Ahmed Al-Jarallah, directeur du quotidien koweïtien Al-Siyassa, critique durement les régimes arabes ayant refusé de reconnaître de Conseil gouvernemental irakien. Voici quelques extraits de l’article: [1]
Le Moyen-Orient est dominé par des régimes affaiblis et à bout de ressources
«Le nouvel Irak libre a retrouvé – grâce à son gouvernement de transition – son siège aux Nations unies et à l’OPEP et une représentation au sein de la Ligue arabe. La réhabilitation de l’Irak se poursuit également au sein des autres organisations internationales, et l’Irak compte redevenir un membre actif de la communauté internationale.
Le nouvel Irak avance vers ses objectifs en dépit des obstacles dressés par les terroristes et leurs actes meurtriers. Il achève de poser ses fondations de pays exemplaire qui jouera le rôle de phare de la liberté, de la démocratie et du respect des droits humains au Moyen-Orient, lequel fait figure de terrain vague dominé par un silence de cimetière. Un Moyen-Orient gelé comme un glacier, peuplé de sultans siégeant indéfiniment au pouvoir, de républiques héritées [de père en fils], de régimes affaiblis et à bout de ressources.
Et pourtant, nous voyons les chefs des régimes arabes, régimes (…) qui ont perdu toute autorité, régimes totalitaires à parti unique dont les membres adhèrent à des idéologies superficielles qui n’engendrent que terreur, haine et répression, [nous voyons ces mêmes chefs d’Etat] refuser de reconnaître le Conseil gouvernemental de transition en Irak. Ces chefs avancent que le Conseil gouvernemental est illégitime, n’a pas été élu, a été mis en place par le gouvernement des Etats-Unis et l’Administration de l’occupation américaine.
De telles explications sont ridicules et pitoyables (…) vu que ces adversaires [du Conseil gouvernemental], manquent [eux-mêmes] de la légitimité la plus élémentaire. Ils sont arrivés au pouvoir par usurpation et non au moyen d’élections légitimes; l’unique culture que [partagent] ceux qui ont conduit des tanks pour dépouiller les candidats légitimes au pouvoir est une culture de meurtres et de mort.»
Les régimes arabes n’ont pas le droit de ne pas reconnaître le Conseil gouvernemental irakien
«Personne n’a élu le moindre (…) de ces révolutionnaires. Comme un seul homme, tous ont trahi leurs titres de révolutionnaires et ont été pris de paralysie totale au moment de tenir leurs promesses. Ils ont menti, promettant légèrement la restauration de la gloire, de l’honneur, de la prospérité et de la liberté au peuple opprimé. S’agissant de la légitimité [de l’Administration irakienne, souvenons-nous que] ces fanatiques ont mis fin [à leurs propres révolutions] en se partageant le butin de guerre et en s’accaparant les richesses du pays. Ils sont devenus des capitalistes et des hommes d’affaires qui blanchissent leur argent, tandis que leurs peuples, sans le sou, sombrant peu à peu dans la misère, sont allés frapper à la porte des ambassades étrangères en quête d’espoir. La population souffre d’un colonialisme intérieur imposé par des dirigeants qui agissent contre lui, qui le dépouillent de sa liberté, de sa dignité, de son humanité.
Ces souverains n’ont aucunement le droit de ne pas reconnaître le Conseil gouvernemental de transition en Irak – sous prétexte qu’il n’a pas été élu et qu’il n’est pas légitime. Le fait qu’ils puissent réclamer (…) la restauration de la liberté et de la souveraineté en Irak est d’autant plus surprenante qu’ils dérobent eux-mêmes la liberté d’autres pays (…) et violent leur souveraineté (…)
La plupart des Etats modernes ont connu, à leurs débuts, une phase avec un conseil gouvernemental de transition, suivie de l’élection d’une élite qui a forgé la constitution du nouvel Etat, constitution qui est ensuite devenue la base des élections générales, du parlement et du gouvernement (…) Ainsi est née l’Angleterre, mère de la démocratie [moderne]. Cromwell a posé les fondations et, en surmontant épreuves et erreurs, le régime a évolué jusqu’à atteindre son point culminant de développement, des centaines d’années plus tard. Pourquoi l’Irak ne pourrait-il pas suivre la même voie que la Grande-Bretagne (…)?
Ceux qui parlent d’occupation américaine en Irak occupent eux-mêmes leurs pays. Ils sont les colonisateurs de leurs propres peuples, ayant recours aux services secrets, à des agents, au fouet, à l’incarcération et aux cachots de torture dont les murs sont maculés de sang innocent. [En entendant parler ces gens], souvenons-nous qu’il n’existe pas de meilleure autorité en matière de pudeur qu’une prostituée (…)»
[1] Al-Siyassa (Koweït), le 30 septembre 2003