Dans un article du quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram , l’écrivain égyptien Anis Mansour appelle le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat à ne pas manquer l’occasion de négocier avec Israël. Voici quelques extraits de l’article: [1]
«Ô Abou Ammar [Yasser Arafat],
Vu les tourments du tombeau que vous endurez à Ramallah, il ne vous reste plus qu’à suivre le conseil de [l’ancien président] Anouar Al-Sadate, que le président Moubarak ranime à votre attention. Ecoutez les paroles de ceux qui bénéficient de plus d’expérience, d’un jugement plus sage et d’une vision plus claire [que vous].
Ce conseil vous invite, vous ou celui qui vous représente, à vous asseoir [pour négocier] et à évoquer les exigences [des Palestiniens] devant le monde entier. Vous n’êtes pas sans savoir que Sadate et [l’ancien Premier ministre israélien Menahem] Begin avaient adopté un principe très simple: la noble tradition internationale selon laquelle ‘tout peut être négocié’. Vous devez négocier afin de pouvoir refuser ou approuver. Personne ne vous a demandé, et personne ne vous demandera d’embrasser [Ariel] Sharon et de le serrer dans vos bras (…)
Abou Ammar, vous savez mieux que quiconque combien d’occasions les Palestiniens ont manqué par votre faute. Ce ne sont pas là mes affaires (…), mais ce sont les vôtres et celles de votre peuple, qui tôt ou tard vous demandera des comptes. Votre peuple fait penser au dicton: ‘Celui qui n’entrevoit pas le soleil à travers le tamis est aveugle.’ Le tamis est le Moyen-Orient et les événements intervenus au Koweït, en Irak, au Soudan et en Libye.
Les Arabes, qui ont tous, sans exception, mal à la tête, ne savent pas exactement quel remède pourrait soigner la migraine israélo-palestinienne. Nous avons le cœur déchiré à la vue des victimes de Palestine. Le peuple palestinien a droit à la souveraineté sur sa terre, au respect à ses propres yeux et à nos yeux; il a le droit de se tenir la tête haute parmi les peuples.
Abou Ammar, entre vous et moi, il n’y a pas de débat à ce sujet. Mais il y a débat à votre sujet. Nous vous avons raconté à plusieurs reprises comment les Israéliens sont épuisants (en négociations), comment ils peuvent créer des problèmes et des crises, et le grand nombre d’obstacles politiques, religieux et ethniques qui existent en Israël.
Vous êtes conscient de tout cela, plus que qui que ce soit parmi nous. Et sachant cela, vous êtes le seul coupable, Abou Ammar. Si vous comprenez ces mots, c’est une catastrophe, mais si vous ne les comprenez pas, c’est une catastrophe encore plus grande. A la lumière des événements actuels, vous savez à quel point l’avenir (du peuple palestinien) est parti pour être sanglant: il y aura destruction totale des ressources du peuple palestinien.
Asseyez-vous pour négocier aujourd’hui, tant que la vérité est de votre côté et que, malgré votre faiblesse, vous êtes encore leplus fort.»
[1] Al-Ahram (Egypte), le 16 février 2004