Dans un contexte d’intensification de la crise au Liban, le ministre libanais de l’Industrie Pierre Gemayel a été assassiné le 21 novembre 2006. Pierre Gemayel était le fils de l’ancien président libanais Amin Gemayel ; il était représentant du parti des Phalanges dans le gouvernement d’Al-Siniora et était l’une des figures marquantes de l’alliance politique des “Forces du 14 mars”.
Un groupe se faisant appeler les “Combattants pour l’Unité d’Al-Sham (Grande Syrie) et pour sa liberté” a revendiqué l’assassinat dans un communiqué disant: “Allah nous a accordé le succès aujourd’hui aussi, avec l’assassinat de l’agent Pierre Gemayel, qui faisait partie de ceux qui ne cessent de cracher leur venin contre la Syrie et la Résistance (le Hezbollah), sans honte ni crainte. Tel est le destin des traîtres, des agents, de ceux qui n’hésitent pas à minimiser l’unité, la liberté, l’intégrité et l’avenir du Liban au nom des intérêts de l’ennemi. Que s’éteigne la voix de tous ceux qui portent atteinte aux personnes ayant payé le prix fort pour les Arabes et le Liban, et que leurs bouches se taisent. Nous avons rayé cet agent (Pierre Gemayel) de la liste de nos cibles, et tôt ou tard nous paierons aux agents ce qui leur revient…”
Saad Al-Hariri, dirigeant de la faction parlementaire majoritaire Al-Mustaqbal et fils de Rafik Hariri, l’ancien Premier ministre libanais lui aussi assassiné, a réagi au meurtre de Pierre Gemayel en ces termes: “(Les Syriens) veulent assassiner tout homme libre et reprendre la série d’assassinats, comme promis.” Dans une interview pour la CNN, il a ajouté: “Nous voyons la main de la Syrie dans ce crime, vu que dans quelques jours, il devrait y avoir un second tour (au Conseil de Sécurité, dans le but de ratifier la création d’un) tribunal international (devant trancher sur l’assassinat de Rafik Hariri), ce que la Syrie essaie d’éviter.” D’autres figures marquantes des “Forces du 14 mars” ont aussi accusé le régime syrien de l’assassinat.
Le Hezbollah et ses partenaires au sein de l’opposition ont condamné l’assassinat et averti que son objectif était de “jeter le Liban dans l’anarchie, la destruction et la guerre civile…” De l’autre côté, Ibrahim Al-Amin, directeur du quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, a écrit le jour suivant l’assassinat que “malgré la cruauté du crime, ce dernier n’entraînera aucun changement concret dans le programme d’aucun des deux côtés du combat.” Il a déclaré que “la lutte politique continuera… car, malheureusement, le programme de la bataille au Liban passe avant le crime qui y a eu lieu.”
Les jours précédant l’assassinat ont connu une soudaine intensification des tensions au Liban, très perceptible dans les déclarations des porte-parole du Hezbollah. Après le discours du Secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah devant les comités d’action populaire, le 19 novembre 2006, où il a appelé ses supporters à descendre dans la rue et à renverser le gouvernement, le site du Hezbollah affirme que dans un délai de quelques jours, un gouvernement sera établi au Liban pour représenter la véritable majorité. En outre, un quotidien proche du Hezbollah a promis que si le gouvernement ne s’effondrait pas d’ici quarante jours, il recevrait un “coup décisif” qui le renverserait. Pour leur part, les figures marquantes des “Forces du 14 mars” ont averti que le Liban était au bord d’un putsch politique, ajoutant que c’est la Syrie et l’Iran qui avaient ordonné au Hezbollah de générer la crise.
Pour lire les déclarations publiées dans la presse iranienne, sur le site du Hezbollah, dans la presse libanaise, les déclarations du vice Secrétaire général du Hezbollah Naim Qassem, de Saad Hariri, du leader druze Walid Jumblatt, d’Amin Gemayel, du cheikh sunnite Saïd Harmush, les déclarations affichées sur les sites de djihad sunnites, voir l’Enquête et analyse no. 302 en anglais sur:
http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA30206