Introduction
L’inquiétude ne cesse de croître au Pakistan face à la poursuite présumée par l’Inde d’une politique visant à étrangler le Pakistan en contrôlant ses grands cours d’eaux. Ces préoccupations concernent en premier lieu sur le secteur agricole du Pakistan, qui se trouverait fortement affecté par la construction de digues et le contrôle extérieur de plusieurs fleuves qui affluent vers le Pakistan. [1] Trois de ces fleuves pénètrent le Pakistan par les terres indiennes du Jammu-et-Cachemire, territoire pour lequel les deux pays se sont livrés plusieurs guerres. [2]
Journalistes pakistanais, chefs religieux et politiciens articulent de plus en plus leur réflexion autour de la controverse pour l’eau, dans le cadre de la concurrence ancestrale que se livrent l’Inde et le Pakistan, et du sentiment anti-israélien encouragé depuis plusieurs années par les autorités du pays. A titre d’exemple, Ayaz Amir, journaliste pakistanais renommé, a prévenu: “La défense de notre droit à l’eau face à l’Inde doit être l’une des bases de notre politique étrangère. Les controverses à venir porteront sur l’eau.” [3] Hamid Gul, ancien chef des services de renseignement pakistanais, a accusé: “L’Inde a stoppé l'[arrivée d’]eau chez nous”. [4] L’IBWC pakistanais (Indus Basin Water Council), groupe de pression qui se fait passer pour organisation gouvernementale, dont le principal objectif est de régler les problèmes relatifs à l’eau au Pakistan, contrôle actuellement le débat public sur le sujet. Zahoorul Hassan Dahir, président de l’IBWC, a affirmé que “l’Inde, qui opère en coordination avec le lobby juif”, se sert de la plupart des cours d’eau, suscitant une carence en denrées alimentaires, en eau et en électricité au Pakistan. [5]
Les inquiétudes pakistanaises portent sur six fleuves qui affluent vers le Pakistan en passant par le nord de l’Inde, dont l’Etat disputé du Jammu-et-Cachemire et celui du Punjab, deux Etats idéologiquement divisés entre l’Inde et le Pakistan depuis 1947. Après la création du Pakistan en 1947, des désaccords ont vu le jour sur le partage des eaux, ce qui a conduit au traité de 1960 (Indus Water Treaty). [6] Bien que ce traité soit peut-être le pacte le plus résistant entre les deux puissances nucléaires, il subit des tensions croissantes.
Lire le rapport intégral en anglais: http://www2.memri.org/bin/latestnews.cgi?ID=IA53609.
* Tufail Ahmad est directeur du projet sur les médias en ourdou et pachto au MEMRI.
[1] L’auteur du rapport tient à remercier les journalistes pakistanais Rifatullah Orakzai et Zulfiqar Ali pour les éclaircissements apportés sur la question.
[2] Les deux pays se sont battus pour le Cachemire en 1947-48, 1965 et 1999. Le Pakistan soutien en outre des organisations militantes au Cachemire depuis 1989.
[3] The News, Pakistan, 1er mai 2009.
[4] Roznama Jang, 25 mai 2009.
[5] Roznama Nawa-i-Waqt, Pakistan, 6 mai 2008. Hafiz Zahoorul Hassan Dahir apparaît comme le plus expressif au Pakistan sur la question des projets relatifs à l’eau au Cachemire. Toutefois, l’organisation qu’il dirige, l’Indus Basin Water Council, qui peut passer pour une autorité gouvernementale, est en fait un groupe de pression.
[6] Pour en savoir plus sur l’Indus Water Treaty, voir: http://siteresources.worldbank.org/INTSOUTHASIA/Resources/223497-1105737253588/IndusWatersTreaty1960.pdf