Dans un article du 14 août 2006 intitulé « Ils sont fascistes », paru dans le quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat, l’ancien rédacteur en chef du journal et actuel directeur général d’Al-Arabiya, M. Abd El-Rahman Al-Rachid, défend les qualificatifs du président George W. Bush pour décrire les individus arrêtés la semaine dernière, avant l’exécution de leur plan visant à faire sauter des avions remplis de passagers. Extraits:
« Les protestataires… auraient mieux fait de… dénoncer les agissements de ces personnes affiliées à l’islam qui ont porté atteinte à tous les musulmans et à l’islam. »
« Nombreux sont ceux, parmi nous, qui ne s’intéressent qu’à la réputation et à l’image, à notre image dans les médias et à la réputation des musulmans dans le monde, mais qui ne s’occupent pas de réformer la source originale: leurs enfants.
Après que le président des Etats-Unis George W. Bush eut qualifié de fascistes musulmans ceux qui projetaient de tuer des milliers de passagers dans dix avions, nombre de sociétés islamiques l’ont critiqué pour ses propos.
Qu’y a-t-il de mal à utiliser un adjectif négatif pour décrire un terroriste quand celui-ci se qualifie lui-même de terroriste, énonce ouvertement sa position, ses plans et ses objectifs, quand ses partisans appellent ouvertement au meurtre de ceux qu’ils considèrent comme des infidèles ou qu’ils désapprouvent au niveau religieux et politique ?
Ces groupes de protestation, qui ont tenu une conférence de presse, auraient mieux fait de profiter de l’occasion pour dénoncer les agissements des personnes affiliées à l’islam qui ont causé du tort à tous les musulmans et à l’islam. »
« Bush n’a pas dit que les musulmans étaient des fascistes ; il a dit que les fascistes musulmans étaient le problème. »
« Bush n’a pas dit que les musulmans étaient fascistes ; il a dit que les fascistes musulmans étaient le problème, faisant la distinction entre un groupe extrémiste et la majorité des musulmans pacifiques et innocents. Oui, ‘fascisme’ est un terme aux connotations négatives, utilisé ici pour prêter à confusion. Les Occidentaux savent que le fascisme est un mouvement extrémiste nationaliste, ayant émergé de la société européenne, un mouvement responsable de guerres destructrices fondées sur la discrimination, le racisme et la haine. Appliqué à la littérature des extrémistes islamiques, cet amalgame a un sens. A l’instar des Européens qui ont combattu le fascisme et les fascistes par les mots et les armes, le monde combattra les islamistes extrémistes. C’est ce que font les bons musulmans, qui sont en première ligne contre Al-Qaïda, comme ce musulman qui a révélé le dernier complot de détournement d’avions, en se hâtant d’informer la Sécurité, quand il a compris ce qui se tramait dans le quartier.
Ainsi, je ne vois pas comment ces gens (qui veulent préserver leur réputation et leur image face aux Occidentaux) veulent qualifier les extrémistes musulmans qui recourent à la violence. Veulent-ils les appeler Khawarij (secte islamique dont l’existence remonte à une controverse politico-religieuse sur le califat) ? Le problème est que nul (en Occident) ne comprendrait la signification historique d’une telle appellation. Ou les appellent-ils uniquement par leurs noms, Oussama, Ayman, Mohammed et Zamani ? Ou à la façon, sarcastique, des Egyptiens: ‘gens qu’il vaut mieux ne pas nommer’? »
« Plus important que la nécessité de préserver son image et d’arranger la situation: la nécessité de contrer les extrémistes parmi nous. »
« Le qualificatif ‘fascistes’ en Occident est plus adéquat que tous les adjectifs négatifs qui leur ont été attribués, à tort ou à raison. En effet, pour les Occidentaux, le fascisme représente un groupe bien défini qui existe encore au sein de leurs communautés ethniques et religieuses ; ce terme fait donc la distinction entre eux et les autres.
Plus important que la nécessité de préserver son image et d’arranger la situation: la nécessité de contrer les extrémistes parmi nous. La plupart des Occidentaux ne savaient rien de l’islam et des musulmans jusqu’à Ben Laden, Al-Zawahiri, Mohammed Atta. Les auteurs des attentats de Londres se sont faits appeler ‘islamistes’ et ont commencé à se servir du Coran et des nomenclatures islamiques. On en peut donner au Mouvement des Brigades rouges un autre nom que celui qu’elles se donnent elles-mêmes, et on ne peut les qualifier autrement que de ‘communistes italiens’. Il en est de même pour le Front national en Grande-Bretagne, décrit comme un mouvement nazi et fasciste. »
Il est normal de qualifier un musulman de terroriste si c’en est un.
« En fin de compte, dire que les pommes pourries sont pourries n’ôte pas aux gens le goût des bonnes pommes. Il en est de même avec les musulmans. Il y a un milliard de musulmans dans le monde. Le monde est bien obligé de traiter avec eux et de chasser la minorité malfaisante parmi eux. Depuis les années 70, nous avons passé beaucoup de temps à protester contre les nomenclatures et les images. Cela malgré le fait que ces gens détournent des avions civils, tuent dans des restaurants et justifient leurs agissements par des arguments panarabes et islamiques. Il est naturel de qualifier un musulman de terroriste s’il est terroriste, de même que l’on peut accuser certains Colombiens de contrebande de drogue, certains Italiens d’être des mafiosi, certains Russes d’êtres des bouchers, des Britanniques d’être des nazis ou des Américains d’être extrémistes de droite. »