Voici quelques extraits d’une interview du penseur réformateur égyptien Tareq Heggy, diffusée sur la chaîne télévisée Mihwar le 27 février 2006.
VISIONNER LE CLIP N° 1057 SUR www.memritv.org
Tareq Heggy: « A chaque fois que je me rends dans la capitale américaine – j’ai dû visiter en tout entre 30 et 50 instituts de recherche sur le Moyen-Orient, je trouve soit des Israéliens, soit des Juifs américains aux postes déterminants.
On peut adopter deux attitudes face à cela: l’une d’elles consiste à les maudire et à dire: « Ce sont tous les mêmes. » L’autre consiste à dire que ces personnes ont accompli des efforts importants et que j’aurais dû en faire autant, mais que je ne l’ai pas fait.
(…)
Nous limitons l’Amérique à son président. L’Amérique est plus que cela. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut aimer ou haïr l’Amérique, mais que nous devrions la comprendre. L’Amérique, c’est le Congrès, le Département d’Etat, le Département de la Défense, les instituts de recherche, la société civile…
(…)
L’Amérique est une jungle d’organisations qu’il convient de comprendre. Il faut dialoguer avec elles. Si vous me demandez si le dialogue est une chose simple, [je vous répondrai] qu’il est très difficile. Il nécessite un très bon niveau d’anglais, une bonne compréhension de la mentalité occidentale et anglo-saxonne. Il faut intégrer que les intérêts sont la base de la pensée politique.
Les Anglais disent ‘fair enough’ [N.D.L.R. littéralement: c’est assez juste. Sens: ça me convient]. Il n’y a pas d’équivalent [de cette expression] en arabe. An arabe, c’est soit juste, soit injuste. ‘Fair enough’ est un concept relatif. C’est ainsi que fonctionne l’esprit anglo-saxon. C’est un esprit pragmatique, basé sur l’utilitarisme et les intérêts.
(…)
Nous ignorons le fait que par-delà le pouvoir des armes, de la politique et de l’argent se trouve un quatrième pouvoir: le pouvoir du savoir. Nous sommes faibles sur ce quatrième aspect.
Interviewer: Et l’Amérique ?
Tareq Heggy: L’Amérique aussi ; c’est pourquoi on joue avec elle.
Interviewer: Et qui est fort ?
Tareq Heggy: L’Europe et toutes les organisations juives dans le monde.
(…)
Je sais que tous les ambassadeurs arabes [aux Etats-Unis] sont en bons termes avec l’Institut du Moyen-Orient. C’est le dernier endroit où je me rendrais. Pourquoi ? Parce qu’il nous soutient [les Arabes] fortement. Pourquoi irais-je voir Ned Walker, ancien ambassadeur en Egypte, qui dirige l’Institut, et qui est déjà de notre côté ?
(…)
Ahmadinedjad, qui a dernièrement été élu [en Iran]… Parfois quand je le vois parler, le message que je reçois est: ‘Ô toi, qui veux m’attaquer, hâte-toi.’ Est-ce là le rôle d’un politicien ? Pourquoi vous mêlez-vous de problèmes tels que… ? Est-ce qu’un être doué de raison peut croire que l’on va installer Israël en Allemagne de l’Est ?
(…)
Je suis pessimiste par rapport à l’Iran.
Interviewer: Est-il possible que l’Iran soit attaqué ?
Tareq Heggy: Je ne sais pas, mais le conducteur de ce pays est comparable à un chauffeur qui insisterait pour conduire après avoir vidé les freins du véhicule et ôté ses lunettes… Il descend la pente sans freins, inconscient des conséquences de ses actions. »