Shafiq Ghabra, président de l’université américaine du Koweït , écrit une chronique régulière pour le journal libanais The Daily Star . Voici quelques extraits de son article du 20 octobre 2003: [1]
Améliorations dans les relations entre l’Irak et le Koweït
«Les relations entre l’Irak et le Koweït s’améliorent. De récents événements ont fortement motivé l’établissement de bonnes relations entre les deux Etats. L’opposition irakienne, qui fait actuellement partie du gouvernement de transition de Bagdad, est passée par le Koweït pour arriver en Irak, et plusieurs des changements intervenus là-bas ont été initiés au Koweït.
Le développement de liens entre l’Irak et le Koweït se reflète au niveau économique et politique. Le Koweït a notamment signé des contrats concernant le réseau irakien des télécommunications après qu’un nouvel arrangement eut été conclu entre les ministres koweïtien et irakien des Affaires étrangères. Et l’échange de visites entre les deux pays reflète une orientation positive des relations.»
L’absence d’aide en provenance des pays arabes cause du tort à l’Irak
«Cela dit, les relations arabo-irakiennes ont été marquées, de façon plus générale, par l’inactivité et l’incertitude. Le Koweït a reconnu le Conseil irakien transitoire dès sa création, comprenant les difficultés que traverse le peuple irakien, comparables aux souffrances des Koweïtiens dans les années 1990-91. Pour leur part, les pays arabes ont hésité à établir des relations avec les nouvelles autorités de Bagdad, pourtant conscients de la fragilité du nouvel ordre. Le problème irakien est en partie dû à l’inactivité des Arabes et à l’hésitation qu’ils manifestent à traiter avec la situation telle qu’elle est là-bas.»
Les Arabes n’ont pas bougé le petit doigt pour aider l’Irak
«Alors que la Turquie a envoyé ses troupes en Irak, les Arabes n’ont pas bougé le petit doigt. Et si les aéroports des pays arabes étaient occupés à envoyer avion sur avion pour contourner l’embargo imposé à l’Irak sous le régime de Saddam Hussein, tout ce manège a maintenant pris fin, comme si l’Irak n’avait plus de problèmes.
L’enthousiasme d’avant-guerre pour Saddam Hussein semble avoir été motivé par le désir de contrarier les Etats-Unis plutôt que par celui d’aider le peuple irakien à surmonter ses difficultés. L’assistance était motivée par des considérations politiques.
Aujourd’hui, l’Irak a besoin d’une aide accrue de la part des pays arabes, mais le monde arabe ne fait rien, comme si le changement de régime avait placé un obstacle entre lui et les Irakiens. L’une des raisons du problème arabo-iarkien est la présence des Etats-Unis, dont la participation éveille la méfiance des Arabes. Une autre raison est la peur de ce qui pourrait arriver si une plus grande parcelle de pouvoir revenait aux mains des Kurdes et des chiites irakiens après que le pays se fut trouvé sous contrôle sunnite pendant des dizaines d’années (…) et si la Turquie et d’autres pays saisissaient les opportunités ainsi créées.»
L’échec en Irak aura un impact négatif sur le monde arabe
«Le plus grand danger est que les pays arabes attendent les développements irakiens sans chercher à assurer que l’Irak préserve son unité et sa souveraineté en s’efforçant de se reconstruire. Le deuxième danger est qu’un tel comportement ait des répercussions sur les pays voisins de l’Irak, le Koweït compris. Un échec en Irak ne se limiterait pas à un échec américain ou international, mais serait aussi un échec arabe néfaste pour le monde arabe dans son ensemble.»
[1] The Daily Star (Liban) le 20 octobre 2003