Réforme dans le monde arabe
Pour la première fois, la prière du vendredi dirigée par une femme: réactions à un précédent historique
Le 18 mars 2005, pour la première fois de l’histoire de l’islam, une femme a mené la prière du vendredi devant une assemblée mixte. L’imam se nomme Dr Amina Wadud; c’est une musulmane américaine d’origine indienne, professeur d’études islamiques et auteur d’un ouvrage intitulé «Le Coran et la femme: relecture du Texte saint dans une perspective féminine.»
La principale organisatrice de l’événement est Asra Nomani, musulmane née en Inde, écrivain et autrefois journaliste au Wall Street Journal, à l’origine du Muslim Women’s Freedom Tour, dont l’objectif est d’instruire les musulmanes et de les encourager à revendiquer leurs droits. A l’origine de ces prières du vendredi se trouve aussi l’organisation américaine Muslim Wakeup ! Les prières du vendredi ont eu lieu à l’Eglise épiscopale divine St John de la ville de New York, suite au refus de nombreuses mosquées de les abriter, pour cause de menaces d’éléments extrémistes.
L’appel à la prière a aussi été effectué par une femme, qui s’est en outre exécutée tête découverte. Une centaine de personnes ont participé au service.
Les organisatrices ont affirmé que leur but était de mettre à l’ordre du jour la question de l’égalité des droits entre hommes et femmes, soulignant que les femmes sont en droit d’être des leaders spirituels en islam.
La semaine suivante, la prière du vendredi a de nouveau été dirigée par une femme, cette fois à Boston, par une musulmane américaine du nom de Nakia Jackson. Cette même semaine, Asra Nomani elle-même a dirigé une prière mixte à l’université de Brandeis, déclarent qu’elle continuerait d’organiser aux Etats-Unis des prières dirigées par des femmes.
L’initiative du Dr Wadud a suscité la colère des dignitaires religieux, qui ont rejeté la possibilité que la jurisprudence islamique puisse autoriser les femmes à conduire la prière. Ils ont déclaré qu’il s’agissait là d’une innovation interdite par l’islam, vu que les «mères des croyants» (en référence aux femmes du Prophète Mahomet) n’avaient pas créé de précédent en la matière. Les musulmans croyants, ont-ils expliqué, considèrent le corps de la femme comme «lubricité et parties génitales» et comme «susceptible de distraire les hommes de l’objectif du culte: la soumission a Dieu.» Pour cette raison, le culte au sein d’une assemblée mixte est aussi défendu; la coutume veut que les hommes prient à l’avant de la mosquée et les femmes à l’arrière.
Outre les objections posées par la jurisprudence, ceux qui refusent que le culte soit dirigé par une femme ont en outre affirmé que l’acte du Dr Wadud contribuait à l’instauration d’un «islam américain» dans les pays arabes. Pour consulter le rapport des opinions exprimées par différents dignitaires religieux et façonneurs d’opinion, lire l’Enquête et analyse n° 227 en anglais sur http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA22705
Débat public au Koweït autour du nouvel amendement accordant des droits politiques aux femmes
Le 16 mai 2005, l’Assemblée nationale du Koweït (Parlement) a approuvé le projet de loi du gouvernement d’amender la loi sur les élections en accordant aux femmes le droit de vote et d’éligibilité. Le premier article de la loi sur les élections de1962 au Koweït limitait le suffrage aux seuls hommes, affirmant que voter était le droit «de tout citoyen koweitien de sexe masculin de 21 ans et plus».Le nouvel article accorde ce droit aux femmes également, le texte étant dorénavant «tout Koweïtien de 21 ans et plus», ce qui rend la loi conforme à la Constitution koweïtienne de 1962, dont l’article 29 stipule que «tous sont égaux en dignité humaine, droits et devoirs devant la loi».
Ce projet d’amendement a été ratifié par le Parlement après de longues discussions. Il a été approuvé en première lecture, le 15 fevrier 2005, rejeté en seconde lecture, le 2 mai 2005 pour être enfin adopté au troisième vote, intervenu le 16 mai 2005.
Avant et pendant l’examen du projet de loi, la question du vote et de l’éligibilité des femmes a fait l’objet d’un vif débat au Koweït. Les partisans du projet de loi ont déclaré que les Koweitiennes, à l’instar des femmes du monde entier, devaient pouvoir exercer leurs droits politiques – comme aux premiers temps de l’islam. Les adversaires du projet de loi ont opposé qu’il s’agissait là d’une capitulation face aux pressions occidentales et que la participation des femmes aux élections allait à contre courant de l’islam, les femmes n’étant pas habilitées à intervenir dans le processus politique.
Le rapport de MEMRI passe en revue les différents avis manifestés au Koweït sur la question du vote et de l’éligibilité des femmes, avant et après ratification de l’amendement. Lire l’Enquête et analyse n° 228 en anglais sur http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA22805
Un intellectuel palestinien contre le phénomène négationniste dans le monde arabe
L’intellectuel palestinien George Catan, résidant en Syrie, est chroniqueur du site libéral www.metranparent.net. Il a dernièrement publié un article sur le phénomène négationniste dans le monde arabe. Il note que l’extermination de millions de Juifs en Europe pendant la seconde guerre mondiale est sujet à débat parmi les historiens occidentaux, remarquant: «Certains estiment que le nombre de victimes et les méthodes d’extermination ont été exagérés. Se basant sur cette minorité, les écrivains arabes ontmis en doute la réalité de l’Holocauste (…)»; «Certains [écrivains arabes] mettent en doute le nombre officiel de victimes (…)»; «[certains] accusent les leaders sionistes d’avoir participé à l’extermination (…) afin de convaincre le monde que la seule solution au problème du sauvetage des Juifs était de soutenir la création de leur Etat.» L’auteur remarque que «de même que la théorie de la suprématie de la race allemande sur les autres nations fut le prétexte de l’Holocauste nazi contre les Juifs et les peuples d’Europe, (…) Il existe parmi les Arabes des gens qui se prennent pour la meilleure nation au monde (…) et [qui pensent] que l’on devrait donc entreprendre le djihad, lequel peut se transformer en extermination(…) ». Il conclut que «propager les concepts démocratiques et laïques à travers le monde et instruire les générations futures au respect de la vie humaine» permettra d’entraver toute intention d’extermination.
Lire la dépêche spéciale n° 926 en anglais sur http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP92605