Note aux médias et services gouvernementaux: le document en PDF de la déclaration d’Al-Awlaki en anglais est disponible sur simple demande: envoyer un mail portant la mention “New Mardin Declaration” à media@memri.org
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Le 11 octobre 2010, Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) a sorti le second numéro de son magazine en anglais Inspire. [1] Ce deuxième numéro comporte un document du savant de l’islam américain Anwar Al-Awlaki, intitulé “La nouvelle déclaration de Mardin – une tentative pour justifier le nouvel ordre mondial”, où il rejette catégoriquement les arguments et conclusions de la Nouvelle déclaration de Mardin de mars 2010.
Celle-ci a été formulée à l’issue d’une conférence tenue fin mars 2010 par des dignitaires islamiques du monde entier dans la ville de Mardin, en Turquie, au sujet de la réinterprétation de la fatwa du savant de l’islam du 14ème siècle ibn Taymiyya. En réinterprétant cette fatwa, les savants ont revu plusieurs des principes fondamentaux cités par les extrémistes musulmans pour justifier le djihad et le takfir (accusation d’hérésie). La Nouvelle déclaration de Mardin a établi les principes suivants: [2]
– La division traditionnelle du monde entre “domaine de l’islam” et “domaine de la guerre” n’est plus valide, parce que toute l’humanité est à présent engagée par les traités internationaux et les lois de la société civile qui garantissent la sécurité, la paix ainsi que des droits nationaux et communautaires pour tous. C’est pourquoi le monde dans sa globalité doit être appelé “lieu de tolérance et de coexistence pacifique entre toutes les religions, groupes et factions.”
– La fatwa d’ibn Taymiyya ne peut pas justifier l’accusation de Kufr (hérétique), la rébellion contre les dirigeants, le fait de terroriser et de tuer des musulmans ou des non-musulmans.
– Seuls les chefs d’Etats sont en droit d’autoriser et de mener le djihad armé, non les individus ou groupes musulmans.
– Les différences religieuses et l’appât du butin ne sont pas des raisons légitimes de mener la guerre.
– Seuls les savants de l’islam hautement qualifiés sont habilités à émettre des fatwas.
– C’est la responsabilité des autorités islamiques de condamner la violence et l’extrémisme de manière claire et explicite.
Réagissant à cette déclaration, Al-Awlaki énonce les points suivants:
Répondant au principe selon lequel les musulmans se trouvent engagés par les traités internationaux et les lois civiles garantissant la sécurité et des droits pour tous, il argue que ces traités n’engagent pas les musulmans, vu qu’ils ont été conçus par les superpuissances sans consulter les musulmans et avec l’objectif de consolider un ordre mondial les excluant.
Il souligne en outre qu’un musulman n’est pas libre d’exercer son culte tant qu’il doit se conformer aux lois de l’Etat plutôt qu’aux lois de la Charia, aux verdicts des tribunaux civils qui n’appliquent pas les lois d’Allah. Ainsi, dit-il, “l’Etat civil moderne en Occident ne garantit pas les droits islamiques”.
Concernant le principe selon lequel le monde doit être déclaré un lieu “de tolérance et de coexistence pacifique entre toutes les religions”, il répond: “L’islam ne pourra jamais reconnaître celui qui voue un culte à une vache ou à une idole, ni vivre dans la coexistence pacifique avec lui”.
En référence à l’injonction à ne pas accuser un autre musulman d’hérésie, à ne pas terroriser et tuer, il déclare que quand un musulman se rend ouvertement coupable d’hérésie, il est indiqué de l’accuser de kufr, et il précise que les musulmans ont entièrement le droit de terroriser ceux qui les terrorisent – les Américains, les Israéliens et les Britanniques – et doivent tout mettre en oeuvre pour les “priver de leur sûreté et sécurité”.
Al-Awlaki écarte en outre le principe qui veut que la différence de religion ne soit pas une raison légitime de mener le djihad, notant que les musulmans se sont battus contre les païens d’Arabie parce qu’ils étaient païens et les Perses parce qu’ils étaient zoroastriens. “Les musulmans”, explique-t-il, “ont la mission d’apporter l’islam au monde” et de combattre les non-musulmans jusqu’à ce que ceux-ci acceptent cette religion. Al-Awlaki admet que les chrétiens et les Juifs ont le droit de pratiquer leurs religions, mais uniquement s’ils ‘paient la jizyah dans un état d’humilité”.
En outre, estime Al-Awlaki, l’appât du butin est une raison légitime de mener le djihad, car “la forme la plus pure et la meilleure de subsistance pour le croyant est [le butin de la guerre]”. Il ajoute qu’il n’existe aucune preuve pour appuyer la déclaration selon laquelle seul le chef d’Etat peut déclarer la guerre et que quand les dirigeants ne sont pas portés sur le djihad, c’est au peuple de déclarer et de mener le djihad, aussi bien offensif que défensif.
Réagissant à la déclaration selon laquelle les autorités islamiques doivent condamner la rébellion sous toutes ses formes, il estime que “c’est peut-être la voie de Gandhi et de Martin Luther King, mais ce n’est pas la voie du prophète Mahomet, qui a déclaré: ‘J’ai été envoyé avec l’épée au Jour du Jugement'”. Il ajoute que la Palestine, l’Irak et l’Afghanistan ne pourront être libérés que par la force.
Pour finir, il retourne la déclaration selon laquelle seules les savants attitrés pourront émettre des fatwas contre ses initiateurs, se déclarant opposé à la réinterprétation de la fatwa d’ibn Taymiyya. Il dit: “Les masses musulmanes aujourd’hui doivent se méfier de toute fatwa appelant à réinterpréter les fatwas aux fondements solides, acceptées et valides des savants classiques.”
Les abonnés au JTTM peuvent consulter le rapport intégral ici: http://www.memrijttm.org
[1] Pour plus d’informations sur le N°1 d’Inspire: “Al-Qaeda in the Arabian Peninsula Re-Releases Inspire Magazine – Al-Awlaki Calls for Bombings and Assassinations in U.S., 11 juillet 2010.
[2] Consulter le texte intégral de la de la Nouvelle déclaration de Mardin: http://www.alhabibali.com/en/news/article/83/.