’est pas la Tunisie ou l’Egypte. La Libye a du pétrole, et c’est ce qui a uni le pays. Une compagnie pétrolière américaine a joué un rôle central dans l’unification de la Libye.
Nous avons une seule source de revenu: le pétrole. Il se trouve dans le centre de la Libye – et non à l’est ou à l’ouest. Il se trouve au centre et au sud de la Libye. C’est de ce pétrole que vivent cinq millions de Libyens. Si une sécession a lieu, qui va nous donner à manger et à boire ? Qui va contrôler les puits de pétrole ? Qui est capable de gérer le secteur pétrolier en Libye ?
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Nous serons obligés de quitter la Libye, parce que nous ne saurons pas partager le pétrole. Il y aura la guerre, et toute la Libye sera détruite. Il nous faudra 40 ans pour parvenir à un accord sur la façon de diriger le pays, car tout le monde voudra être président, ou Emir, et tout le monde voudra diriger le pays.
La Libye n’est pas la Tunisie ou l’Egypte. La Libye n’est pas la Tunisie ou l’Egypte.
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“Des rivières de sang couleront dans toutes les villes de la Libye.“
Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins. En tant que Libyens, nous sommes tous confrontés à une décision historique. Soit nous parvenons à un accord aujourd’hui, et nous disons: Nous sommes Libyens, ceci est notre pays et nous voulons des réformes, plus de liberté, plus de démocratie, de véritables réformes, et ainsi de suite…
Nous nous sommes mis d’accord là-dessus, et le sujet devait être abordé lors de la prochaine [session du] Comité général du peuple. Aujourd’hui, nous exigeons, comme solution finale – avant qu’il ne soit trop tard et que nous devions recourir aux armes… Les cinq millions de Libyens recourront tous aux armes. La Libye n’est pas la Tunisie ou l’Egypte. Frères, nous sommes composés de clans et de tribus, et nous allons tous recourir aux armes. Nous avons tous des armes aujourd’hui.
Au lieu de pleurer sur ces 84 victimes, nous allons pleurer sur des centaines de milliers de morts. Des rivières de sang couleront dans toutes les villes de la Libye. Vous quitterez la Libye, parce que le pétrole cessera de couler, et les entreprises étrangères quitteront la Libye [dès] demain. Les compagnies pétrolières quitteront la Libye. Le ministère du pétrole cessera de fonctionner, et demain, il n’y aura ni pétrole, ni argent.
Il n’y aura pas de pain. Aujourd’hui, le pain est vendu à Beida pour un dinar et demi. Dans une semaine, il dépassera les 100 dinars. Dans un an, le pain sera vendu pour son pesant d’or en Libye.
Par conséquent, je vous le dis, pour la dernière fois avant que tous les Libyens n’en viennent aux armes: si l’on perd le contrôle de la situation et que nous nous retrouvons pris dans la guerre civile, la sécession et l’anarchie, comme ils le veulent pour la Libye…
“Nous allons convoquer la Commission générale du peuple, avec un programme clair: la ratification d’un ensemble de lois qui ont déjà fait l’objet d’un accord: une loi pour la presse, une loi pour la société civile, un nouveau code pénal”
Avant d’en arriver là, et que tous les Libyens soient obligés de s’armer pour se protéger, et qu’il y ait un bain de sang, je dis: Demain, nous allons lancer une initiative historique nationale. En 48 heures… trois jours… un jour… six heures…, nous allons convoquer la Commission générale du peuple, avec un programme clair: la ratification d’un ensemble de lois qui ont déjà fait l’objet d’un accord: une loi pour la presse, une loi pour la société civile, un nouveau code pénal. Ce seront des lois modernes, conformes à l’esprit des événements actuels dans le monde. Ces lois ouvriront de nouveaux horizons à la liberté, en supprimant bon nombre des restrictions actuelles et des châtiments stupides, et en entamant un dialogue national sur la constitution de la Libye.
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“Le colonialisme est de retour. Il va revenir. Les Européens et les Américains vont revenir en Libye de force.”
Le ministre italien des Affaires étrangères m’a appelé et s’est enquis de la situation. Permettez-moi de vous dire ceci: Préparez-vous au colonialisme, en plus de tout le reste. Le colonialisme est de retour. Il va revenir. Les Européens et les Américains vont revenir en Libye de force.
Croyez-vous que l’Europe, l’OTAN et les Etats-Unis vont autoriser la création d’émirats ? En deux jours, deux émirats islamiques ont été créés. En l’espace d’un mois, il y aura 15 émirats. Accepteront-ils la présence d’émirats islamiques dans le bassin méditerranéen ? Ils ne l’ont pas acceptée en Somalie ou en Afghanistan, et ils sont allés jusqu’au bout du monde pour les combattre. Croyez-vous vraiment qu’ils les accepteront en Libye – à une demi-heure de la base américaine de Crète et à une heure de l’Italie ?!
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Je voudrais dire à mes frères libyens que Mouammar Al-Kadhafi n’est pas Zine Al-Abidine ou le président Moubarak. Il n’est pas un président de type traditionnel ou classique. Il est un leader populaire.
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“A partir de maintenant, l’armée va jouer un rôle central en imposant la sécurité et l’ordre, quel qu’en soit le prix”
Ensuite, il y a l’armée. L’armée est encore en bon état et a des capacités. A partir de maintenant, l’armée va jouer un rôle central en imposant la sécurité et l’ordre, quel qu’en soit le prix, parce que nous parlons de l’unité et de l’avenir de la Libye, de son peuple et de ses citoyens.
Il n’y a pas d’autre possibilité que d’adopter une position ferme. Je vous dis que l’armée va jouer un rôle central dans ce domaine, que l’armée libyenne n’est pas comme l’armée tunisienne ou égyptienne.
Notre armée appuiera la Libye et Mouammar Al-Kadhafi jusqu’à la dernière minute, et elle sera victorieuse, si Allah le veut. Tout va rentrer dans l’ordre. Nous allons détruire tous les repaires de faiseurs de troubles.
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En tout état de cause, notre moral est bon. Le dirigeant Mouammar Kadhafi est ici, à Tripoli, menant la campagne. Nous le soutenons, et les forces armées le soutiennent. Des dizaines de milliers de personnes sont en route pour Tripoli. Nous ne céderons pas la Libye à perte. Nous nous battrons jusqu’au dernier homme, la dernière femme, la dernière balle. En aucun cas nous ne quitterons le pays.
Al-Jazeera, Al-Arabiya et la BBC peuvent bien se moquer de nous. Que ces tyrans et ces traîtres, qui vivent à l’étranger, rient tant qu’ils le veulent, et disent que nous détruisons notre pays, mais nous ne le quitterons pas.