Revenant sur l’attentat ayant ravagé le pétrolier français «Limburg» au large du Yémen le 6 octobre 2002, le journal Al-Ansar, affilié à l’organisation Al-Qaïda, publiait, le 20 novembre 2002, un article d’Abou Ayman Al-Hilali intitulé « Missive de l’imam Ben Laden ». Dans cet article, Al-Hilaliévoquait, pour les réfuter, les arguments des adversaires d’Al-Qaïda, expliquant pourquoi il est légitime de faire de la France la cible d’attentats.
«Le pétrolier français
L’une des réserves entendues après l’attaque du pétrolier français fait valoir que la France est un Etat neutre: elle fait un pas en avant puis un pas en arrière, notamment en ce qui concerne l’offensive américaine en Irak; il ne serait pas dans l’intérêt des musulmans qu’elle leur soit hostile car cela élargirait le conflit, alors qu’elle [la France] peut devenir un allié. D’autres [détracteurs d’Al-Qaïda] affirment que l’organisation Al-Qaïda doit comprendre qu’elle n’est pas seule sur scène, autrement dit qu’elle doit tenir compte des intérêts d’autrui.
Nous connaissons bien ceux qui émettent ces réserves; nous connaissons leurs idées, leurs prises de position et le contenu de leurs programmes. Ces réserves ont pour origine quelques principes qu’ils veulent défendre et qu’ils demandent à d’autres de respecter: ne pas embarrasser leurs alliés parmi les régimes arabes collaborateurs et certains mercenaires, penseurs et politiciens, afin que ces derniers ne perdent par leur virginité politique en craignant d’être accusés de terrorisme.
Les partisans de ces principes ne tiennent pas compte du lieu de la bataille et du conflit, alors que les combattants doivent connaître les données exactes; les bons desseins politiques accordent la priorité aux intérêts de l’islam, à la nation islamique, et privilégient la stratégie adéquate qui lie Palestine, Tchétchenie, Afghanistan et Irak, contrairement aux adeptes de la division (stratégique, c-a-d. à ceux qui contestent le lien entre les conflits de la région). Ils ne tiennent pas compte des intérêts de la nation, quotidiennement attaquée par tous les moyens les plus répugnants, en Palestine, en Irak, en Tchétchénie, en Afghanistan, en Jordanie et au Yémen. Ils sont occupés par leurs intérêts étriqués et par ceux des régimes arabes collaborateurs.
La France fait la guerre à nos frères en Afghanistan et fait partie de l’agressive alliance des Croisés. Parfois elle appelle à la largesse d’esprit, au dialogue, tout en ayant une politique double à l’égard des Arabes et de l’Occident, afin de protéger ses intérêts dans la région. C’est pourquoi elle voudrait que nos frères condamnent les actions menées contre elle (…)»