Dans une interview pour le quotidien réformateur iranien en ligne « Rooz » (www.roozonline.com ), Hossein Mousavi-Tabrizi, secrétaire de l’Association des séminaires de chercheurs et professeurs de Qom, critique la politique nucléaire et économique du président iranien Mahmoud Ahmadinedjad. L’ayatollah Mousavi-Tabrizi appelle l’Iran à négocier ouvertement et à renouer des relations avec les Etats-Unis.
Voici les points forts de l’interview: [1]
« Au train où vont les choses, nous produisons un consensus mondial contre nous ».
Rooz: « Selon vous, quels sont les principaux problèmes auxquels l’Iran devra faire face en cette nouvelle année ? » [2]
Ayatollah Tabrizi: « Le problème essentiel sera celui de l’énergie nucléaire. Nous prions Dieu que nos hauts responsables fassent en sorte que ce problème soit résolu au coût le plus bas possible, pour que le peuple n’ait pas à souffrir de problèmes supplémentaires…
En seconde position arrivent les problèmes économiques de l’Iran. A mon avis, il faut tâcher d’éviter de créer un problème d’inflation et de stagnation économique dans le pays… »
Rooz: « Est-ce que le problème politique, relatif à l’énergie nucléaire, a des conséquences économiques ? »
Ayatollah Tabrizi: « Certainement, son influence est grande. Et je crains que le budget, tel qu’il a été planifié, ne provoque inflation et hausse des prix. »
Rooz: « Existe-t-il une solution pacifique au problème nucléaire ? »
Ayatollah Tabrizi: « A mon avis, il y toujours eu, et il y a encore une solution. Mais à l’heure actuelle, la situation est plus difficile. Ces problèmes auraient pu être résolus de bien meilleure façon. L’une des meilleures façons de régler le problème est de diminuer la tension politique dans le monde. Nous ne pouvons résoudre notre problème en créant des tensions supplémentaires ; au train où vont les choses, nous produisons un consensus mondial contre nous.
La plus grande réussite du gouvernement précédent [et du] Conseil national suprême de sécurité [dirigé par Hassan Rohani] a été d’empêcher la création d’un consensus contre nous. Mais aujourd’hui l’Amérique se dirige malheureusement vers la création d’un tel consensus… »
« Le peuple [iranien] n’a pas juré de coopérer éternellement [avec le régime] »
Rooz: « Est-il opportun pour nous de discuter également avec l’Amérique, dans les conditions actuelles ? »
Ayatollah Tabrizi: « Oui, bien sûr. Quel est le problème ? Négocier avec eux, ce n’est pas dépendre d’eux. Est-ce que les autres pays qui débattent avec l’Amérique en dépendent ? Tout d’abord, des négociations, ce ne sont pas des relations. Ensuite, avoir des relations avec l’Amérique, ce n’est pas dépendre d’elle. Pour l’heure, nous soutenons que la Syrie ne dépend pas des Etats-Unis et pourtant, ces deux pays mènent des négociations et maintiennent des contacts, des ambassades et des ambassadeurs. Nous aussi nous pouvons mener des négociations, voire même [des négociations] déclarées, et avoir également des contacts [avec les Etats-Unis] – comme c’est déjà souvent arrivé [entre les Etats-Unis et l’Iran] au sujet de l’Afghanistan et de l’Irak. Ces sujets nécessitaient des discussions. [Les pays] peuvent discuter aujourd’hui aussi. »
Rooz: « Qu’est-ce que l’Iran aurait à gagner à mener des négociations avec l’Amérique dans les conditions actuelles ? »
Ayatollah Tabrizi: « Je ne sais pas, mais je sais qu’à chaque fois que les négociations peuvent avoir un impact, il faut s’y plier, avec tous les pays. »
Rooz: « Selon vous, quelle sera la réaction du peuple [iranien], vu les problèmes auxquels il doit faire face, notamment dans le domaine économique ? »
Ayatollah Tabrizi: « Si le peuple constate que les responsables [du régime] sont honnêtes et intègres, que son bien-être leur importe et que c’est l’ennemi qui pose des problèmes, il supportera les difficultés. Mais si – le ciel nous en préserve – le peuple sent que les responsables manquent d’honnêteté et d’intégrité, lui mentent ou ne s’efforcent pas vraiment de résoudre les problèmes, bien évidemment cela créera des problèmes. Après tout, le peuple n’a pas juré de coopérer éternellement. »
[1] http://www.roozonline.com/08interview/01466.shtml
[2] Le nouvel an perse débute le 21 mars.