Des protestations contre la répression de la liberté d’expression se sont dernièrement élevées à Bahreïn, suite à un spectacle de danse intitulé Majnoun Lilah, présenté dans le cadre du festival culturel du printemps. Les milieux islamistes à Bahreïn ont affirmé que la danse contenait “des actes immoraux” contraires à la religion, la moralité et les coutumes sociales. En conséquence, le parlement de Bahreïn a décidé à la majorité de voter la création d’un comité d’enquête.
Abd Al-Halim Murad, parlementaire islamique, a expliqué les raisons de l’opposition islamiste au spectacle de danse: “Les événements intervenus lors de certaines de nos activités culturelles de printemps ne font pas partie de notre culture !… Les parlementaires ont assisté à des scènes où les danseurs femmes et hommes se trouvaient dans des positions dépravées. Il est absolument impossible de ne rien dire à ce sujet – d’autant plus que les scènes étaient présentées en public. Quelle honte !… Notre pays est Bahreïn, pas la France ou l’Amérique ! Bahreïn est un pays musulman ; son identité est islamique et arabe ; ses principes et sont caractère sont islamiques…”
Les créateurs du show, le poète bahreïni Qassem Haddad et l’artiste libanais Marcel Khalifa, ont rejeté ces critiques. Dans un communiqué commun, ils on déclaré que les actions des milieux islamistes étaient une forme de “terrorisme contre diverses formes de pensée et de culture, de répression de tout effort créatif.” Haddad et Khalifa ont affirmé que la position des parlementaires islamistes ne représentait “pas uniquement une insulte aux individus libres qui ne cherchent qu’à s’instruire et à passer du bon temps, mais aussi une insulte à tout pays civilisé du 21èmesiècle… Il est inapproprié que la population d’un pays civilisé soit représentée par des parlementaires qui fantasment de s’emparer des rênes du régime – régime qui [ne tarderait pas à devenir] un régime de prohibition, de répression et d’expropriation.”
Avec les créateurs du spectacle, quelques 50 organisations civiles ont émis un communiqué condamnant la décision du Parlement de créer un comité d’enquête. Elles ont accusé les cercles politiques au parlement bahreïni d’ “étouffer l’atmosphère de liberté et d’imposer leurs choix aux citoyens.”
Les médias de Bahreïn se sont joints aux protestations contre la restriction de la liberté d’expression et de la créativité dans le pays. Des critiques ont également été émises dans la presse d’autres pays du Golfe. Les directeurs et les chroniqueurs de journaux ont reproché aux milieux islamistes leur ingérence dans la vie des citoyens de Bahreïn, les appelant à mettre fin à la coercition religieuse et au tort causé aux droits des individus.
Lire des extraits de la presse du Golfe et de Bahreïn traduits en anglais sur http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA36007.
*I. Rapoport est chargée de recherches au MEMRI