Le caricaturiste algérien Ali Dilem, d’origine kabyle, est né en 1967 à El-Harrach, une banlieue d’Alger. Il a fait ses études à l’Ecole nationale des beaux arts d’Alger. [1] Dilem a commencé sa carrière de caricaturiste en travaillant pour l’hebdomadaire communiste Alger Républicain. En 1991, il est passé au quotidien algérien indépendant Le Matin [2] dont le directeur, Mohamed Benchicou [3] a dernièrement été libéré de prison après avoir écopé de deux ans pour corruption (il a toujours nié). [4] Depuis 1996, Dilem est le dessinateur humoristique du quotidien algérien indépendant de langue française Liberté. Il travaille en outre pour l’émission française Kiosque, sur TV5. En 2000, Dilem a reçu le prix international du dessin de la presse écrite. [5] En 2005, il a obtenu le Trophée de la liberté de la presse, qu’il a dédié à Mohamed Benchicou. En 2006, le prestigieux Cartoonist Rights Network Award lui a été décerné.
Dilem a acquis une réputation internationale pour sa façon de dépeindre la situation politique en Algérie et pour son soutien au pluralisme politique dans son pays. A travers ses caricatures, Dilem fait écho aux critiques de la société civile algérienne à l’encontre du FLN (Front de Libération Nationale). Ses critiques portent aussi sur les groupes islamistes et sur le rôle de l’armée dans le pays. Dans une interview accordée à Kabyles.com, Dilem décrit la situation politique en Algérie comme suit: « La majorité, c’est le général Toufik [général major Mohamed Mediène à la tête de la Police politique], et l’opposition, c’est aussi le général Toufik. » [6]
Le 11 février 2006, Dilem a été condamné à un an de prison et à une amende de 50 000 dinars (550 Euros) pour avoir publié en 2003, dans Liberté, des dizaines de caricatures sur le président algérien Abdelaziz Bouteflika. L’article 144b du code criminel algérien prévoit une peine d’emprisonnement d’une durée de deux à douze mois ainsi qu’une amende pour diffamation d’un président. [7]
Au cours de la guerre civile qui a opposé islamistes et gouvernement algérien (1990-1998), Dilem a reçu des menaces de groupes islamistes. En 2004, une fatwa a été émise contre lui « dans toutes les mosquées d’Algérie ». [9] Le ministre algérien des Affaires religieuses Boulem Ghoulamallah a endossé la responsabilité de cette fatwa. [10]
Dans l’interview accordée à Kabyles.com, Dilem fait part de ses inquiétudes concernant les factions islamistes en Algérie: « Tout ce qui a donné naissance au FIS [Front Islamique du Salut] [11] en Algérie existe encore aujourd’hui. » [12]
Voici une sélection de caricatures de Dilem publiées par Liberté et TV5 [13] en 2005-2006. Ces caricatures portent sur la liberté d’expression dans le monde arabe, et plus particulièrement sur le cas de Mohamed Benchicou en Algérie, sur les droits de la femme, le programme nucléaire iranien, le président algérien Abdelaziz Bouteflika et sa décision très contestée de se faire soigner dans un hôpital en France plutôt que dans son propre pays. Les caricatures de Dilem évoquent en outre la libération des islamistes en Algérie dans le cadre de l’amnistie générale de 2005 [14] et les droits de l’Homme.
Liberté d’expression
Liberté, 15 juin 2006
Liberté, 10 juin 2006
Liberté, 3 avril 2006
TV5, « L’année vue par Dilem, » juin 2005
Liberté, 30 janvier 2006
Liberté, 12 janvier 2006
Iran
Liberté, 24 mai 2006
Liberté, 5 février 2006
Liberté, 3 janvier 2006
Droits de la Femme
Liberté, 27 novembre 2005
Liberté, 3 octobre 2005
Les islamistes en Algérie
Liberté, 15 mai 2006
Liberté, 16 mars 2006
Liberté, 1ermars2006
Liberté, 16 novembre 2005
Liberté, 1eroctobre 2005
Le président algérien Bouteflika
Liberté, 27 avril 2006
Liberté, 22 avril 2006
Liberté, 15 décembre 2005
Divers – problèmes intérieurs
Liberté, 13 mars 2006
Liberté, 11 mars 2006
Liberté, 7 mars 2006
Liberté, December 10, 2005
Liberté, 31 octobre 2005
Liberté, 12 octobre 2005
Liberté, 10 octobre 2005
Liberté, 21 septembre 2005
Divers – Problèmes internationaux
Liberté, 26 avril 2006
Liberté, 23 janvier 2006
TV5, Kiosque, février 2006
TV5, « L’année vue par Dilem, » avril 2005
TV5, « L’année vue par Dilem », octobre 2005
*Nathalie Szerman est directrice du projet sur les réformateurs d’Afrique du Nord.
[1] http://winne.com/algeria2/english/bf04.html
[2] Le Matin a fermé en 2004, avec l’emprisonnement de son directeur Mohamed Benchicou. A sa libération, il a annoncé la prochaine réouverture du journal. http://www.elkhabar.com/FrEn/lire.php?ida=33550&idc=52, 15 juin 2006.
[3] Mohamed Benchicou est directeur du quotidien algérien Le Matin. En 2004, il a publié une biographie du président algérien Abdelaziz Bouteflika: Bouteflika: Une imposture algérienne. L’ouvrage dénonce la corruption du régime. Benchicou a été accusé de corruption et emprisonné en juin 2004. Il a été relâché le 14 juin 2006.
[4] http://www.elkhabar.com/FrEn/lire.php?ida=33550&idc=52, le 6 juin 2006.
[5] http://winne.com/algeria2/english/bf04.html.
[6] http://www.kabyles.com, le 17 février 2005.
[7] http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16478, le 16 février 2006.
[9] http://www.kabyles.com, le 17 février 2005.
[10] http://www.algerie-dz.com/article2.html, Associated Press, tel que cité sur www.Algerie-dz.com le 15 février 2004.
[11] Le FIS est interdit depuis 1992. En décembre 1991, le gouvernement algérien a annulé le second tour des élections, la victoire du FIS ayant été rendue évidente au premier tour. La guerre civile a éclaté peu après.
[12] http://www.kabyles.com, le 17 février 2005.
[13] http://www.tv5.org/TV5Site/kiosque/kiosque_tous_dessins.php, L’année vue par Dilem, http://www.tv5.org/TV5Site/fetes/dilem2005/janvier.php?image=jan1&ext=gif&back=1.
[14] Ministère algérien des Affaires étrangères, Charte pour la Paix et la Reconciliation Nationale:http://193.194.78.233/ma_fr/stories.php?story=05/09/06/3612066.