L’une des clauses de la «feuille de route basée sur les faits pour une solution permanente au conflit israélo-palestinien par l’existence de deux Etats» [1] exige que le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas et le ministre chargé des Affaires de sécurité, Mohammed Dahlan, engagent immédiatement et sans conditions la cessation de la violence contre Israël, affrontent toutes les personnes impliquées dans le terrorisme et démantèlent l’infrastructure terroriste.
Ces deux responsables, tous deux contre «la militarisation de l’Intifada», ont œuvré sur la scène internationale et dans le monde arabe pour la suspension déclarée des actes de violence – suspension devant durer trois mois pour le Hamas et le Djihad islamique, mouvements de l’opposition, et six mois pour l’OLP. D’après des rapports palestiniens sur la Hudna (trêve), de hauts responsables du gouvernement Abou Mazen ont toutefois assuré à ces mouvements d’opposition qu’aucune action ne serait entreprise pour les désarmer. Cet arrangement a été conclu suite au dialogue du Caire de janvier 2003, dialogue qui fut un échec en raison de désaccords concernant le cessez-le-feu et du refus du Hamas de reconnaître l’OLP comme le seul représentant légitime des Palestiniens. [2]
Malgré l’accord de Hudna, le Hamas et l’OLP/Autorité palestinienne demeurent profondément divisés sur les points suivants de la lutte contre Israël:
1 – L’objectif de la lutte: le Hamas exige la libération de toute la Palestine qui, selon la charte du Hamas, appartient au Waqf islamique, estimant qu’il n’est pas possible de renoncer à la moindre parcelle de terre. L’OLP oeuvre, pour sa part, à la création d’un Etat palestinien adjacent à Israël et à l’application du droit de retour.
2 – Les moyens de lutte: Le Hamas considère le djihad comme le seul moyen d’atteindre les objectifs palestiniens; l’OLP a pour sa part tantôt adopté, tantôt rejeté la notion de «lutte armée». Les responsables de l’OLP ont autrefois qualifié la lutte armée de«seul moyen de libérer la Palestine», de «stratégie, non de tactique», ainsi que le stipule la Charte nationale palestinienne. Avec la signature des Accords d’Oslo, les hauts responsables de l’OLP ont toutefois déclaré publiquement rejeter de tels moyens. Mais avec le déclenchement de l’Intifada Al-Aqsa, les différences entre les deux mouvances ont été une fois de plus brouillées, le Fatah ayant repris ses activités terroristes, attentats-suicides compris.
Outre leurs désaccords de principes, l’OLP et le Hamas rivalisent depuis des années pour le pouvoir politique. Depuis sa création, Le Hamas refuse de considérer l’OLP comme le seul représentant officiel des Palestiniens, cherchant à asseoir sa propre base politique aux dépens de l’OLP. Tout au long de l’Intifada Al-Aqsa, le Hamas a œuvré vigoureusement pour réaliser ses ambitions politiques, suscitant le mécontentement des responsables de l’OLP.
Le fossé entre l’Autorité palestinienne et le Hamas s’est dernièrement creusé; au cours de l’Intifada Al-Aqsa, les deux côtés ont eu des mots durs l’un envers l’autre. L’Autorité palestinienne a attaqué le Hamas dans la presse, l’accusant de lancer des roquettes Qassem sur les villes israéliennes à parti de Gaza, tandis que le Hamas a reproché à l’Autorité palestinienne d’ignorer la mort des shahids (martyrs) du Hamas, s’interrogeant publiquement sur la légitimité de l’OLP à être considéré comme le seul représentant officiel des Palestiniens.
Un autre point conflictuel fut la nomination d’Abou Mazen comme Premier ministre et le refus du Hamas de coopérer avec le nouveau gouvernement. Cette opposition reflète les divergences d’ordre idéologique qui opposent les deux côtés, ainsi que la lutte de pouvoirs interne à la scène politique palestinienne.
Abou Mazen a jusqu’ici évité d’entrer en confrontation avec le Hamas. Il a préféré opter pour la voie du dialogue afin d’aboutir à un accord de fin de violence dans le cadre de la Hudna. Malgré leur prédilection déclarée pour le dialogue et leur opposition à toute «guerre interne», Abou Mazen et Mohammed Dahlan se sont dits à plusieurs reprises disposés à recourir à la force contre les factions de l’opposition pour les contraindre à accepter la politique de l’Autorité palestinienne. Le Hamas a, quant à lui, qualifié la «guerre interne» de limite à ne pas franchir, soulignant toutefois qu’il n’hésiterait pas à prendre des mesures contre qui tenterait de désarmer le mouvement ou de procéder à l’arrestation de ses membres. Pour lire le rapport intégral en anglais, intitulé «On the Conflict Between Hamas and the Palestinian Authority», consultez http://www2.memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA14303
[1] http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2003/20062.htm
[2] Pour la version intégrale de la proposition égyptienne de compromis, voir: Al-Qods, (Autorité palestinienne), le 23 janvier, 2003