Ibrahim Nafie, ancien directeur du quotidien gouvernemental Al-Ahram, ancien président du comité de direction de l’Institut Al-Ahram, et actuel membre de la Shura (Conseil législatif) en Egypte, est soupçonné d’avoir détourné quelques 3,5 milliards de livres égyptiennes, soit près de 608 millions de dollars, alors qu’il exerçait en tant que directeur du journal et président du comité de direction de l’Institut Al-Ahram.
Nafie a déjà été poursuivi pour antisémitisme en France, suite à la traduction par MEMRI d’un article d’Al-Ahram diffamatoire vis-à-vis des Juifs. En effet, Al-Ahram paraît aussi en France. [1]
Le 24 février 2006, Salah Al-Ghumri, qui a succédé à Nafie à la direction du journal et à la présidence du comité de direction de l’Institut Al-Ahram, a empêché Nafie de pénétrer dans le bureau qu’il occupait encore à l’Institut Al-Ahram, après la découverte du vol de fichiers dans le bureau d’Al-Ghumri – des fichiers contenant des informations sur le détournement de fonds par Nafie, ses fils et ses amis à l’institut. A l’heure actuelle, Nafie rédige ses articles de son domicile. [2]
En raison des soupçons qui pèsent sur Nafie, Mahmoud Abou Al-Leil, ministre égyptien de la Justice, a demandé que le Comité constitutionnel et législatif de la Shura lève l’immunité dont bénéficie Nafie en tant que membre de ce Conseil. Cependant, le Comité a rejeté la demande d’examiner son cas. [3]
Mustafa Bakri, membre du Parlement égyptien et rédacteur en chef du journal d’opposition Al-Usbu, a mené une enquête sur le cas de Nafie et en a publié les résultats: Nafie, ses deux fils et ses amis, auraient détourné des fonds importants. Bakri note que le salaire de Nafie en tant que directeur de l’Institut Al-Ahram s’élevait à 3 millions de livres égyptiennes (environ 500.000 $) par mois, et qu’à l’heure actuelle, la valeur de ses biens personnels avoisine les 3 milliards de livres égyptiennes – en comparaison des 3.100 livres égyptiennes qu’il possédait en 1978. [4] Nafie a démenti ces allégations et dit qu’il n’avait jamais reçu un salaire de 3 millions par mois, ni même de 3 millions par an. [5]
Voici le résultat de l’enquête d’Al-Usbu sur le détournement de fonds par Ibrahim Nafie:
Alors qu’Al-Ahram avait contracté des dettes envers les banques, le fisc et la sécurité sociale, Nafie recevait plus d’un demi million de dollars par mois
D’après le rapport d’Al-Usbu, l’Institut Al-Ahram « doit environ 1 milliard de livres égyptiennes aux banques et aux autres [institutions] ; il est également endetté auprès du fisc et de la sécurité sociale (…). La plupart des sociétés [qui dépendent de] l’Institut Al-Ahram perdent [de l’argent]. »
Salah Al-Ghumri, le successeur de Nafie, a découvert que Nafie touchait un salaire de 3 millions de livres égyptiennes par mois, soit un demi million de dollars, et plus de 116 000 livres égyptiennes de pourcentages sur les publications et publicités, ainsi que des subventions et des revenus de sociétés [appartenant à] Al-Ahram. En outre, il aurait librement disposé de l’argent des comptes de l’Institut et des fonds détournés – mettant l’institut dans l’impossibilité de régler ses impôts.
La Compagnie Intergroup des fils Nafie avait un monopole sur l’achat des fournitures pour l’Institut
Al-Usbu a découvert qu’Intergroup, la compagnie créée par Ahmad et Omar, les fils des Nafie, et Hassan Hamdi, un responsable de l’Institut, « avaient le monopole sur l’acquisition des fournitures [de bureau] de l’Institut (…) » et qu’ « il était interdit à quiconque dans l’Institut d’acheter des fournitures d’un quelconque autre fournisseur (…) De nombreuses publications récentes avaient été imprimées sur un coûteux papier glacé, entraînant des pertes considérables pour l’institut – mais l’institut continuait (…) à acheter du papier et de l’encre de cette société (…) sans tenir compte des pertes occasionnées (…) »
Durant la période où il a travaillé pour Al-Ahram, la valeur des avoirs de Nafie est passée de 3 100 à 3.5 milliards de livres égyptiennes.
Selon le rapport, « les chiffres montrent que la richesse de Nafie est passée de 3 100 livres égyptiennes en 1978 [quand il a commencé à travailler pour Al-Ahram] à 3,5 milliards en 2005 [à son départ] (…) »
Le journal rapporte qu’« un réseau d’amis de Nafie, dont le nombre ne dépasse pas 30 (…), touche quelques 10 millions par mois en honoraires, salaires et dons divers, tandis que les
10 000 employés et journalistes de l’institut reçoivent la somme de 20 millions [à eux tous] (…) ».
« [De plus], l’institut possédait 250 voitures Ford Mondeo, dont il s’est débarrassé après un certain temps en les vendant 4.000 livres égyptiennes [695 $] pièce – ce qui est bien en dessous de leur valeur. Ne soyez pas surpris d’apprendre que l’acheteur était l’un des fils de Nafie. »
[1] Voir l’Enquête et Analyse n° 107 de MEMRI:
La justice française assigne à comparaître le directeur de l’un des plus grands quotidiens égyptiens, accusé d’antisémitisme sur http://www2.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA10702.
[2] Al-Usbu’ (Egypte), 6 mars 2006
[3] Al-Akhbar (Egypte), 19 mars 2006
[4] Al-Usbu’ (Egypte), 30 août 2005
[5] Al-Hayat (Londres),23 mars 2006