L’hebdomadaire irakien indépendant Al-Yawm Al-Aakher révèle les détails de l’entraînement des membres d’Al-Qaïda sous les ordres du Palais présidentiel de Saddam Hussein, deux mois avant les attentats du 11 septembre. Voici quelques extraits de l’article: [1]
Entraînement à Nahrawan et Salman Pak
«L’officier irakien L. nous rapporte l’arrivée, un beau jour, d’un SUV appartenant aux Forces personnelles de sécurité (Al-Amn Al-Khass, chargées de la protection de Saddam Hussein.) Un officier supérieur du palais présidentiel en est sorti. C’était l’un de ces officiers toujours postés derrière Saddam, donc l’un de ses gardes du corps personnels. A l’issue d’une réunion de deux heures à l’Ecole des forces spéciales, avec un groupe d’officiers sélectionnés, on nous informe de l’arrivée de précieux invités, à qui il faudra dispenser un entraînement de qualité dans le plus grand secret, et interdire à quiconque de s’approcher d’eux ou de communiquer avec eux de quelque façon que ce soit.
Quelques jours plus tard, près d’une centaine de recrues sont arrivés. Ils formaient un mélange d’Arabes, d’Arabes de la Péninsule [l’Arabie Saoudite], d’Afghans musulmans et d’autres musulmans provenant des quatre coins du monde. Ils étaient répartis en deux groupes: le premier groupe s’est rendu à Al-Nahrawan et le second à Salman Pak; ce dernier groupe était entraîné au détournement d’avions. L’entraînement se faisait sous la surveillance directe du général de division M. DH. L., qui assure actuellement la fonction de commandant de la police dans l’une des provinces. A la fin de l’entraînement, la plupart ont quitté l’Irak, tandis que les autres sont restés au pays pendant toute la dernière bataille de Bagdad contre les forces de la coalition.»
Le groupe d’Al-Qaïda sous la direction d’un guide religieux saoudien
«Je me souviens que le chef du groupe était un guide religieux saoudien appelé [Mohammed]: un individu fervent et audacieux qui n’avait pas besoin d’un entraînement poussé. Il était très habile, capable de viser sa cible avec précision tout en conduisant une moto. En outre, il prononçait des sermons enflammés, appelant au djihad et à combattre les Américains partout dans le monde. Etonnamment, la photo de cet homme, avec celle du commandant de l’Ecole des forces spéciales, a été diffusée plusieurs fois à la télévision avant le début de la guerre et la chute du régime déchu.»
Un entraînement supervisé par le commandement des fedayin
«(…) Le commandement des fedayin [Fedayin Saddam sous les ordres d’Ouday] supervisait directement les 100 combattants d’Al-Qaïda, à tel point que ses officiers supérieurs leur rendaient constamment visite et effectuaient des inspections quasi-quotidiennes, surtout les derniers jours [précédant] leur transfert; tard dans la nuit, deux camions rouges appartenant au Ministère des transports les ont conduits vers un lieu inconnu. J’ai vu cela de mes propres yeux parce que ce jour-là, c’était moi l’officier de permanence.»
Les membres d’Al-Qaïda ont participé à des batailles contre les forces américaines
«Quelques jours avant le début de la dernière guerre, nous avons été surpris de constater que les personnes que nous avions entraînées revenaient à l’Ecole des forces spéciales, accompagnées de 100 individus supplémentaires. Le haut commandement nous a demandé de les ré-entraîner, puis de les répartir en plusieurs groupes devant être déployés un peu partout en Irak.
A vrai dire, la plupart de ces individus rivalisaient entre eux pour partir en guerre, et au front. [2] Ils ont donc très vite participé à des combats d’une extrême violence qui ont stupéfié les Irakiens comme les Américains.»
Avec la 11ème division dans la région d’Al-Kifi
«Le 5 avril 2003, l’envoi immédiat de ces individus au front a été ordonné. Une centaine d’entre eux a été envoyée à la 11ème division de Nassiriya. Et pour que l’histoire s’en souvienne, je dirai que l’endurance de cette division était due à ses combattants redoutables, à l’officier supérieur et aux membres d’Al-Qaïda qui se battaient avec une intensité et une violence quasi-inégalées, tout en louant Allah: Allahou Akbar… Allahou Akbar… Je fais référence aux violents combats intervenus le long de l’autoroute pendant dix-sept jours consécutifs, qui ont forcé les Américains à reculer pour revenir par la zone industrielle de Nassiriya (…) Quant aux groupes qui sont partis pour Al-Kifi, ils ont pris part à des combats d’une extrême violence. Peu d’entre eux ont reculé; ils ont sacrifié leurs vies au feu des [hélicoptères] Apache, éveillant l’admiration des Irakiens et des Américains eux-mêmes. La preuve en est que certains parmi eux se sont fait sauter au milieu des forces américaines.»
[1] Al-Yawm Al-Aakher (Irak), le 16 octobre 2003
[2] Selon l’article, un grand nombre de ces hommes s’étaient aussi battus en Afghanistan: «La plupart des gens à qui j’ai parlé m’ont confirmé qu’ils venaient d’Afghanistan et des montagnes du Pakistan, et que c’est eux qui avaient combattu les Américains à Mazar Al-Sharif et à Kaboul.»