Introduction
Sayyed Ayad Jamal al-Din est une figure à part parmi les hommes politiques et les personnalités religieuses arrivés sur le devant de la scène après l’invasion de l’Irak. Bien qu’il soit ouléma, il prône une culture politique laïque, et bien qu’il ait passé seize ans en Iran à poursuivre des études théologiques, il rejette la notion khomeinyenne de wilayat al-faqih (loi de la jurisprudence) et représente l’un des détracteurs les plus durs de l’Iran et de ce qu’il perçoit comme son ingérence dans le système politique irakien.
Enfin, bien qu’il soit à la fois chiite et Sayyed – descendant de la famille du prophète Mahomet, portant donc un turban noir -, il a pris ses distances face à la Marjaiya chiite de Nadjaf, plus haute autorité et centre d’enseignement de l’islam chiite. Il est également unique en ce qu’il n’a apparemment pas pris part aux activités des groupes irakiens anti-Saddam Hussein en exil. Il est jeune, charismatique, d’une grande précision intellectuelle – capable d’improviser des discours clairs et convaincants. Bien que profondément religieux, il n’hésite pas à appeler à la séparation de la religion et de l’Etat et à la promulgation de lois laïques. À une époque où les instances religieuses sont fréquemment accusées de fomenter la haine et d’épouser la violence, Jamal al-Din se distingue par ses encouragements à la paix, la réforme et la modération.
Sayyed Ayad Ra’ouf Mohammad Jamal al-Din est né en 1961 dans la ville de Nadjaf. Sa famille est originaire de Nassiriya, de la province de Dhe Qar, au sud de l’Irak – province qu’il représentait au parlement sortant. Son père était professeur d’arabe ainsi qu’un intellectuel de haut niveau, auteur de 50 livres sur la langue et la foi. Son oncle n’était autre que Mustapha Jamal al-Din, poète renommé.
En 1979, après avoir lancé des slogans hostiles au régime, le jeune Jamal al-Din fuit l’Irak, d’abord pour la Syrie, puis pour l’Iran, où il étudie la philosophie, la théologie et le soufisme. Dans une interviewe datée de 2006, il confie détenir l’équivalent d’une maîtrise en philosophie, être l’auteur de poèmes et s’intéresser à la littérature, l’histoire et la pensée moderne. En 1995, il se voit offrir le poste d’imam, ou guide religieux, de la communauté chiite des Émirats arabes unis, où il demeure jusqu’au début de l’invasion de l’Irak.
Membre de la liste irakienne (al-qa’ima-Iraqiyah), dirigée par Iyad Allaoui, Premier ministre irakien après l’invasion, al-Din est élu au parlement lors des élections de 2005. Jamal al-Din a échappé à quatre tentatives d’assassinats. Ses critiques acerbes à l’encontre de l’Iran, accusé d’ingérence dans les affaires irakiennes, ainsi que sa critique des partis politiques chiites soumis aux volontés de l’Iran, sont probablement la cause de ces tentatives d’assassinats. Dans un entretien téléphonique accordé au quotidien Al-Sharq al-Awsat, il a décrit l’une de ces tentatives, perpétrée à la veille des élections de 2005, alors qu’il était en campagne à Nassiriya.
Lire le rapport intégral en anglais: http://www.memri.org/report/en/0/0/0/0/0/0/3920.htm