David Welch, ambassadeur des Etats-Unis en Egypte, a plusieurs fois émis des critiques à l’encontre de la presse égyptienne. A l’occasion du premier anniversaire des attentats du 11 septembre, il avait publié dans le quotidien égyptien Al-Ahram un article critiquant les théories de complots publiées par la presse égyptienne. [1] Dernièrement, l’ambassadeur Welch a rencontré Jalal Daweidar, directeur du quotidien Al-Akhbar, pour se plaindre des opinions extrémistes énoncées dans le journal (voir l’article accusant les forces américaines de cannibalisme en Irak) [2] Le 20 octobre 2003 [3], l’ambassadeur Welch a prononcé un discours à l’université américaine du Caire, où il a de nouveau soulevé le problème de l’attitude de la presse égyptienne, laquelle fête les attentats «martyre» et a rendu les Etats-Unis responsables de l’attentat de Nadjaf, en Irak. [4] Voici quelques extraits des réactions des médias égyptienssuscitées par le discours de M. Welch:
L’Egypte n’est pas un Etat américain gouverné par le Pentagone
Gamal Badawi, chroniqueur d’Al-Gumhuriya, écrit: « (…) L’Egypte n’est pas un Etat américain gouverné par le Pentagone, et ne se trouve pas sous l’influence du gang sioniste qui domine la Maison blanche. Au lieu de fréquenter des cafés et des clubs, l’ambassadeur américain aurait mieux fait d’analyser le contenu des journaux égyptiens, qui sont le fidèle reflet de la rage et de la fureur qui frémissent dans le chaudron populaire, contre la politique américaine. Il aurait dû lier [ce message] au pays (…) Peut-être s’est-il dit qu’il pourrait jouer en Egypte le même rôle que Bremer en Irak, ou que le gouverneur britannique Cromer, qui [au début du 20ème siècle] gérait les affaires de l’Egypte comme s’il s’agissait d’un ranch britannique (…)» [5]
L’arrogant ambassadeur américain représente Bush l’idiot
Le chroniqueur Jamel Fahmi écrit, dans l’hebdomadaire nassérien Al-Arabi, un article intitulé: «L’Ambassadeur de l’Enfer au Caire» où il assure: «L’Ambassadeur des Etats-Unis au Caire, David Welch, mérite d’être puni d’être le représentant du gang évadé du vieux musée de l’ancien colonialisme, retranché dans la Maison blanche. Le frère Welch a l’arrogance qui sied à un ambassadeur représentant l’imbécile de Washington, George W. Bush. Le dernier acte lamentable de cet honorable ambassadeur fut son ignoble attaque contre la presse égyptienne, et plus particulièrement Al-Gumhuriya, car ce journal qualifiait la récente opération martyre de Haïfa d’opération de fedayin, et non d’opération terroriste, comme l’aurait souhaité l’inculte président obéissant aux instructions du nazi sanguinaire, Sharon.»
La presse égyptienne continuera de maudire les néo-nazis de Washington et Tel-Aviv.
«Même si l’audacieux ambassadeur, contrairement au président, est suffisamment intelligent pour comprendre quelle différence il existe entre le comportement et les affirmations d’un ambassadeur respecté et ceux d’un geôlier de Guantanamo, et même si – à n’en pas douter – il sait bien que son action effrontée contre la presse égyptienne ne servira à rien et ne conduira pas la presse à prendre position contre les sentiments du peuple égyptien – en qualifiant les actions héroïques du peuple palestinien de terrorisme. Malgré tout cela, Monsieur l’ambassadeur refuse de renoncer à son terrorisme et à sa honte, espérant satisfaire au désir de l’assassin Sharon et [espérant] être promu de son poste d’ambassadeur à celui de gardien du sionisme chargé de nous enchaîner et de nous faire taire, afin que nous ne maudissions pas les néo-nazis de Washington et Tel-Aviv (…)» [6]
Sous le titre «Deux ambassadeurs israéliens au Caire», Adli Barssoum écrit dans Al-Gumhuriya: «Parfois, les ambassadeurs vont voir les gouvernements des pays où ils sont en poste pour leur déclarer la guerre avec le sourire (…) M. Welch estime qu’une partie de sa tâche consiste à administrer des coups sur les doigts des journalistes égyptiens pour leur donner une leçon de discipline (…)»
Tous les journaux égyptiens soutiennent les opérations martyre (suicide)
«Monsieur l’ambassadeur américain sait fort bien, tout comme nous, que la presse américaine (…) est soigneusement orchestrée d’en haut. En revanche, la presse égyptienne n’est guidée que par sa conscience nationale, et quand elle affirme que les opérations martyre [attentats suicides] pour libérer les territoires palestiniens sont des actes de courage, elle signe un témoignage d’estime historique (…) Al-Gumhuriya ne prétend pas être le seul journal à décrire l’héroïsme des martyrs palestiniens; tous les journaux égyptiens en font autant, et cette position reflète fidèlement le sentiment du peuple égyptien (…)» [7]
Dans Aqidati, magazine religieux publié chaque semaine dans Al-Gumhuriya, le chroniqueur Bassyouni Hilawani écrit: «(…) Il est étonnant [de constater] que les Etats-Unis, ‘sponsor de la démocratie dans le monde’, voudraient que le monde, et plus particulièrement le monde arabe, fasse l’éloge de leurs crimes en Irak (…) et que les médias qualifient les nobles opérations fedayin menées contre les occupants criminels [en Irak] de condamnables actions terroristes (…) Tel est le mensonge que les Etats-Unis exigent des médias arabes. Mais ils ne l’obtiendront pas ici, en Egypte, (…) pays dont les fils ont le sang en ébullition, car ils assistent quotidiennement aux agressions en Irak et en Palestine et aux crimes des guerriers sauvages [‘Ulouj‘ – surnom d’abord donné aux soldats américains par l’ancien ministre irakien de l’Information, Mohammed Saïd Al-Sahhaf] commis en territoire irakien, et des porcs sionistes en territoire palestinien.» [8]
Les déclarations de l’ambassadeur sur le directeur d’Al-Gumhuriya honorent ce dernier
Lutfi Nassif, chroniqueur d’Al-Gumhuriya, estime pour sa part: « (…) L’acte de David Welch est au diapason de la politique des nouveaux médias américains de l’après-11 septembre 2001. Depuis ce jour, les médias américains ont pris une nouvelle direction, abandonnant toute objectivité et impartialité. Ils s’entêtent à approuver la stratégie des Etats-Unis visant à dominer et à imposer leur hégémonie dans le monde, et déforment ainsi l’image des autres nations (…) Les déclarations de l’ambassadeur au sujet du directeur d’Al-Gumhuriya honorent Samir Ragab [directeur du journal] (…)» [9]
[1] Al-Ahram (Egypte), le 20 septembre 2002.
[2] Voir la Dépêche Spéciale deMEMRI No. 559, le 28 août 2003.
[3] Voir la conférence de l’ambassadeur Welch sur: http://www.usembassy.egnet.net/ambassador/sp102003.htm.
[4] Voir la Dépêche Spéciale deMEMRI n° 562
[5] Al-Gumhuriya (Egypte), le 3 octobre 2003.
[6] Al-Arabi (Egypte), le 26 octobre 2003.
[7] Al-Gumhuriya (Egypte), le 26 octobre 2003.
[8] Aqidati (Egypte), le 26 octobre 2003.
[9] Al-Gumhuriya (Egypte), le 25 octobre 2003.