Dans une conférence de presse du ministre japonais des Affaires étrangères Hirofumi Nakasone et du ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, donnée le 2 mai 2009, ce dernier a appelé à appliquer le modèle nucléaire japonais à l’Iran, estimant que “la position vis-à-vis des activités nucléaires japonaises devrait s’appliquer à d’autres pays, l’Iran compris.” Mottaki a répété que les activités nucléaires iraniennes étaient “légales et pacifiques”, ajoutant: “Le Japon a mis de nombreuses années à établir [un climat de] confiance concernant ses activités nucléaires. L’Iran suit la même voie (…) Or pendant toutes ces années, le Japon n’a jamais été contraint de suspendre ses activités [nucléaires].” (Iran Daily, Iran, 4 mai 2009)
Après la Deuxième guerre mondiale, le Japon s’est engagé à ne pas développer d’armes nucléaires, bien qu’en théorie il aurait été capable d’obtenir la bombe atomique en trois mois.
En février 2005, le MEMRI publiait un rapport intitulé: “ L’Iran cherche à obtenir l’assentiment de l’Union européenne pour poursuivre son programme nucléaire sur le « modèle germano-japonais »: un cycle de combustion nucléaire permettant de produire la bombe en trois mois.” Ci-dessous l’introduction. Le rapport intégral peut-être consulté en anglais ici: http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA20905
Comme prévu, le fossé entre l’Iran et le trio de l’UE – nommément l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne – n’a pas été réduit dans les trois mois ayant suivi «l’Accord de Paris» de novembre dernier. [1]
L’affirmation selon laquelle l’Iran s’était engagé à définitivement mettre fin à ses activités d’enrichissement d’uranium s’est révélée fausse. L’Iran répète que son engagement unilatéral auprès du trio de l’UE est temporaire, spontané et sans obligation, et expirera le 15 mars. [2]
La dernière phase de négociations en date entre l’Iran et le trio de l’UE a pris fin la semaine dernière sans donner de résultats tangibles. Le dirigeant iranien Ali Khamenei et d’autres hauts responsables ont manifesté leur mécontentement face au rythme lent des progrès accomplis dans le cadre des négociations et soutiennent que les Européens ne remplissent pas leurs engagements.
Dans un message adressé à l’occasion de la fête chiite d’ Eid Ghadir [3], le dirigeant iranien Khamenei a déclaré: «Nous sommes sérieux dans nos négociations [sur le nucléaire] avec les Européens, mais les Européens devraient faire preuve eux aussi de sérieux… Malheureusement, ils ne l’ont pas été jusqu’à présent… Si les Européens veulent parvenir à un véritable accord avec l’Iran sur la question, ils doivent réduire l’influence des Etats-Unis et la pression sioniste… Le temps où les Britanniques régnaient sur le golfe Persique et l’Iran, aux 19ème et 20ème siècles, est révolu… Désormais, les Européens ont affaire à une grande nation, vive et cultivée… D’autre part, si les représentants iraniens sentent que les Européens ne sont pas sérieux, le processus en cours subira des modifications.» [4]
A l’approche du 15 mars, l’Iran se fait pressant sur la question de l’enrichissement d’uranium, déclarant que c’est un droit et que son programme d’enrichissement d’uranium ne vise qu’à faire fonctionner ses réacteurs nucléaires à des fins civiles. Le 13 janvier 2005, Hassan Rowhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran, en charge des négociations nucléaires iraniennes, a déclaré que «l’Iran ne laissera aucun pays mettre fin à nos activités d’enrichissement d’uranium» et que «dans un avenir proche, l’Iran reprendra ses activités d’enrichissement sous la surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique.» [5]
Le Ministre belge des Affaires Etrangères Karel De Gucht, a pour sa part estimé: «Nous ne devons pas croire que les Iraniens veulent uniquement utiliser leur technologie nucléaire à des fins civiles. Le pays veut la bombe atomique.» [6] l’Iran rejette catégoriquement la demande européenne pour qu’il cesse définitivement ses activités d’enrichissement d’uranium et dépende du combustible nucléaire fourni par des sources européennes. [7] L’Iran refuse également de renoncer à son réacteur à eau lourde, autre exigence européenne.
De plus, L’Iran a manifesté à plusieurs occasions son intention de parvenir à un cycle de combustible nucléaire indépendant, ce qui rendrait possible la production d’armes nucléaires.
Au vu de la crise imminente avec l’Europe le 15 mars et des pressions américaines croissantes, l’Iran cherche à obtenir l’accord de l’UE pour façonner son programme nucléaire sur le «modèle germano-japonais», c’est-à-dire obtenir un cycle de combustible nucléaire pouvant aboutir à la bombe en pas plus de trois mois. Le Japon et l’Allemagne, signataires du Traité de non prolifération (TNP), pourraient produire une arme nucléaire en trois mois. En visite à Berlin le 17 février, le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharrazi a proposé le modèle germano-japonais comme base aux négociations entre l’Iran et l’UE. Au cours d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer, Kharrazi a proposé de résoudre le différend avec le trio de l’UE de la manière suivante: «Les centrales nucléaires pacifiques d’Allemagne et du Japon peuvent fournir un bon modèle pour les projets nucléaires iraniens et servir de base aux discussions.» [8]
Une autre date limite critique pour l’Iran est celle de la conférence du TNP, prévue en mai 2005. L’Iran a annoncé son rejet de l’initiative du directeur général de l’AIEA Muhammad al-Baradei visant à fixer un moratoire de cinq ans sur les activités d’enrichissement d’uranium, initiative qui devrait être proposée à la prochaine conférence du TNP de mai. Le ministre des Affaires étrangères Kharrazi a dit au président de la conférence, Sergio de Queiroz Duarte, que les Etats en voie de développement, dont l’Iran, n’accepteraient aucune nouvelle mesure discriminatoire. [9]
Dans un entretien paru dans le quotidien conservateur iranien Jaam-e Jam, le directeur du Comité d’information du Conseil supérieur de la sécurité nationale, Ali Agha-Mohammadi, a déclaré: «Le but ultime est de maintenir notre cycle de combustible [nucléaire], et il nous reste beaucoup à faire pour y arriver.» [10]
Sirus Nasseri, directeur du comité technique et nucléaire de l’équipe des négociateurs iraniens face au trio de l’UE, a affirmé: «l’Iran projette de poursuivre son plan de production de combustible nucléaire jusqu’au bout… Les Européens sont de bonne volonté mais ne bénéficient pas encore du soutien politique nécessaire pour parvenir à un accord… Un accord final lors de la nouvelle série de discussions se basera sur la poursuite de l’enrichissement [d’uranium] par l’Iran. Nous allons donner aux Européens l’opportunité d’adopter cette position, mais cette opportunité ne sera pas éternelle.» [11]
[1] Voir MEMRI, Enquêtes et analyses – No. 200 – Décembre 30, 2004
L’accord Iran-Union Européenne sur les activités nucléaires:
http://www2.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA20004
Voir MEMRI, Enquêtes et analyses – No. 191 – Octobre 21, 2004:
L’Iran repousse l’offre européenne de combustible nucléaire
http://www2.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA19104
Voir MEMRI, Enquêtes et analyses – No. 189 – Septembre 22, 2004:
La crise de la politique nucléaire iranienne
http://www2.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA18904
[2] L’Iran a indiqué que la date limite pouvait être repoussée. Le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharrazi a annoncé qu’à la fin des trois mois de négociations, convenus par l’Accord de Paris, les Iraniens évalueraient «le déroulement des négociations.» IRNA (Iran), 16 février 2005. Il a cependant maintenu que le gouvernement iranien n’avait pas fixé de limite aux négociations en cours sur le nucléaire avec les Européens, mais que Téhéran insistait sur son droit légitime à l’enrichissement d’uranium. Il a ajouté qu’il ne s’attendait pas à un «résultat précis» le 15 mars, mais que l’Iran poursuivrait les négociations «s’il a le sentiment que les discussions ont été positives.» IRNA (Iran), 17 février 2005.
[3] Ein Ghadir est le jour où le prophète Mahomet annonça, lors de son dernier pèlerinage à la Mecque, que l’Imam Ali serait son successeur.
[4] Jomhouri-ye Eslami et Aftab-e Yazd (Iran), 30 janvier 2005. Le Secrétaire du comité de la politique étrangère du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale d’Iran, Hossein Mousavian, a confirmé: «Nous n’avons pas encore été témoins de progrès sensibles dans notre coopération ni de signes encourageants dans les domaines politique, sécuritaire, technologique, économique et nucléaire.» Il a averti «d’une crise de confiance avec l’Europe» si l’UE calquait sa politique sur celle des Etats-Unis et faisait traîner intentionnellement les négociations. IRNA (Iran), 3 février 2005; Kayhan, Iran, 5 février 2005.
Mousavian a aussi déclaré récemment que: «si nous assistons à des progrès tangibles et objectifs, nous poursuivrons les négociations. Si nous estimons que les Européens essaient de gagner du temps, nous reverrons certainement (notre position).» Aftab-e Yazd, Iran, 9 février 2005.
Lors d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères Fischer, le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharrazi a déclaré: «l’Iran espère que… les Européens aussi feront preuve d’une détermination plus sérieuse à obtenir des résultats tangibles (des négociations).» IRNA (Iran), 17 février 2005.
[5] Aftab-e Yazd (Iran), 13 janvier 2005.
[6] De Morgen (Belgique), 21 février 2005.
[7] Pour plus de détails sur la proposition européenne, voir MEMRI, Enquêtes et analyses – No. 191, 21 octobre 2004:
L’Iran repousse l’offre européenne de combustible nucléaire
http://www2.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA19104
[8] IRNA (Iran), 17 février 2005.
[9] IRNA (Iran), 13 février 2005.
[10] Jaam-e Jam (Iran), 28 décembre 2004.
[11] IRNA (Iran), 21 février 2005. Dans un entretien avec le quotidien réformateur de Téhéran Hamshahri, Sirus Nasseri, chef du comité technique et nucléaire de l’équipe des négociateurs iraniens face au trio de l’UE, a affirmé: «L’Europe a bien plus à perdre d’une cessations des pourparlers que nous.» Hamshahri, Iran, 13 décembre 2004.