Le premier mars 2005, le quotidien Saudi Gazette a publié un article d’ Al-Amin Andalusiintitulé «Les musulmans andalous commémorent l’exode collectif.»
L’article s’intéresse à la façon dont les descendants des musulmans expulsés en 1502 de ce qui était alors Al-Andalus (l’actuelle Espagne) commémorent encore l’événement. L’article indique en outre que ces descendants attendent toujours des excuses publiques du Roi d’Espagne Juan Carlos pour l’expulsion de leurs ancêtres. Voici une traduction de l’article: [1]
«Les musulmans d’Al-Andalus (l’actuelle Espagne) commémorent encore chaque année l’événement dans la douleur»
«Après plus de cinq siècles, les musulmans d’Al-Andalus (l’actuelle Espagne) commémorent encore chaque année dans la douleur l’exode massif de leurs ancêtres vers l’Afrique du Nord, provoqué par le pouvoir espagnol.
Les Maures, le nom donné aux musulmans qui vivaient en Espagne après la chute du dernier bastion de Grenade en 1492, furent soumis à un éventail de persécutions, tortures, meurtres collectifs, conversions forcées au christianisme, à la célèbre Inquisition espagnole et à un exode de masse qui commença en février 1502.
Aujourd’hui, près de quatre millions de leurs petits-fils vivent dans des pays d’Afrique du Nord comme le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.
Depuis, chaque année, ils commémorent ces douloureux événements pour raviver le supplice de leurs aïeux, a rapporté dimanche sur http://IslamOnline.net l’historien marocain Bin Azouz Hakim, spécialiste de l’histoire des Maures.
Les descendants des Maures au Maroc, regroupés dans des villes telles que Tanger, Fez, Marrakech et Rabat, commémorent chaque année la chute de Grenade et d’Al-Andalus, reprise en 1492 par les troupes espagnoles au cours du long processus appelé la Reconquista sous les monarques catholiques Isabelle I de Castille et Ferdinand II d’Aragon.
Les descendants, qui pour nombre d’entre eux portent encore des noms de famille espagnols, marquent l’anniversaire par des symposiums, de la musique andalouse et des spectacles mettant en scène les souffrances de leurs ancêtres. La ville de Shafshoun au Nord, construite par les Maures lorsqu’ils furent forcés de fuir vers le Maroc, a encore une atmosphère mauresque avec son architecture andalouse et ses costumes mauresques traditionnels.»
Excuses
«En 2002, Hakim a envoyé un message, signé par des notables maures, au Roi d’Espagne Juan Carlos, lui demandant d’adresser publiquement des excuses aux descendants des Maures.
Le message est resté lettre morte. Hakim a toutefois envoyé un autre message au roi, lui demandant d’expliquer pourquoi il avait rejeté son appel alors qu’il avait présenté ses excuses aux Juifs lors d’une visite en Israël en 1992 pour l’exode collectif d’Al-Andalus.
Je pense que cela s’explique par le fait que n’avons pas de lobby puissant comme les Juifs, qui exploitent de leur mieux le passé pour obtenir des compensations financières, explique Hakim.
Or les musulmans ne cherchent qu’une compensation morale et c’est pourquoi, ironiquement, l’Espagne est inflexible, ajoute-t-il.
L’expert s’est aussi opposé à une médiation marocaine pour obtenir les excuses tant espérées.
C’est un droit inaliénable des Maures. Il est absurde que le roi d’Espagne se soit excusé auprès des Juifs appartenant à ce qui est aujourd’hui Israël, et qui n’ont aucun rapport avec les sépharades (les Juifs d’Al-Andalus), alors qu’il est peu disposé à exprimer ses regrets aux descendants des Maures.
Après un silence de presque 500 ans, l’ adhan (l’appel à la prière) et le cri du muezzin, «Allahu Akbar» (Dieu est le plus grand) ont retenti, le 10 juillet 2003, depuis le minaret de la Grande mosquée de Grenade.
Le site de la mosquée a été acheté il y a 22 ans, alors qu’il ne s’agissait à l’époque que d’un petit lopin de terre arable, coincé entre un couvent et une église au sommet de l’Albaicin, le dernier quartier musulman de Grenade.»
[1] Saudi Gazette, 1er mars 2005.