Le quotidien irakien Al-Taakhi, journal officiel du Parti Démocrate Kurde (KDP) publie, le 1er mars 2004, un document des Renseignements de Saddam Hussein, envoyé le 20 mars 2002 à un centre d’information gouvernemental. Le document donnait l’ordre de financer la visite en Irak du journaliste égyptien Sayyed Nassar, en mars 2002, y compris son séjour à l’hôtel Meridian de Bagdad.
Selon le journal, «le document témoigne des bonnes relations entre Sayyed Nassar et les services de renseignement irakiens de l’époque; sa visite à Bagdad, où il a été accueilli par les services secrets de Saddam, témoigne de ses liens étroits avec le centre de renseignements irakien [1] , qui siégeait autrefois en Egypte».
Ce rapport est une occasion de découvrir ce que Sayyed Nassar a autrefois écrit sur l’Irak.
MEMRI a publié deux de ses articles antérieurs. L’un était une interview exceptionnelle de Saddam Hussein avant la guerre, [2] et l’autre a été rédigé après l’arrestation de ce dernier. [3] Dans sa rubrique de l’hebdomadaire égyptien d’opposition, Al-Usbu’ (numéro du 23 février 2004), et cité par ailleurs dans le quotidien londonien Al-Qods Al-Arabi, le 25 février 2004, Nassar réagit comme suit à l’affaire des bons de pétrole: «C’est une bataille créée de toutes pièces par les services secrets américains. Il faut savoir qui l’a déclenché, qui l’a embellie et déformé. Le responsable est un ancien agent russe, aujourd’hui agent pour l’Amérique et Israël. Il fut le premier à entrer [en Irak] dans un tank américain. Il est arrivé de Chypre après que les services secrets syriens – ayant découvert qu’il était agent double – l’eurent expulsé, à l’issue de plus de 20 années passées en Syrie, sous prétexte que le régime irakien le pourchassait. Il est le rédacteur en chef du journal Al-Mada, qui a publié une liste de 270 noms, dont ceux d’écrivains et de journalistes arabes, d’un petit nombre d’étrangers, et de plusieurs hommes d’affaires et de politiciens ayant reçu des bons de pétrole de Saddam […]»
Dans l’article, Nassar prétend aussi détenir des secrets de Saddam datant de son interview d’avant-guerre, qu’il n’entend partager avec personne.
[1] D’après un rapport du 17 février 2004 publié dans le quotidien londonien en langue arabe Al-Hayat, le quotidien Al-Mutamar, porte-parole du Congrès national irakien, annonçait l’existence d’un autre journaliste en contact avec les services de renseignement de Saddam: Faisal Al-Qassim, de la chaîne de télévision satellite Al-Jazira. Dans un récent épisode de son émission télévisée Direction opposée, Al-Qassim évoquait l’affaire des bons de pétrole, prenant la défense des accusés et critiquant les Irakiens qui collaborent avec les Etats-Unis.
Voir MEMRI, Enquêtes & Analyses n° 164