À la veille de la journée annuelle de Qods (Jérusalem) en Iran, le18 septembre 2009, et de ses habituelles manifestations organisées par le régime, le dissident et grand ayatollah Hossein Ali Montazeri a demandé à tous les dignitaires religieux des grandes villes d’Iran – Qom, Mashhad, Téhéran, Ispahan, Tabriz, entre autres villes (ainsi que des villes saintes chiites Nadjaf et Kerbala) – de se lever contre le régime et d’user de leur influence pour rendre le pouvoir au peuple.
Dans une lettre envoyée à tous les dignitaires religieux iraniens, Montazeri souligne que pour exister, le régime a besoin de la légitimité que lui confèrent les hauts dignitaires religieux du pays. Il estime que le silence des religieux face aux événements des derniers mois a été interprété par le peuple comme l’assentiment du monde religieux face à l’injustice du régime – qu’il qualifie de « gouvernement militaire » et non de « pouvoir de la jurisprudence ».
On peut penser que l’appel de Montazeri aura un impact significatif sur le déroulement de la journée de Qods.
Voici les grands points du message de Montazeri, également mis en ligne sur son site officiel et sur Khandaniha.eu: [1]
Dans son message, l’ayatollah Montazeri se prononce contre le régime, coupable, selon lui, d’avoir versé le sang et violé les droits de civils innocents. Dans l’histoire du pays, les hauts dignitaires religieux ont toujours dénoncé les injustices et l’oppression des régimes tyranniques en Iran, fiers de prendre position pour la loi et les droits du peuple, écrit-il.
Montazeri lance un appel aux dignitaires religieux, soulignant qu’ils portent une lourde responsabilité en tant que juristes (maraje’). En plus de leurs fonctions, explique-t-il, ils se doivent de défendre la religion et de la purger des actes perpétrés par le régime au nom de la religion – des actes diamétralement opposés à la Charia et aux objectifs de la Révolutionislamique.
Faisant allusion aux événements consécutifs à l’élection présidentielle qui, dit-il, incluaient assassinats, oppression, et diverses violations des droits humains au nom de la religion et avec le soutien d’une partie de l’establishment religieux, Montazeri invite les dignitaires religieux à déclarer haut et fort leur opposition au régime. Au lieu de se faire le porte-parole du peuple, le régime a laissé se créer une situation d’une terrible violence et d’oppression contre des hommes et des femmes sans défense, menant parfois à la mort (Shehada), dans certains cas en prison.
Montazeri évoque en outre les pressions exercées par le régime sur les anciens candidats présidentiels Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, qu’il qualifie d’ « hommes d’honneur », et lance un nouvel appel aux religieux, estimant que c’est leur rôle, leur mission traditionnelle et historique, de réagir aux agissements du régime, qui sont contraires à l’islam.
Il affirme en conclusion que le peuple iranien se demande pourquoi les dignitaires religieux ne s’élèvent pas contre l’oppression et l’injustice. Il réitère son appel aux religieux à utiliser leur pouvoir, leur statut et leur influence contre le régime car, estime-t-il, ils ne savent que trop bien que le régime a besoin de leur appui pour asseoir sa légitimité. Montazeri déclare que le régime exploite les dignitaires religieux et que le silence de ces derniers en fait des collaborateurs.
[1] Khandaniha.eu, 14 septembre 2009.