Sayyed Ayad Jamal al-Din a été élu le 15 décembre 2005 au Parlement irakien sur la liste Iraqiyah conduite par l’ancien Premier ministre Dr Ayad Alawi. C’est un éminent spécialiste de l’islam qui appelle de façon persistante à la séparation de la religion et de l’Etat. Lors de la première réunion organisée par l’opposition irakienne contre Saddam Hussein, qui s’était tenue à Nasiriyah le 15 avril 2003, Sayyed Ayad avait déclaré: « Pour défendre la religion, je prône la laïcité… Pendant longtemps, le saint Coran a été détourné par l’Etat, et il nous importe de sortir la religion des griffes de l’Etat ». [1]
Voici un résumé des points essentiels d’une interview du député irakien Sayyed Ayad Jamal al-Din à la Nouvelle agence indépendante irakienne: [2]
Nomination d’Al-Ja’fari pour former le nouveau gouvernement
Suite aux élections générales de la mi-décembre, la formation d’un nouveau gouvernement irakien a été retardée en raison notamment de désaccords entre les différents partenaires possibles de la coalition au sujet de la candidature du Dr Ibrahim al-Ja’fari au poste de Premier ministre.
Sayyed Ayad Jamal al-Din pense qu’il est trop tôt pour contester le statut du Premier ministre désigné, Dr al-Ja’fari. S’il est vrai que son parti, al-Iraqiyah, n’a aucune inquiétude concernant la personne d’al-Ja’fari, al-Din estime plus important, à l’heure actuelle, de s’entendre sur les principes de base du nouveau gouvernement que de se focaliser sur les personnes.
Le maintien de l’autorité du Premier ministre
Sayyed Ayad Jamal al-Din condamne les tentatives du parti sunnite Accord, dirigé par Saleh al-Mutlak, pour restreindre l’autorité du Premier ministre en créant une agence de sécurité nationale visant à assujettir ce dernier à une juridiction non parlementaire. Etant donné la situation difficile de l’Irak, Jamal al-Din pense que le Premier ministre devrait bénéficier de pouvoirs extraordinaires étendus lui permettant de combattre le terrorisme et de rétablir les services.
Sur les dangers de la guerre civile
Quelle que soit la façon dont on qualifie les événements actuels en Irak, on ne peut nier l’expulsion à grande échelle de familles chiites qui se poursuit sans trêve dans les zones sunnites telles qu’abou Ghraib, al-Tarmiya, et al-Taji. A ce jour, 3 700 familles chiites ont été expulsées, en sus des explosions de voitures piégées qui visent les travailleurs chiites. Ces événements entraîneront inévitablement une réaction, car on ne peut s’attendre à ce que ces gens gardent indéfiniment le silence face aux actions commises à leur encontre. Ainsi Sayyed Ayad Jamal al-Din exhorte les politiciens à tenir compte de ce risque et à accélérer la formation du nouveau gouvernement pour sauver le pays « des flots de sang qui ne cessent de couler ».
Politique et terrorisme
Sayyed Ayad Jamal al-Din souligne la différence qui existe entre le dossier sécuritaire et le dossier politique. Le terrorisme existait « avant ]la formation de[ ce gouvernement ]et continuera d’exister[ après la formation du gouvernement. » Le terrorisme a son propre programme qui est passé récemment du combat contre les Américains au combat contre les civils irakiens. Al-Din attire l’attention sur « le terrorisme wahhabite et takfiri » [3] qui cherche à initier une guerre entre les différents groupes religieux irakiens, soulignant que « le terrorisme ne peut pas s’installer dans un pays stable et pacifique ». Le programme du terrorisme n’aurait pas évolué si le gouvernement avait été établi un mois plus tôt. On ne peut fermer si facilement le dossier terroriste: l’entraînement de l’armée et de la police prend du temps, tout comme le contrôle des frontières et l’épuisement des sources du terrorisme. Il estime que le terrorisme durera encore deux ans.
Le soutien américain aux partis politiques
Sayyed Ayad refuse d’aller dans le sens de ceux qui considèrent que les Etats-Unis s’opposent aux partis religieux irakiens pour soutenir les partis laïques. Il souligne que tous les partis politiques irakiens participent au processus démocratique.
Le dialogue américano-iranien
Jamal al-Din estime que l’idée d’un dialogue américano-iranien était un piège pour l’Iran car les résultats sont connus d’avance. Il ajoute: « Si j’étais un responsable iranien, je leur aurais conseillé de ne pas participer à un dialogue bilatéral avec les Américains ». Al-Din est favorable à une conférence incluant la participation de tous les pays voisins de l’Irak, le gouvernement irakien inclus. Les Américains diront que l’Iran refuse de coopérer, et cela leur donnera un argument supplémentaire au sujet de la question nucléaire.
Pour visionner Sayyed Ayad Raouf et Jamal al-Din sur la télévision arabe:
*Iraqi Politician Iyad Jamal Al-Din: The Arabs Want Tyrannical Regimes, in Line with Their Backward Culture, LBC (Lebanon), July 31, 2005, http://www.memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=793.
*Arabs Don’t Really Want Democracy, Al-Arabiya TV (Dubai), Al-Fayhaa TV (Iraq/UAE), November 30, 2005, http://www.memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=979.
*Iraqi Shi’ite Leader ‘Ayad Jamal Al-Din: Iran Pursues Own Interests, Not Shi’ite Interests, Al-Arabiya TV (Dubai), January 3, 2005, http://www.memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=473.
[1] www.sotaliraq.com/articles-iraq/nieuws.php?id=15012. Voir aussi le New York Times, 16 avril 2003.
[2] http://www.aswathura.com/aswat/details.asp?id=1792, le 26 mars 2006.
[3] Takfiri est un concept islamiste qui permet de considérer comme apostates des musulmans et donc de les tuer.