L’attaque de l’école n ° 1 en Osséti en Russie, a généré un déluge de réactions dans les médias arabes et musulmans. Des journalistes ont condamné l’emploi de la terreur et de la souffrance des civils innocents, d’autres ont critiqué la tentative de libération échouée des forces de sécurité russes et certains ont donné la faute à des éléments juifs impliqués dans l’affaire. Beaucoup d’articles soutiennent également que les terroristes ne représentent pas l’islam et que l’Islam n’approuve en aucun cas la violence. Ils ont aussi fortement critiqué les dirigeants et les ecclésiastes musulmans qui incitent à la violence contre des civils au nom de l’islam. Voici quelques-unes des réactions à l’attaque:
Condamnation des actes terroristes
Un éditorial du quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram affirme: «Les événements dans la ville de Beslan sont un crime immonde contre l’humanité. Il est inconcevable que ceux ayant perpétré cette opération ait eu une raison [légitime] ou agi inspiré par leur croyance religieuse. C’est un groupe de meurtriers criminels et toute personne responsable de ces délits doit être pourchassée et jugée par la justice devant un tribunal international. Il est temps que tout le monde accepte la sainteté de la vie et [l’obligation] d’éviter de nuire à des civils […]». [1]
Le Dr Fahd Al-Fanek, un chroniqueur au quotidien jordanien Al-Rai, explique: «Nous comprenons que le peuple tchétchène ait une cause légitime et le droit à l’autodétermination et l’indépendance […] cependant, il est impossible de servir la cause tchétchène par le biais du terrorisme. La prise en otage d’enfants est un acte ignoble, indigne de quelqu’un qui défend une cause nationale et ne permet en aucun cas d’obtenir des résultats pour la nation; au contraire, elle ne sert qu’à unifier l’opinion publique mondiale contre cette cause […].
La prise d’otages de centaines d’enfants, et la mise en danger de leurs vies, est un acte vil, une opération suicide dans le vrai sens du terme, susceptible de provoquer la contrariété du monde civilisé et de le conduire à cesser sa compréhension pour les [objectifs] tchétchènes et à modifier la perception qu’ils ont d’eux, de combattants pour la liberté digne de soutien à des terroristes dignes de punition. Les actes terroristes du passé n’ont que réussi à porter atteinte aux causes des peuples [intéressés] et fournissent un prétexte moral aux forces du mal et aux agresseurs pour dominer les pays et leurs peuples, et les détruire […]. L’occupation de la Palestine, de la Tchétchénie et de l’Irak sont un mal qui nécessite une résistance, mais la différence entre la résistance et la terreur est de taille, et la confusion des deux sert [les intérêts] des occupants ». [2]
Dans le quotidien de l’Autorité Palestinienne, Al-Ayyam,sous le titre«Le déshonneur arabe à Beslan», le chroniqueur palestinien Hasan Al-Batan écrit: «Le jour d’horreur dans l’école à Beslan, ce premier septembre, devrait être désigné comme le jour international de condamnation de la terreur, comme dans le cas d’autres événements internationaux. Le Conseil de la Ligue Arabe devrait rendre visite [au pays] pour exprimer leurs condoléances au peuple russe et une délégation de dirigeants arabes devrait se rendre à Moscou […].
La participation de volontaires arabes dans la résistance contre l’intervention soviétique en Afghanistan reste compréhensible. La lutte aux côtés des rebelles en Tchétchénie l’est moins. Mais [pour quelle raison] doivent-ils participer à l’enlèvement d’enfants russes dans une école primaire? Il n’y a aucune circonstances atténuantes envers l’horreur inhumaine et le plus haut degré de barbarie qui se sont produits dans l’école primaire lors de la célébration de la rentrée [des classes]». [3]
«Les agresseurs ne représentent aucunement le vrai islam»
Abd Al-Rahman Al-Rashed, l’ancien directeur du quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat expose son point de vue dans un article intitulé «La triste vérité est que tous les terroristes sont musulmans»:
«Bien évidement tous les musulmans ne sont pas des terroristes, mais regrettablement la majorité des terroristes dans le monde est musulmane. Les kidnappeurs d’écoliers à Ossétie sont musulmans. Les ravisseurs et meurtriers des ouvriers et cuisiniers népalais sont aussi musulmans. Ceux qui ont violé et tué à Darfour sont musulmans et leurs victimes l’étaient également. Ceux qui ont fait exploser les complexes résidentiels à Riyadh et Al-Khobar sont musulmans. Ceux qui ont kidnappé les deux journalistes français sont musulmans. Les deux [femmes] qui ont fait exploser les deux avions [au-dessus de la Russie] il y a une semaine sont musulmanes. Ben Laden est musulman et Al-Houthi [le chef du groupe terroriste au Yémen] l’est aussi. Une grande majorité de ceux ayant perpétré des opérations suicides dans des bus, des écoles, des maisons et des immeubles à travers le monde, lors de ses dix dernières années, est également musulmane.
Quel terrible record! Ceci ne nous révèle-t-il pas quelque chose sur nous-même, notre société et notre culture? Si nous rassemblions toutes ces images dans l’espace d’une journée, nous nous rendrions compte que ces images nous sont difficiles, embarrassantes et humiliantes. Cependant, au lieu de les éviter et de leur donner des justifications, il nous appartient de tout d’abord reconnaître leur authenticité plutôt que de rédiger des articles et des déclarations éloquentes proclamant notre innocence […].
L’islam souffre d’une injustice aux mains des nouveaux musulmans […]. Nous pourrons rétablir notre réputation seulement une fois que nous aurons admis le fait évident et honteux que la plupart des actes terroristes dans le monde est perpétrée par des musulmans. Nous devons réaliser que la seule condition, afin de pouvoir corriger la situation de nos jeunes qui effectuent ces opérations honteuses, est de soigner l’esprit de nos cheiks, qui se sont reconvertis en prêcheurs révolutionnaires de pupitre, envoyant les enfants des autres se battre alors qu’ils envoient leurs propres enfants dans des écoles européennes». [4]
«Si les ‘héros’ de la violence et du terrorisme musulman ne représente pas le vrai islam, alors qui le représente?
Le chroniqueur Suleiman Al-Hatlan a écrit dans le quotidien gouvernemental saoudien Al-Watan, «Si les ‘héros’ de la violence et du terrorisme musulman ne représentent pas le vrai islam, alors qui le représente? La triste vérité est que les actes de violence et la barbarie qui sévissent actuellement ne sont rien d’autre qu’une conséquence naturelle de générations de musulmans trompés et endoctrinés par des déclarations [pleines] d’hostilité et de haine envers autrui au cours de ces [dernières] décennies, qui a aggravé le retard et l’ignorance du monde islamique. Il n’y a pas une seule nation sur la surface de cette terre qui n’ait pas eu à faire face à l’oppression et à la guerre, mais ces nations ont su défendre leurs droits en utilisant la logique et le savoir […], alors que dans notre monde islamique, les voix de l’obscurantisme poursuivent dans leurs plans de développer ignorance et retard, afin que la décadence, le manque de progrès et de direction règnent toujours plus». [5]
Sous le titre «Bouchers au nom d’Allah», le chroniqueur Khaled Hamad Al-Suleiman a écrit dans le quotidien gouvernemental saoudien Okaz: «Les propagandistes du Djihad ont réussi dans l’espace de quelques années à déformer l’image de l’islam, alors que les ennemis de l’islam n’y ont pas réussi au cours de centaines d’années. Ils ont réduit l’islam d’aujourd’hui a être associé à décapitations, tranchages de gorges, enlèvement de civils innocents et aux kamikazes. L’image qu’ils ont créé des musulmans, aux yeux du monde, est celle de barbares et de sauvages qui ne sont bon à rien mis à part massacrer les gens […]
Il est temps pour les Musulmans d’être les premiers à s’engager contre ceux qui veulent prendre l’islam en otage, comme ils l’ont fait avec des enfants innocents. Ceci est aujourd’hui le vrai Djihad et ceci est notre devoir, en tant que musulmans croyants, envers notre religion monothéiste ». [6]
«Aujourd’hui, les Arabes et les musulmans ne contribuent en rien à la civilisation et au progrès à part le sang, les têtes tranchées, les corps brûlés, l’enlèvement et le meurtre d’enfants»
Le chroniqueur irakien Aziz Al-Hajj a écrit sur le site Internet progressif www.elaph.com:
«Quel genre de cause nationale est [la cause tchétchène] qui se sert d’enfants comme de l’essence pour enflammer une guerre totale de destruction, au nom de la liberté nationale et religieuse ? [… ] Le terrorisme arabe-islamique est devenu le plus grand danger au monde et menace la civilisation, la sécurité et la vie partout. Aujourd’hui, il est le symbole du mal, du fanatisme religieux, de la dégradation morale et l’essence du crime politique dans le monde actuel […]. Le terrorisme islamique est le résultat de l’islam politique «modéré», comme il est généralement décrit. La dernière preuve est le récent dictat [ fatwa ] religieux du cheik [Youssef] Al-Qaradhawi appelant au massacre de tous les Américains en Irak [… ]
Aujourd’hui, les Arabes et les musulmans ne contribuent en rien à la civilisation et au progrès à part le sang, les têtes tranchées, les corps brûlés et l’enlèvement et le meurtre d’enfants.Le Djihad religieux et la galanterie arabe se sont transformés en l’art d’exploser, de piéger et de faire couler le sang. Quelle innovation et quelle contribution sociale de la part des Arabes au 21ème siècle!!» [7]
Faisal Al-Qina’i, un chroniqueur pour le journal koweïtien Al-Siyassa, note: «[…] Ces sauvages ne sont pas des musulmans mais plutôt [… ] des ennemis de l’islam. Leur but est de déformer l’image de la religion islamique, faire du tort aux musulmans, ralentir la propagation de l’islam et la transformer en une religion paria haïe et rejetée par le monde entier [… ] Il est attristant de lire et d’entendre ceux qui sont supposés être des religieux musulmans, tel que Youssef Al-Qaradhawi et d’autres de son genre, qui, au lieu de défendre l’islam véritable, encouragent ces actions cruelles et permettent la décapitation, le meurtre et la prise d’otages [… ] il y a le vrai islam et puis il y a ceux qui s’en égarent et ils sont plus dangereux que les juifs». [8]
Bater Wardam, un chroniqueur pour le quotidien jordanien Al-Dustour, écrit: «Il est toujours facile de se réfugier dans des illusions et de donner la responsabilité des crimes des organisations terroristes arabes et musulmanes au Mossad, aux Sionistes et au service de renseignements américain, mais nous savons tous que ce n’est pas le cas et que ceux qui assassinent les civils innocents en Irak après les avoir enlevés, ceux qui ont transformé les avions civils en bombes destructives, ceux qui ont explosé des trains bondés de civils innocents et ceux qui ont tiré sur des enfants dans une école en Ossétie, viennent d’entre nous. Ce sont des Arabes et des musulmans, qui prient, jeûnent, se laissent pousser la barbe, exigent le port du voile et demandent la défense des causes islamiques. Par conséquent nous devons tous élever nos voix, les renier et s’opposer à tous ces crimes [… ] Celui qui reste silencieux, face au meurtre d’enfants, devient complice du crime. [Ce qui est] encore pire, [c’est que] nous utilisons la même partialité morale que l’Ouest emploie concernant la vie des gens». [9]
Critique de la régie russe de l’affaire
Le chroniqueur Fawwaz Al-Ajami a écrit dans le quotidien du Qatar, Al-Sharq: «Il est impossible de corriger une erreur par une autre erreur et il est impossible d’opposer le terrorisme par le terrorisme. Il y a beaucoup de manières et de méthodes avec lesquelles il aurait été possible de sauver les vies de ces enfants innocents. La prise d’assaut barbare de cette école par les Russes n’était pas moins ignoble ou terroriste que le terrorisme de ces ravisseurs d’enfants. Ainsi, le terrorisme d’état devient l’équivalent du terrorisme individuel avec des civils innocents comme victimes […]». [10]
Le chroniqueur iranien Naser Imani a écrit un article dans le quotidien iranien conservateur Risalat intitulé, « La méthode russe pour résoudre le problème du terrorisme »:
«La Russie a effectué une attaque à grande échelle contre l’école dans laquelle des personnes armées avaient pris en otage un grand nombre d’élèves et de civils innocents. Ce faisant, elle a tué de nombreux otages et beaucoup d’entre leurs capteurs, afin d’en finir avec l’affaire. Cet événement est semblable à l’incident de la prise d’otage dans le théâtre de Moscou. En cette instance, le gouvernement russe a également effectué une attaque a grande échelle afin de mettre un terme à l’affaire à n’importe quel prix, sans prendre en compte le nombre de morts.
L’administration américaine utilise cette même logique dans sa lutte contre le terrorisme, une logique qui veut que le nombre de victimes sans défenses soit inconséquent. Mais ces méthodes violentes, qui sont appliquées de la façon la plus dure, n’ont-elles pas pour résultat d’enraciner le terrorisme encore plus […]?
On doit prendre note du fait que l’inégalité politique et économique qui existe dans le monde d’aujourd’hui est le facteur principal de la création du terrorisme et de sa persistance. Les puissances du monde réagissent au terrorisme par la violence afin de justifier leurs politiques internationales. Elles se rendent bien compte que la violence actuelle ne provoquera pas un déracinement du terrorisme, mais poussera plutôt les terroristes à s’empresser encore plus d’atteindre leurs objectifs et d’améliorer leurs méthodes». [11]
Les juifs sont derrière l’attaque
Dans le quotidien gouvernemental jordanien Al-Dustour,le chroniqueur George Haddad écrit: «Plus d’un commentateur russe et un certain nombre de journalistes sur les chaînes satellites ont précisé que les services de renseignements russes ont de l’information au sujet des «contributions» que certaines des factions tchétchènes ont reçu de la part d’oligarques juifs de la finance, de la communication et du pétrole […] [Ce sont] les propriétaires de sociétés et de milliards qui ont été volés au peuple russe, qui, après l’arrivée au pouvoir de Putin et l’établissement de son gouvernement, ont été recherchés pour escroquerie, fraude et évasion fiscale […].
Le but le plus important du gang de juifs recherchés était de déformer l’image [publique] de Putin et de le présenter comme quelqu’un qui n’est pas maître de la situation, [incapable] de contenir l’anarchie et qui ramène le pays et ses résidants aux jours de la répression, la dictature et le contrôle d’état». [12]
Le chroniqueur Ghassan Makhal a écrit dansle quotidien du Qatar Al-Sharq: « Qui se tient derrière l’opération de prise d’otages? Le gouvernement russe accuse les tchétchènes mais, à ce jour, il n’a pas divulgué un seul nom de personne impliquée dans l’opération, ceci malgré le fait qu’il détient, de son propre aveu, les corps de plus de trente personnes. Le Président et rebelle tchétchène, Aslan Maskhadov, ont également déclaré que les tchétchènes n’ont rien à voir avec l’opération […].
Il est probable que la chute des avions à Moscou [sic] et l’opération contre l’école à Beslan faisaient partie de la lutte du gouvernement de Putin contre la mafia [russe], qui a des liens avec Israël. Par conséquent il est possible que le ministre des Affaires Etrangères russe soit en Israël pour négocier, conclure un accord ou au moins pour obtenir une promesse de la part de Sharon qu’il négociera [entre le gouvernement] et cette mafia». [13]
[1] Al-Ahram (Egypte), 4 septembre 2004.
[2] Al-Rai (Jordanie), 5 septembre 2004.
[3] Al-Ayyam (AP), 6 septembre 2004.
[4] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 4 septembre 2004.
[5] Al-Watan (Arabie Saoudite), 6 septembre 2004.
[6] Okaz (Arabie Saoudite), 5 septembre 2004.
[7] www.elaph.com, 4 septembre 2004.
[8] Al-Siyassa (Kuweit), 5 septembre 2004.
[9] Al-Dustour (Jordanie), 5 septembre 2004.
[10] Al-Sharq (Qatar), 6 septembre 2004.
[11] Risalat (Iran), 5 septembre 2004. Les journaux iraniens ont également critiqué les actions des forces russes à la suite de l’affaire tchétchène du théâtre de Moscou en septembre 2002.Le journal conservateur Jomhouri Eslami,qui est lié au leader iranien Ali Khamenei,a déclaré: «Parmi les nombreuses solutions [possibles] à l’affaire de prise d’otage, les Russes ont choisi la pire [et] celle engendrant le plus de morts et de blessés […] Naturellement, le peuple tchétchène n’a eu d’autre choix que de faire entendre la voix des opprimés de part le monde et de réveiller sa conscience endormie. Les Russes […] doivent également se rendre compte du fait que le massacre de plus de 30 tchétchènes armés provoque une grande colère contre les Russes parmi la jeune génération de tchétchènes et encourage des milliers de tchétchènes à combattre pour chaque goûte de sang de ces 30 personnes qui a coulé […]» ( Jomhouri Eslami (Iran) le 27octobre 2002).Lequotidien Kayhan International,qui a également des liens avec Ali Khamenei note: «Un peu de prudence de la part des autorités russes aurait évité la catastrophe et réduit l’énorme nombre de morts parmi les citoyens ordinaires. Ils auraient pu être prudents à un moment où les muscovites, frustrées de devoir payer de leur vie les politiques de leur gouvernement dans une terre lointaine, protestaient avec d’audacieuses pancartes près du Kremlin en faveur de négociations avec les tchétchènes afin de mettre un terme à la guerre non désirée dans le Caucase du nord». Kayhan International (Iran), 28 octobre 2002, cité dans IRNA (Iran), 28 octobre 2002).
[12] Al-Dustour (Jordanie), 6 septembre 2004.
[13] Al-Sharq (Qatar), 6 septembre 2004.