Dans un article intitulé «L’OEDH tire la sonnette d’alarme»,[1] Al-Ahram hebdo fait état d’un rapport de l’OEDH, Organisation égyptienne des droits de l’homme, qui dénonce les tortures pratiquées dans les commissariats de police, parfois jusqu’à la mort des détenus, par des officiers, citant à titre d’exemple le « président de la police d’investigation d’Imbaba, déféré devant la justice». Voici l’article:
«Le rapport de l’OEDH intitulé‘La torture, un crime qui doit s’arrêter’ fait état de torture pratiquée sur certains détenus et suspects dans les commissariats de police en Egypte. Le rapport est divisé en trois parties. La première se rapporte au cadre législatif et pénal des crimes liés à la torture. La deuxième partie fournit des témoignages de personnes ayant fait l’objet de torture ou de mauvais traitement. Quant à la troisième et dernière partie du rapport, elle propose des remèdes pour faire face à ce genre de pratiques. Le rapport de l’OEDH cite le cas d’un citoyen de 32 ans, Chebl Bayoumi Mohamad, arrêté par les policiers dans le cadre d’une affaire de mœurs. Sa famille ignorait où il se trouvait jusqu’au jour où elle a été avertie de sa mort. Elle décide alors de porter plainte devant le procureur général pour examiner le cadavre et déterminer les causes du décès. ‘L’OEDH a également présenté une plainte, mais 2 ans après les faits, nous attendons toujours une réponse du médecin légiste’, explique un responsable de l’organisation. Il affirme que celle-ci reçoit des centaines de plaintes pour insultes, mauvais traitements, et coups et blessures pratiqués par des officiers dans les commissariats. ‘Ces pratiques sont souvent exercées dans le but d’amener les suspects à avouer’, note le responsable de l’OEDH. Il ajoute que les plaignants souffrent tous de lésions et de contusions après avoir été roués de coups.
La fin de l’impunité
La question du mauvais traitement dans les prisons et les commissariats de police a été posée avec force à la suite d’une série de verdicts à l’encontre d’officiers de police coupables d’excès. Le dernier en date a eu lieu le 22 mai lorsque le Tribunal pénal du sud du Caire a condamné un commissaire de police, Ahmad Salah Darwich, à cinq ans de prison pour avoir torturé à mort un détenu, Mohamad Al-Husseini, en mars et avril 2001, en lui faisant subir des chocs électriques et en le fouettant pour lui extorquer des aveux.
Les responsables au ministère de l’Intérieur reconnaissent l’existence de certains excès, mais en limitent la portée: ‘Ces pratiques inacceptables sont l’œuvre d’une minorité d’officiers non disciplinés et nous les punissons conformément à la loi’, indique une source du ministère ayant requis l’anonymat. Il ajoute que les organisations des droits de l’homme ont tendance à exagérer le faits. ‘Depuis son arrivée au ministère en 1997, Habib Al-Adeli s’est intéressé à ce phénomène’, explique une autre source policière qui a requis l’anonymat. ‘Le ministre a donné des instructions pour bien traiter les citoyens dans les commissariats. Il a de même demandé à durcir les peines contre les policiers coupables d’excès’, déclare la source qui donne l’exemple du président de la police d’Imbaba qui a été déféré devant la justice sur décision du ministre, de même que deux policiers de Madinet Nasr.
Conformément à la loi, un officier encourt entre 3 et 10 ans de prison ferme s’il fait usage de la force pour obliger un suspect à avouer un crime. Si l’accusé meurt des suites d’une torture ou de coups et blessures, le policier peut être jugé pour meurtre avec préméditation. ‘Beaucoup de citoyens ne connaissent pas leurs droits. Ils ne doivent pas hésiter à présenter des plaintes s’ils font l’objet de ce genre de pratiques’ estime Aymane Al-Chaféi, substitut du parquet. (…)
[1] Al-Ahram hebdo, 28 mai – 3 juin 2003