Il a dernièrement été révélé que des enfants de ben Laden se trouvent en Iran depuis 2001, où ils ont été assignés à résidence. Cette découverte a été faite après que la fille de ben Laden, Iman, eut appelé l’un de ses frères de l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran, où elle a trouvé refuge après avoir fui ses geôliers. [1] Plus tard, les autorités saoudiennes auraient négocié avec l’Iran pour lui permettre de quitter le pays et de retourner en Arabie saoudite. [2]
Dans un article sarcastique, le chroniqueur saoudien Muhammad Al-Milfy écrit que l’incident a révélé au grand jour les liens qui existent entre l’Iran et Al-Qaïda. Extraits [3]
« Une jeune Saoudienne a révélé au grand jour les relations existant entre Al-Qaïda et l’Iran »
« Une jeune Saoudienne a révélé au grand jour les liens existant entre Al-Qaïda et l’Iran depuis l’attaque militaire des Etats-Unis contre l’Afghanistan en 2001… Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a réagi [aux rapports faisant état] de sa présence en Iran lors [d’une conférence de presse] donnée pour le Nouvel an, dans son style jovial bien connu. [Ses paroles] étaient à la fois réjouissantes et attristantes: il s’est déclaré surpris qu’Iman, la fille de Ben Laden, ait fait son apparition à l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran, affirmant que le gouvernement iranien se savait pas comment elle était entrée dans le pays.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, réputé pour sa cordialité et sa propension à plaisanter avec ses homologues dans le monde…, a entamé la nouvelle année en accordant aux principaux pays de la communauté internationale un mois pour répondre aux propositions iraniennes [relatives à la question nucléaire], plaçant l’Iran et les superpuissances ‘sur un pied d’égalité’. Ce fut là, de toute apparence, sa réponse à la prolongation accordée à son pays [par l’Occident] jusqu’à la fin de l’année dernière [pour résoudre] la crise nucléaire.
Admettons que l’Iran puisse [effectivement] converser avec les plus grands pays du monde sur un pied d’égalité. Cela signifie-t-il que les autorités iraniennes peuvent [aussi] convaincre leurs citoyens de leur capacité à défendre les frontières du pays et assurer sa sécurité en cas de catastrophe ? Une telle catastrophe semble assez imminente, vu qu’une jeune fille a réussi à passer la frontière. Peut-être qu’elle et les 30 membres de sa famille, des enfants pour la plupart, revêtaient des manteaux les rendant invisibles ?… »
« Comment un pays qui demande à participer à la gouvernance mondiale peut-il laisser une jeune fille de dix-sept ans violer sa frontière ? »
« Les excuses sans fondement mises en avant par le régime iranien pour expliquer son refus de laisser la fille de Ben Laden quitter le pays, affirmant qu’elle est entrée illégalement en Iran et doit être interrogée puis conduite au checkpoint de la frontière, sont grotesques. Comment un pays qui demande à participer à la gouvernance mondiale peut-il laisser une jeune fille de dix-sept ans violer sa frontière, surtout en cette époque délicate, où les [forces de sécurité] sont mises en alerte par n’importe quel incident inhabituel, majeur ou mineur ?! »
« On estime qu’Iman Ben Laden et ses frères et sœurs sont accompagnés de centaines de combattants d’Al-Qaïda, si ce n’est plus »
« Iman Ben Laden et ses frères et sœurs, accompagnés de leurs enfants et conjoints, ne sont pas seuls en Iran. On estime qu’ils sont accompagnés de centaines de combattants d’Al-Qaïda, si ce n’est plus. Le plus grand de ces [combattants] est le Saoudien Salah Al-Qar’awi, qui figure sur la liste des 85 [terroristes] les plus recherchés publiée par les autorités saoudiennes en janvier 2009, et qui a appelé ses proches à partir de plusieurs différents numéros iraniens !… Il y a aussi Suleiman Abou Gheith et Muhammad Makkawi. Le premier, ancien officier des Forces spéciales égyptiennes, est connu à [Al-Qaïda] sous le nom de Sayf Al-Adel [‘l’épée de la justice’]. Il est considéré comme le cerveau militaire de l’organisation, planifiant ses opérations depuis l’Iran. Peut-être [travaille-t-il] dans l’immeuble dont l’existence a été révélée par Iman Ben Laden après qu’elle eut trouvé refuge dans l’ambassade d’Arabie saoudite le mois dernier. Elle et son frère se sont trouvés dans une situation extrêmement difficile uniquement à cause des actes de son père, et il se peut que l’Iran et ses délégués profitent de leur séjour pour se servir d’eux comme d’une monnaie d’échange, dans le cadre d’un chantage politique.
[Je crains qu’il n’y ait] pas lieu d’espérer que Téhéran permette à Iman de quitter le pays, ni seule ni avec ses frères, [pour rejoindre] la famille Ben Laden en Arabie saoudite, en Syrie ou au Qatar. Vu ce qu’elle sait de la complexité des liens entre Al-Qaïda et Téhéran, elle ne sera pas autorisée à quitter le territoire si facilement. Il est possible que les services secrets iraniens sabotent les arrangements officiels [conclus sur ce point], car ce sont eux qui gèrent les relations avec Al-Qaïda et d’autres organisations du même type. Ne soyez pas surpris si les Basij placent des milliers de leurs membres devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Téhéran, dans ce qui sera présenté au monde comme une [manifestation] civile [spontanée] – et ensuite [la foule] prendra d’assaut l’ambassade et la fille sera enlevée.
L’affaire d’Iman ben Laden révèle au grand jour la profondeur des liens qui existent entre Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri et l’Iran. Cette affaire ne requiert pas d’enquête approfondie pour être mise au clair. Les personnes dotées d’intelligence en tireront-elles les conclusions qui s’imposent ? »
[1] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 23 décembre 2009.
[2] Al-Watan (Arabie saoudite), 27 décembre 2009.
[3] Awan (Koweït), 7 janvier 2010.