Depuis la destitution de Saddam Hussein, un nombre croissant de documents appartenant au régime déchu ont été rendus publics. Le quotidien Al-Hayat , édité en arabe à Londres, en publie deux, l’un relatif aux exécutions groupées et l’autre aux exécutions individuelles. [1] Voici quelques extraits de ces deux documents:
1er document
Le premier document, daté du 26 mai 1988, adressé au Conseil d’administration de la Sécurité pour la province de Suleimaniyya [région kurde], établit:
«Rapport sur l’application du verdict d’exécution
Conformément à la décision n° 4008 du vénérable Bureau pour l’Organisation du Nord, datée du 20/6/1987, et afin de confirmer la présence des accusés, dont la liste figure ci-dessous, dans la zone de sécurité interdite pendant l’arrestation, et en vertu du fait qu’ils soient sujets aux instructions publiées par le vénérable Bureau pour l’Organisation du Nord, le verdict de l’exécution a été appliqué le matin du 26/5/1988 par une escouade de tireurs (…)»
Figurent ensuite les noms des dix personnes exécutées, suivis de la mention: «Dix accusés seulement»
2ème document
Le deuxième document se rapporte à l’exécution d’un seul individu. Il établit:
«Au nom d’Allah le Miséricordieux,
M. le directeur,
Cher Monsieur,
(…) Le 12/9/1988, la direction de la branche de Suleimaniyya du parti au pouvoir [le parti Baath] nous a envoyé Jamel Ahmed Taha Khan, accusé d’avoir critiqué le Président et dirigeant [Saddam Hussein], qu’Allah le protège et le guide, d’avoir émis des doutes quant à la décision du vénérable Conseil gouvernemental révolutionnaire, publiée le 6/9/1988, de décréter une amnistie totale pour les citoyens de la région autonome [le Kurdistan], et d’avoir dit [que Saddam Hussein avait été incité à publier l’ordre d’amnistie par l’oncle Jalal Al-Talabani.]
Son cas a été porté à l’attention du camarade combattant Al-Hassan Al-Majid, membre de la direction régionale, qui a ordonné sa décapitation, la destruction de sa demeure et l’arrestation de sa famille.] Toutes ces instructions ont été exécutées. Il est compris que [la famille est arrêtée] pour une durée indéterminée.»
Dans la marge, une mention suggère que la famille demeure sous arrestation pour une durée de six mois.
[1] Al-Hayat (Londres), le 13 novembre 2003