Les attaques ayant pris pour cible des soldats de la coalition ainsi que des citoyens irakiens ont suscité les critiques de certains journalistes arabes. L’un d’entre eux, Mustafa Al-Qara Daghi, est citoyen irakien d’origine kurde. Chroniqueur au quotidien koweïtien Al-Siyassa, il publie aussi des articles sur le site libéral Elaph.com. [1] Voici quelques extraits de son article du 27 septembre 2003, publié sur le site:
Les intellectuels arabes qui soutiennent les odieuses opérations terroristes en Irak ne veulent pas l’indépendance.
« Chaque jour, la presse et les chaînées télévisées satellite nous communiquent les nouvelles (…) d’actes terroristes criminels (…) que certains de nos intellectuels victimes d’hallucinations aiment à qualifier de ‘résistance pour l’indépendance de l’Irak’ (…) Ces intellectuels se demandent-t-ils quels sont les éléments constitutifs de ‘la résistance à l’occupation’? Quels sont leurs véritables motivations et quel est leur programme politique concernant l’après occupation(…) ? Il semblerait que ces intellectuels n’en savent rien. L’essentiel, pour une partie de notre élite malade et de nos intellectuels arabes, est qu’il se trouve quelqu’un pour résister aux Etats-Unis et au colonialisme et être prêt à mourir (…) Mais comment? Pour gagner quoi? Et aux dépens de qui? Ces questions, bien triviales, n’intéressent pas nos nobles intellectuels!
Les auteurs de ces opérations odieuses ne souhaitent pas l’indépendance de l’Irak (…) [Ils veulent] ramener l’Irak à l’ère abhorrée du despotisme, contrôler de nouveau l’Irak et les Irakiens par le fer et le feu. En effet, qu’est-ce qui les retient de dévoiler leur programme politique? Puisque la triste vérité n’est pas [ce qu’ils prétendent], nous les voyons exécuter ces opérations de manière perfide, en ayant recours à des méthodes d’assassins sauvages. Ils apparaissent sur les écrans télé, masqués et couverts de la tête aux pieds (…), craignant d’être dûment punis et jetés dans la corbeille de l’histoire, si jamais la triste vérité venait à être connue (…) »
La rue arabe qui appuie la résistance souffre d’un complexe d’infériorité
« Quel type de [mouvement de] résistance fait sauter les quartiers généraux des Nations unies, les conduites d’eau et de pétrole, les centrales électriques, les maisons d’imprimeries et les bus, et se couvre de honte en assassinant les meilleurs du pays, ceux de la trempe de Mohammed Baqir Al-Hakim, Aqila Al-Hashimi ainsi que les amis dévoués de la nation comme (…) Sergio de Mello? Quelle noble résistance prend pour cible la police nationale (…), laquelle donne aux Irakiens le sentiment de se mettre à leur service et de les défendre, [et non] (…) de jouer le rôle de fouet qui les contrôle.
Tout observateur honnête (…) conclura (…) que l’option de la résistance armée (…) n’a pas la préférence de la population irakienne dans sa majorité (…) Les sondages d’opinion, effectués sur une base quasi-journalière, [confirment] qu’il existe un nombre croissant de personnes au sein de la majorité silencieuse en Irak (…) qui souhaitent le maintien de la présence des forces de la coalition en Irak (…), jusqu’à ce que la situation se soit stabilisée et sécurisée, et que le pays ait fait ses premiers pas vers la démocratie (…)
L’option [de la résistance armée] est adoptée et vendue par les nationalistes arabes qui infiltrent le pays, par les socialistes de gauche et par tous les journalistes qui sont passés à Saddam, à l’instar d’Abd El-Bari ‘Dollar’ [2] qui, il y a quelques jours, a publié un manifeste promettant de poursuivre la résistance et de la renforcer (…) Dans leurs pauvres chroniques (…), ces livresques mercenaires ont essayé d’ancrer cette possibilité pourrie dans l’esprit des Arabes et des Irakiens. Ils ont réussi à tromper la rue arabe, qui souffre d’un complexe d’infériorité vis-à-vis des Etats-Unis, cette même rue qui a acclamé la destruction des Tours jumelles [et a fêté], voilà quelques jours, l’assassinat de plusieurs diplomates américains envoyés à Tel-Aviv. Ces livresques mercenaires ont su convaincre une grande partie de la rue arabe que l’option [de la résistance armée] est adaptée et incontournable, ce qui explique l’arrivage d’odieux troupeaux de mercenaires en Irak, venus résister à l’occupation américaine (…) ou mourir en martyrs, comme ils imaginent (…) »
Qui sont ces flatteurs de la résistance irakienne?
« Ces mercenaires appelés ‘volontaires arabes’ sont venus en Irak combattre à la fois les Américains et le peuple irakien, et défendre leur leader Saddam, ‘héros’ de la nation arabe et défenseur des portes de l’Orient’. Ce qui les pousse vers une telle mort sont les abominables rêves arabes dont les flatteurs de la résistance arabe et islamique (…), Abd El-Aziz Al-Rantissi, Maan Bashour, Abd El-Halim Qindil et d’autres, les ont serinés (…). Ces flatteurs faisaient partis des invités du régime de Saddam et se rendaient autrefois en pèlerinage en Irak en prétextant la solidarité envers le peuple irakien; ils y acclamaient le despote et en tiraient un bénéfice financier.
Avant le début de la guerre, et [jusqu’à] aujourd’hui, certains parmi eux ont créé des agences de courtage chargées d’envoyer des volontaires [en Irak] (…) Ils ont envoyé de nombreux jeunes Arabes en Irak pour recevoir la commission à laquelle chacune de ces têtes ignorantes leur donnait droit. Ce sont ces jeunes que nous voyons se déchaîner pour mettre à exécution le pieux plan arabe de destruction de l’Irak (…) Telle est la vérité sur la honteuse situation de la nation arabe, dont plusieurs fils sont devenus des mercenaires qui tuent leurs frères irakiens de sang froid et défendent leurs bourreaux (…) Les Irakiens les considèrent comme des mercenaires étrangers venus détruire leur pays et les faire périr. C’est ce qu’affirment la plupart des Irakiens quand ils clament sur les écrans télévisés: ‘Faite sortir les Arabes d’Irak’. »
Les Irakiens qui participent à ces attentats trahissent leur pays et leur peuple
« Il y a quelques jours, Al-Qaïda a qualifié l’attentat à l’Hôtel Bagdad d’ ‘opération n°9’ (…), ce qui signifie que l’organisation avait antérieurement perpétré huit opérations (…) La signification [de tout cela] est qu’il n’existe pas d’opposition irakienne à l’occupation et que la plupart des attaques d’Al-Qaïda ont été perpétrées par les mêmes têtes brûlées arabes venues en Irak sans y être invitées et n’ayant pas autorité à parler au nom du peuple irakien (…) S’il se trouve quelques Irakiens parmi ces gens, ils ne représentent qu’eux-mêmes et leurs esprits malades et calcifiés (…); ils ne sont pas seulement des mercenaires, mais des traîtres pour leur pays et leur peuple (…)
Il est impossible de ne pas (…) relever que ces héros proviennent de ce qui reste du rebut [humain] et des membres des institutions criminelles et répressives de Saddam dont les mains sont tâchées du sang du peuple (…), avec les charniers qui remplissent les villes irakiennes (…) [Les membres] de ces institutions – les gardes du corps, les forces d’urgences, les Renseignements et les Fedayin de Saddam – restent les ennemis du peuple irakien. Ils ont vendu leurs âmes à leur ancien maître (…), le préférant à leurs familles. Et au lieu de reconnaître leurs péchés et de demander pardon au peuple irakien pour les malheurs qu’ils lui ont infligés, ils font leur possible pour gâter la joie [de la libération], empêcher le progrès et la construction d’un nouvel Irak libre, en abattant toutes les personnes impliquées dans la libération, qu’elles soient irakiennes ou membres des forces de la coalition (…)
C’est tout ce qu’ils savent faire (…) Saddam Hussein a dépensé des millions à les entraîner en ce sens. Et il a en endoctriné d’autres, leur remplissant l’estomac, et bourrant leurs poches d’argent volé aux Irakiens nécessiteux (…) Ces rats du désert, survivants du rebut de Saddam, qui [publient] des manifestes, font des cassettes vidéo sur eux-mêmes et leurs terriers, et accordent des interviews clandestines à certains journalistes, planifient et exécutent la plupart des actes de terreur (…) qui portent atteinte aux Irakiens et aux soldats de la coalition.
Ces vils individus ont réussi à tromper [leur monde] (…) en se faisant pousser la barbe, en marmonnant des versets du Coran sur le djihad et en se faisant l’écho des slogans usés sur l’honneur et la gloire vendus par Saddam afin de se maintenir au pouvoir (…) »
La prétendue héroïque résistance irakienne est composée d’un mélange de mercenaires, de criminels en liberté, d’islamistes, de baasistes et de terroristes
« Ce n’est un secret pour personne que quelques jours avant la guerre, le régime de Saddam a relâché des dizaines de milliers de criminels (…) Ces derniers ont participé activement au pillage qui a suivi l’arrivée des forces de la coalition à Bagdad. Aujourd’hui, ces mêmes personnes continuent de perpétrer des actions terroristes pour le régime fantôme de Saddam (…) Elles sont prêtes à tout pour de l’argent. Chaque jour, nous apprenons l’arrestation d’individus qui s’apprêtaient à commettre des actes de sabotage (…) et qui ont reçu d’importantes sommes d’argent des survivants actifs du régime de Saddam pour faire sauter les conduites d’eau, les terminaux pétroliers, les centrales électriques et d’autres éléments de l’infrastructure.
Voici la pure vérité sur ce que vous [les intellectuels arabes] appelez l’héroïque résistance nationale, qui est en fait composée d’un mélange de mercenaires, de criminels, d’islamistes et de survivants de la dictature barbare, lesquels sont liés par un pacte satanique réunissant les forces de l’obscurité, du racisme, du fascisme et du terrorisme. Leur objectif est de provoquer la chute de l’Irak, de lui ôter toute liberté (…), de miner les plans américains pour démocratiser la région et la débarrasser des dictatures et du chauvinisme qui sont le sort de tous ses peuples. »
Ils ne représentent pas la population irakienne
« Ces gens représentent-ils les aspirations de la population irakienne et son désir de liberté? Certainement pas. Tous les partis [politiques] en Irak ont des programmes consultables par tous (…), et ils sont tous représentés au sein du gouvernement de transition, lequel a opté (…) pour le dialogue avec les forces de la coalition; ces dernières n’ont jamais déclaré être venues occuper l’Irak (…) Même les forces nationales [irakiennes], non représentées au sein du gouvernement de transition, n’ont jamais prétendu opter pour la résistance armée, car elles ne souhaitent pas une fois de plus noyer le pays dans un bain de sang. Il n’est pas juste [que les Arabes] ignorent tous les partis représentés par le Conseil gouvernemental [irakien] (…) et considèrent des éléments comme ‘l’Armée de Mahomet’, ‘les Légions du djihad’, ‘les Escouades de la mort’, les ‘Jeunes musulmans’, les ‘Martyrs de l’islam’ et autres mercenaires, criminels et porteurs de titres anonymes (…) comme les représentants du peuple irakien (…) »
[1] « La triste vérité sur la prétendue résistance irakienne contre l’occupation », le 27 septembre 2003, www.elaph.com .
[2] Abd El-Bari Atwan, directeur du quotidien Al-Qods Al-Arabi, édité en arabe à Londres, a été surnommé ‘Abd El-Bari Dollar’ en raison de son ardent soutien à Saddam Hussein.