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29 October 2004
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Retour sur les coupons de Saddam Hussein

Introduction

Le quotidien irakien Al-Mada («Horizon») est le premier journal à avoir publié la liste des 270 individus et organisations ayant bénéficié de coupons pétroliers accordés par le régime de Saddam Hussein. [1] L’objectif du régime était soit de permettre aux bénéficiaires de vendre ces coupons pour en retirer un bénéfice facile, soit de leur permettre d’acquérir du pétrole à des prix préférentiels. Il était entendu que ces coupons permettraient à leurs propriétaires ultimes d’acquérir du pétrole irakien à prix suffisamment réduit pour laisser une marge de bénéfice au bénéficiaire du coupon, à l’intermédiaire, à la société pétrolière et, dans certains cas, au régime lui-même, sous forme de surtaxe – ou de pots de vin – prélevés sur les exportations de pétrole irakien.

Al-Mada distingue deux catégoriesde bénéficiaires : ceux ne possédant pas de raffineries ou n’étant pas apparentés au marché du pétrole («utilisateurs non finaux»), et les autres («utilisateurs finaux»). Al-Mada précise que sa liste n’inclut que les éléments de la première catégorie ainsi que les sociétés intermédiaires. Cette liste d’Al-Mada a donné lieu à de multiples enquêtes.

Rapport Duelfer et coupons

Sur la base d’un examen approfondi des données du ministère irakien du Pétrole, et de sa branche chargée du marché du pétrole, l’Organisation du marché de pétrole de l’Etat (OMPE), le Rapport Duelfer, publié en septembre 2004, fournit la liste complète des coupons pétroliers cédés par le régime de SaddamHussein pendant toute la durée du programme Pétrole contre nourriture, dès le début de sa mise en œuvre – en 1996-7 – et jusqu’à sa dernière phase, correspondant à la chute du régime. [2]

A quelques rares exceptions près, tous ceux qui figurent sur la liste d’Al-Mada figurent aussi sur la liste Duelfer. Ceci est une première confirmation de l’authenticité de la liste d’Al-Mada. Les deux listes comportent toutefois quelques différences dans les détails. La liste d’Al-Mada mentionne l’attribution de barils de brut dans chaque coupon, tandis que le Rapport Duelfer fait la liste des coupons selon les trois désignations suivantes:

a. Le nombre de barils attribués par rapport au nombre de barils exportés. D’après le Rapport Duelfer, à la fin de la dernière phase du programme Pétrole contre nourriture, l’Irak avait alloué 4.4 milliards de barils de pétrole, alors que seuls 3.4 milliards de barils avaient véritablement été exportés. [3]

b. Les contrats signés classés comme «non remplis», ce qui signifie que la transaction a été conclue mais que le pétrole n’a jamais été exporté, pour des raisons inconnues.

c. La «désignation zéro» signifie en outre que le coupon a bien été attribué mais que rien n’a été fait par le bénéficiaire ou l’OMPE. Certains de ces bénéficiaires ont refusé de payer une surtaxe sur d’anciennes expéditions et se sont ainsi vu refuser de nouvelles expéditions par l’OMPE. D’autres raisons pourraient probablement expliquer pourquoi certains bénéficiaires n’ont pas tiré profit de la valeur de leurs coupons.

Personnages inattendus parmi les bénéficiaires des coupons

Certains bénéficiaires des coupons de pétrole sortent du lot. C’est le cas deMawlana Abd El-Manan, bénéficiaire de 43.2 millions de barils, dont la plus grande partie a été exportée par la branche suisse de la société russe Lukoil. L’une des expéditions a été effectuée par «Jordan Grain», nom peu ordinaire…

Une lettre des services de renseignements irakiens datée du 15 septembre 1999 fait référence à Al-Manan, ce qui ne manque pas d’intriguer. La lettre évoque un ordre transmis par téléphone par «Son Excellence, le chef des Renseignements» àM5/15/2, lui demandant d’héberger «Moulana Mohammed Abd El-Manan du Bengladesh et son fils MohammedMouïne à l’hôtel Rachid de Bagdad aux frais de la Moukhabarat.» [4]

Abou Al-Abbas, directement impliqué dans des affaires terroristes, est le bénéficiaire de 11.5 millions de barils, dont une partie a été exportée par Vilma Oil Consultant, société espagnole. Abou Al-Abbas a en outre vendu 1.5 millions de barils par l’intermédiaire d’Ayad Ammora et société (Syrie), qui figure également sur la liste des bénéficiaires de coupons – pour 18 millions de barils.

Abou Al-Abbas a d’abord été mentionné dans une lettre «top secret et confidentielle» (n°110/43 du 25 janvier 1993) des services de Renseignements irakiens au secrétaire du président de la République. La lettre comportait une liste des organisations terroristes susceptibles d’être employées par l’Irak pour des opérations de sabotage ou de terrorisme contre les intérêts américains dans le monde arabe.

Il convient aussi de mentionner l’écrivain syrien Hamida Nannaa, auteur d’une biographie sur l’ancien vice-Premier ministre irakien Tariq Aziz; elle travaillait sur la biographie d’Ali Hassan Al-Madjid, connu sous le nom d’«Ali le chimique». Mme Nannaa a fait des affaires par le biais de Gemmar (société suisse), de Petroleum (société du Panama), et a en outre été liée à la société africaine Petroleum Limited (Namibie). Son dernier contrat «n’a pas été rempli».

Gemmar est la société commerciale employée également par la Société d’amitié franco-irakienne (15.1 millions de barils), l’ancien ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua (12 millions de barils) et le Libanais Alias Al-Farzali (de nombreux coupons), mentionné dans la catégorie France.

Khalid Gamal Abdoul Nasser (fils de l’ancien président égyptien Gamal Abdoul Nasser), qui a reçu pour 16 millions de barils, a eu recours à la société suisse Lex Oil, ainsi qu’à la société irako-égyptienne et à une autre société appelée «Société de revenu», figurant également sur la liste de bénéficiaires de coupons. Il pourrait s’agir de la même affaire dans ces deux derniers cas, mais cela reste à vérifier.

Le parti travaille roumain (5.5 millions de barils) a choisi de faire affaire en recourant aux Puits de pétrole nationaux du Qatar.

Il convient aussi de mentionner Bassim Qaqish, dont les multiples coupons figurent dans la catégorie Espagne. Les journaux espagnols ont surtout noté que Javier Robert avait reçu des coupons, et n’ont pratiquement rien dit de Qaqish.

Le cas le plus inattendu est probablement celui de Benon Sevan, directeur onusien du programme Pétrole contre Nourriture.M. Sevan, identifié aux Nations Unies tout en étant mentionné dans la catégorie Panama, a reçu de nombreux coupons. Le dernier, bon pour 1.5 millions de barils, semble coïncider avec la visite de M. Sevan en Irak et plus précisément avec sa rencontre avec le vice président irakien Taha Yassine Ramdan en février 2002. Babil (quotidien appartenant à Ouday, fils de Saddam Hussein) rapportait que lors de cette réunion, M. Sevan déclarait que le programme «souffrait de paralysie». Après s’être entretenu avec Sevan, Ramadan déclarait: «Nous appelons les Nations unies à remplir leur rôle en assurant l’exécution du mémorandum relatif au programme Pétrole contre nourriture.» [5]

Le quotidien irakien gouvernemental Al-Thawra comparait Sevan à d’ «autres honnêtes employés des Nations unies», faisant référence à Dennis Haliday (irlandais) et Hans von Sponeck (allemand), représentants successifs des Nations unies en Irak pour les Affaires humanitaires. [6] Jusqu’à la destitution de Saddam Hussein, ces deux responsables des Nations unies avaient accordé de nombreuses interviews pour la pesse et la télévision, dénonçant les sanctions des Nations unies comme mauvaises pour le peuple irakien.

Des coupons aux immigrants irakiens

Un grand nombre d’individus qualifiés d’immigrants irakiens sont mentionnés dans le Rapport Duelfer, mais pas dans celui d’Al-Mada. Zkyad Al-Hadi aurait bénéficié de deux expéditions d’un million de barils chacune, transportés en son nom par ce qui semble être la même société avec des variations orthographiques: Berinco, puis Perenco. Elle est identifiée comme une société britannique.

Un autre immigrant, du nom de Riad Al-Taher, aurait reçu deux millions de barils par Buella Resources, société irlandaise. Il aurait été attribué à un troisième immigrant du nom de Faïq Sharif 3 millions de barils. Il est curieux que ces individus aient été qualifiés d’ «immigrants irakiens», vu l’état des relations de Saddam Hussein avec les Irakiens en exil. On en déduit que ces trois individus servaient probablement, d’une manière ou d’une autre, les intérêts du régime à l’étranger.

Noms du Rapport Duelfer n’apparaissant pas dans la liste d’Al-Mada.

Le Rapport Duelfer mentionne dans sa liste une série d’individus et d’organisations qui ne semblent pas être des «utilisateurs non-finaux» et qui auraient donc dû être inclus à la liste d’Al-Mada. Voici, par pays, la liste de ces bénéficiaires et le nombre de barils octroyés:

Malaisie

Abdallah Badawi (2 millions), actuel Premier ministre de Malaisie qui lutte contre les allégations de corruption dans son pays

Iran

Moudjahidine Khalq (plusieurs coupons). Il s’agit d’une organisation terroriste iranienne sponsorisée par Saddam, à qui il a été permis d’opérer à partir du sol irakien contre des cibles iraniennes. Ils ont vendu leurs coupons par le biais de la Century Marketing, identifiée comme étant une société britannique.

Roumanie

Ion Christian Nicolae (1.5 millions de barils)

Russie

– M. Yelloshin (3 millions de barils) – directeur du bureau du président russe

– M. Gutzariv, membre du Parlement: 2 millions de barils exportés par Slavneft

– Parti de la paix et de l’unité (plusieurs coupons) – exportés par Lukoil

Yougoslavie

Parti yougoslave radical (4 millions de barils)

Contrats non remplis

Parmi les noms de la liste d’Al-Mada se trouvent ceux d’individus et d’organisations qui, selon le Rapport Duelfer, n’ont pas tiré profit de leur droit de vente de ces coupons et entrent donc dans la catégorie des «contrats non remplis» ou «nuls». L’apparition de ces noms dans le système des coupons montre toutefois jusqu’où le régime irakien est allé pour gagner l’amitié de ceux qu’il considérait comme des atouts politiques potentiels.

Parmi ces derniers figurent le ministre arménien des Affaires étrangères, le Parti hongrois de l’intérêt, Najah Wakim et Oussama Marrouf (Liban), l’ambassadeur du Nigeria en Irak, le Parti social démocratique d’Ukraine, et «les fils du président congolais». il convient en outre de noter que plusieurs individus ou organismes n’ont profité que partiellement de leurs coupons.

Questions en suspens

Malgré les efforts déployés par les auteurs de Rapport Duelfer pour apporter un maximum de réponses, des questions restent en suspens:

a. Comment distinguer un bénéficiaire censé tirer profit avantageusement et rapidement de son coupon en le vendant à un intermédiaire («utilisateur non final») d’un bénéficiaire – en général une société – ayant reçu des coupons lui permettant d’exporter du pétrole à prix réduit en échange du paiement d’une surtaxe ou d’un pot de vin?

b. Qui étaient ces intermédiaires et comment opéraient-ils? Quelle était leur marge de profit et devaient-il le partager avec une entité irakienne? Existait-il des restrictions concernant l’identité des bénéficiaires de coupons?

c. De quelle manière ce systèmefonctionnait-il ? Qui produisait les coupons et comment étaient-ils transmis? Existe-t-il des exemplaires de tels coupons?

Conclusion

Le Programme Pétrolecontre nourriture a donné lieu à un scandale international mettant en cause des gouvernements, des partis politiques et des individus de différents pays. Ce scandale révèle jusqu’où le régime irakien était prêt à aller pour corrompre des individus et des organisationsse trouvant, pour certaines, au sommet de leur pouvoir dans leurs pays respectifs, et ce que ce régime était prêt à faire pour contourner les sanctions imposées à l’Irak par le Conseil de Sécurité suite à l’invasion du Koweït.

Comme il a été mentionné plus haut, le Programme fait actuellement l’objet de plusieurs enquêtes. C’est un scandale de la taille d’un iceberg dont ce rapport ne fait qu’effleurer la pointe. De nombreux documents sont retenus par les organismes chargés des enquêtes tandis que plusieurs questions sont encore sans réponse ou sont seulement en voie d’être résolues.

Les Nations unies ont gagné un excédent d’un milliard de dollars pour l’administration de ce programme. Des questions légitimes ont été posées quant à la probité de certains responsables du programme et la transparence de leurs manœuvres. Les résultats de ces investigations pourraient avoir une influence décisive sur les Nations unies elles-mêmes.

*Le Dr Nimrod Raphaeli est responsable du programme d’études économiques du Moyen-Orient de MEMRI


[1] Voir l’Enquête et analyse n°160 sur les bénéficiaires des coupons de pétrole de Saddam Hussein

[2] Charles Duelfer, Comprehensive Report of the Special Adviser to the Director of the Central Intelligence on Iraq’s Weapons of Mass Destruction, le 30 septembre 2004.

[3] Ibid. p.28.

[4] Des références à des documents relatifs à la Moukhabarat irakienne peuvent être consultés sur le site de MEMRI

[5] Babil (Bagdad), le 12 février 2002. La visite de M. Sevan a aussi été couverte par le quotidien gouvernemental Al-Thawra (Bagdad), le 14 février 2002

[6] Al-Thawra (Bagdad), le 14 février 2002

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