Le gouvernement laïc du Pakistan, arrivé au pouvoir cette année, a récemment conclu un accord de paix avec les Talibans, leur permettant d’instaurer la loi de la charia dans la région de Swat-Malakand au Nord de la Province de la Frontière-du-Nord-Ouest (PFNO). Dès lors, les Talibans n’ont cessé de chercher à étendre les zones sous leur contrôle, et ces dernières semaines l’inquiétude grandit que la capitale de la PFNO, Peshawar, tombe entre leurs mains.
La menace croissante pesant sur Peshawar et la province toute entière est le sujet d’un récent éditorial de l’influent journal local de langue ourdou Roznama Mashriq. En voici des extraits [1]:
Peshawar en danger à cause de l’accord du gouvernement avec les Talibans.
« Les affrontements [récents] entre les forces de sécurité et les Talibans à Swat ont révélé la véritable [nature] du prétendu accord de paix conclu entre le gouvernement de la province [et les Talibans]. Les engagements pris par le gouvernement de la PFNO étaient difficiles, sinon impossibles, à tenir (…) L’échec [de l’accord] était plus qu’évident alors que le gouvernement tentait qu’il soit mis à son crédit [tout en échouant à impliquer les forces de sécurité à ses plans] et malgré sa totale incapacité à le mettre en œuvre. Tout optimisme concernant l’accord de paix est [une marque] d’aveuglement, quand des écoles de filles sont incendiées et des tirs lancés contre les véhicules de police [par les Talibans], et quand les derniers affrontements ont fait des victimes parmi le personnel de sécurité, dont un commandant (…)
C’est à cause de [cet accord] que la paix est désormais en danger à Peshawar. Chaque jour apporte des indications prouvant que des kamikazes et des véhicules chargés d’explosifs ont infiltré la ville. Le conseiller à la sécurité intérieure [Rahman Malik] a déclaré à l’Assemblée nationale que la situation dans la PFNO était instable et qu’une opération [militaire] limitée serait nécessaire. Maulana Fazlur Rahman, dirigeant de la Jamiat Ulema-e-Islam, a déclaré à l’Assemblée que le gouvernement de la PFNO n’avait plus aucune autorité [dans la province].
[Malgré cela], le gouvernement [de la PFNO] ne prend pas au sérieux la situation dans la province. Les Talibans y dirigent plusieurs villes pendant que nous dormons. Quand nous nous réveillerons, la province sera peut-être [complètement] entre les mains [des Talibans]. L’indifférence du gouvernement de la PFNO, malgré les déclarations à l’Assemblée nationale (…) [et malgré la situation à Peshawar et à Swat], ne fait que renforcer les doutes relatifs à [l’espérance de vie] de ce gouvernement… »
Personne dans le gouvernement du premier ministre [Hoti] et dans son Parti National Awami [PNA] au pouvoir ne sait-il comment gérer la situation dans la PFNO ?
« [Même] dans l’éventualité d’une opération [militaire], il n’y aurait pas de paix à Peshawar, qui est devenue un refuge pour les personnes ayant fuit les affrontements de Swat et Malakand, de Parachinar et de Miranshah [dans les districts tribaux]. La durée et l’issue de cette opération – quelle que soit son ampleur – dépendra des circonstances [du conflit]. Ceci est évident au vu de [la dernière] opération [militaire] à Swat, dont les conséquences destructrices se font encore sentir, et dont les effets à long terme ne sont pas encore connus.
Personne dans le gouvernement du premier ministre [Ameer Haider Khan Hoti’s] et dans son Parti National Awami [PNA] ne sait comment gérer la situation dans la PFNO -excepté le gouverneur Owais Ghani, nommé au niveau fédéral. [On peut espérer] que le gouverneur de la PFNO a abordé ce problème lors de son récent entretien avec le Président Pervez Musharraf.
Le Premier ministre [Ameer Haider Khan Hoti] n’a [assurément] pas réussi à entretenir le président [Pervez Musharraf] et le Premier ministre [Yousuf Raza Gilani] des droits de la PFNO, et particulièrement de l’instauration de la paix… Le PNA au pouvoir était mécontent de la déclaration du Conseiller à la Sécurité intérieure [Rahman Malik] concernant l’accord de paix, qu’il considère comme une ingérence [fédérale] dans les affaires de la province… Face au problème de la paix dans la province et du danger qui pèse sur la vie des habitants, les [plaintes] puériles du gouvernement de la PFNO équivalent à une invitation au désastre. Le PNA a approuvé l’accord avec les Talibans à Swat alors qu’il ignorait les préparatifs des Talibans à une offensive sur Peshawar. La stratégie qui a conduit [à cet accord] n’est pas très claire (…)
Il est de la responsabilité du gouverneur de la PFNO Owais Ghani et du Conseiller à la Sécurité intérieure Rahman Malik de s’occuper de la situation et de répondre à l’inquiétude de la population en prenant des mesures concrètes avant que [la situation] dans la PFNO ne leur échappe complètement. »
[1] Roznama Mashriq (Pakistan), 26 juin 2008.