Le 27 juillet 2003, le ministre syrien des Affaires étrangères, M. Farouq Al-Sharaa, [1] s’adressant à des journalistes de son pays, a émis de vives critiques à l’encontre de l’Administration américaine. Si ses déclarations ont été publiées par la presse arabe éditée à Londres, elles ont été largement passées sous silence dans les journaux syriens officiels. Voici les déclarations parues dans les quotidiens Al-Hayat et Al-Sharq Al-Awsat, basés à Londres:
Seuls ceux qui s’inclinent devant les Etats-Unis sont entendus
«Je n’exprime pas d’opinions qui soient irrecevables pour le président Bashar Al-Assad et le peuple syrien. Les Etats-Unis ne prennent en considération que ceux qui s’inclinent devant eux. Si vous refusez de vous incliner, ils vous ignorent et vous sortez du cadre.» [2]
Le «Syrian Accountability Act»
«Considérez cette appellation: ‘Syrian Accountability Act‘. Si ce dernier avait été un décret divin, il aurait été plus humble, Allah étant clément et miséricordieux. Les hauts responsables américains estiment que toute loi issue du Congrès descend du Ciel. Washington ne reconnaît qu’elle-même, ignorant la légitimité internationale. L’Administration du président Bush représente une exception. S’il y a eu des administrations similaires dans le passé, aucune n’a atteint un tel degré de violence et de stupidité. Les controverses entre faucons et colombes [au Congrès] n’atteignent pas le niveau de violence manifestée [à l’encontre de la Syrie]. Israël joue un rôle central dans la promulgation de lois liées au Moyen-Orient et à la Syrie.» [3]
Les Etats-Unis enfreignent encore et toujours la légitimité internationale. Pour eux, la légitimité internationale est celle du Congrès. Israël est le principal, et peut-être le seul bénéficiaire de ses décisions. Si le Syrian Accountability Act est ratifié, c’est aux Etats-Unis et aux sociétés américaines qu’il causera le plus de tort.» [4]
Les relations américano-syriennes
«Les pressions exercées sur la Syrie n’ont pas été aussi fortes depuis peut-être le 16ème siècle. Le danger vient du fait que ceux qui exercent ces pressions ne se rendent pas compte des implications, comme par exemple le Secrétaire d’Etat adjoint [en référence au sous-secrétaire pour le Contrôle des armes et la Sécurité internationale], John Bolton, qui a essayé d’attaquer la Syrie en l’accusant notamment [de détenir] des armes de destruction massive, ignorant que Damas a appelé le Conseil de sécurité [de l’ONU] à désarmer le Moyen-Orient de telles armes. [5] Ce sont les Etats-Unis qui ne sont pas intéressés à entretenir de bonnes relations avec la Syrie, attitude qui s’explique par les pressions israéliennes exercées sur l’Administration américaine. Les responsables américains craignent Israël; comment pourraient-ils donc faire pression sur lui?» [6]
Le processus de paix
«Pour la première fois, les Etats-Unis essaient de poser des conditions à la participation de la Syrie au processus de paix, ce qui signifie que les Etats-Unis ne veulent pas de la Syrie dans ce processus ou qu’ils souhaitent éradiquer la cause palestinienne. Tout le reste n’est que prétextes. Israël commet au centuple toutes les actions dont on incrimine la Syrie, à commencer par [l’armement en] armes de destruction massive et le terrorisme.» [7]
Le Liban
«La demande qui nous est adressée de démanteler le Hezbollah a pour objectif d’éveiller tous les instincts ethniques et religieux jusqu’à arriver à une guerre civile, ce qui ouvrirait de nouveau la porte à une intervention israélienne au Liban. L’envoi de l’armée libanaise au Sud Liban, tout comme le Hezbollah, sont l’affaire du Liban. Le Hezbollah fait partie du tissu libanais; il a en outre prouvé qu’il était une organisation [nationale] dotée d’un fort sens des responsabilités. Les Etats-Unis veulent créer un conflit entre la Syrie et le Liban.» [8]
Le Conseil irakien officiel
«La légitimation par la Syrie du Conseil provisoire au pouvoir en Irak serait la plus grosse erreur de l’histoire politique de la Syrie, vu que le Conseil ne bénéficie toujours pas de l’aval populaire en Irak. Cela ne signifie pas que nous ne coopérerons pas avec les membres du Conseil, la coopération étant une chose et l’octroi de la légitimité une autre.» [9][1] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003
[2] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003.
[3] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003.
[4] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 28 juillet 2003.
[5] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003.
[6] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 28 juillet 2003
[7] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003.
[8] Al-Hayat (Londres), le 28 juillet 2003.
[9] Al-Hayat ( Londres), le 28 juillet 2003.