Les propos suivants ont été prononcés lors d’une interview de la Première dame d’Egypte Suzanne Moubarak sur la chaîne satellitaire Al-Arabia, le 8 mars 2007.
Visionner les extraits vidéo sur http://www.memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=1399
Je ne crois pas que l’on puisse interdire la polygamie en Egypte par la force
Interviewer: « Comment vous situez-vous par rapport à la polygamie, et pensez-vous que ce qui s’est passé en Tunisie – l’interdiction de la polygamie – pourrait se produire en Egypte ? »
Suzanne Moubarak: « Je ne crois que nous puissions l’interdire en Egypte par la loi. Peut-être que les circonstances étaient différentes en Tunisie, que les courants et la pensée [islamistes] y étaient inexistants. La Tunisie a la chance d’avoir pu prendre de nombreuses décisions favorables aux femmes et à la famille à cette époque, des décisions que nous ne pourrions peut-être pas prendre facilement aujourd’hui. La polygamie ne peut être [interdite] par la force, mais ne peut [être combattue] que par la culture. L’homme doit comprendre que le mariage est sacré, et que la famille… Je suis étonnée qu’un homme puisse avoir une femme et une famille, et [en même temps] une autre femme et une seconde famille, sachant que… Je ne comprends pas… Honnêtement, cette logique est incompréhensible. »
[…]
Interviewer: « Selon le rapport du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) de 2005, 94% des filles en Egypte subissent l’excision. Qu’est-ce que vous, au sein du Conseil national des femmes, avez fait, et dans quelle mesure ces statistiques sont-elles justes ? »
Suzanne Moubarak: « Tout d’abord, ces statistiques ne sont pas précises dans la mesure où [les enquêteurs] se rendent dans certains villages et sélectionnent toutes les femmes de plus de 35 ans, ayant probablement subi cette pratique. Mais si nous faisons des statistiques sur des tranches d’âges inférieures… Aujourd’hui, nous oeuvrons pour protéger les filles de cette pratique. Au Conseil national de l’enfance et de la maternité, nous avons un plan national, dont c’est aujourd’hui la mission principale. Nous nous rendons dans les villages… Nous en revenons encore une fois à la culture, mais à une culture basée sur des notions erronées. Cela n’a rien à voir avec la religion. Parfois, des gens prétendent que [l’excision] est une pratique religieuse. Pourtant, la grande majorité des pays arabes et musulmans ne pratiquent pas ces violations. »
Interviewer: « Mais dans des pays africains… »
Suzanne Moubarak: « [L’excision] est donc héritée de la culture africaine et peut-être aussi de la culture pharaonique, qui remonte à plusieurs millénaires. Nous avons un plan national stratégique global que nous avons commencé à appliquer il y a trois ans. Nous avons commencé à parler… Jusque là, le sujet était tabou parce que… »
“Une de nos missions est de proposer de nouveaux projets de lois visant à totalement interdire cette pratique”
Interviewer: « Parce que le sujet n’était pas arrivé à la connaissance des médias occidentaux, mais quand le scandale a éclaté, les gens se sont mis à en parler. »
Suzanne Moubarak: « Aujourd’hui, nous en parlons avec une ouverture totale. Nous en parlons comme d’un problème qui doit prendre fin et, avec l’aide de Dieu, il prendra fin bientôt. Nous menons des campagnes pour éduquer les mères, les grand-mères et les belles-mères. Vous serez surprise, mais c’est la femme qui a besoin de cette éducation. Nous avons une loi qui interdit cette pratique en dehors des hôpitaux et en l’absence de nécessité médicale. Nous admettons que c’est insuffisant, et nous oeuvrons au moyen Conseil… Une de nos missions est de proposer de nouveaux projets de lois [au Parlement], pour interdire totalement cette pratique. »
Interviewer: « Pourquoi n’y a-t-il pas de lois l’interdisant… »
Suzanne Moubarak: « Avec l’aide de Dieu, cela sera fait. Bientôt… »
Interviewer: « Quand ? »
Suzanne Moubarak: « Je ne peux vous dire quand, mais nous y travaillons. »
[…]
Interviewer: « Pensez-vous qu’un jour, une femme deviendra président d’Egypte ?
Suzanne Moubarak: « Cela ne pourra pas avoir lieu avant de nombreuses années. »
Interviewer: « Pourquoi est-ce impossible dans le monde arabe ? »
Suzanne Moubarak: « C’est aussi culturel. »
Interviewer: « [Ce n’est pas impossible] dans le monde musulman, mais ça l’est dans le monde arabe. »
Suzanne Moubarak: « C’est culturel. »
Interviewer: « Que ressentiriez-vous si une femme était élue président des Etats-Unis ? »
Suzanne Moubarak: « Je serais sans doute très contente. Pourquoi pas ? Si elle a les compétences, l’éducation et l’expérience requises, il n’y aura aucune différence [entre un homme et une femme présidents]. Pourquoi pas ? Mais pas encore dans notre monde arabe. Pas encore. »