Huda Ammash est la fille de Saleh Mahdi Ammash, ancien ministre de la Défenseassassiné, d’après ce que l’on raconte, par Saddam Hussein, car considéré par ce dernier comme un rival potentiel. Au cours d’une réunion des dirigeants irakiens dont les images ont été dernièrement diffusées, on peut apercevoir Huda, assise aux côtés du fils de Saddam Hussein, Qusai Saddam Hussein. Son apparition a donné lieu à un court article de Zuhayr Al-Mukh, académicien irakien résidant à Vienne. L’article, dont voici quelques extraits, a été publié par le quotidien saoudien Al-Sharq al-Awsat, édité à Londres,[1]:
Un leader dans le parti Baath irakien
«Dans la culture politique populaire, il existe un dicton selon lequel l’arrivée d’une femme sur la scène politique ne correspond jamais qu’à une décision d’ordre cosmétique à l’attention des hommes qui exercent un pouvoir absolu. Ce jugement, s’il n’est pas sans fondement, ne doit pas faire office de règle. Il existe une exception: Huda Saleh Mahdi Ammash devenue, depuis mai 2001, la première femme – et peut-être la dernière – de la classe dirigeante du parti Baath au pouvoir.
Certains la considèrent comme une lionne prête à bondir sur sa proie; d’autres la comparent à ‘un renard’. En vérité, elle est les deuxà la fois : elle a le courage de la lionne et la ruse du renard. Elle sait quand faire une apparition pleine de fermeté (…) et quand saisir une opportunité. Elle est l’élément le plus incongru de la politique irakienne contemporaine: son père Saleh Mahdi Ammash, qui à la fin des années soixante occupait le poste de vice-président et de ministre de la Défense (…) a été tué par Saddam (…), mais sa fille obéit au meurtrier de son père.
Huda Ammash est née en 1953 à Bagdad, dans un foyer pris par les affaires politiques. Son père, qui a participé activement au renversement du régime d’Abd El-Rahman Aref, en 1968, a ouvert plusieurs portes à sa fille après qu’elle eut décidé, à une époque où elle fréquentait encore le lycée, d’adhérer au parti Baath.
Au début des années soixante-dix, elle a intégré l’université de Bagdad pour y étudier la biologie, recevant son diplôme en 1975. C’étaient des années difficiles, à cause des épreuves que traversait son père. (…)
En réalité, cette étudiante timide et hésitante n’accordait pas une grande attention au sort de son père, estimant que c’était là le prix à payer pour la défense des grands principes qui étaient les siens. Sa personnalité se métamorphosa avec l’acquisition d’une plus grande assurance dans les domaines de l’organisation et de la mise en œuvre [de projets]. Bien qu’appartenant à la seconde génération du parti Baath, elle décida soudainement de quitter l’Irak pour poursuivre de hautes études. (…) Elle reçut sa maîtrise en microbiologie de l’université du Texas, et son doctorat, dans le même domaine, de l’université du Missouri,en 1983. Elle est ensuite immédiatement repartie pour l’Irak, où elle est revenue en femme dépositaire d’un message.
Infatigable, elle a été envoyée par le parti dans un certain nombre de pays arabes, dont la Jordanie, le Liban et le Yémen, pour aider à raviver les cellules du parti Baath irakien (…). Elle possède plusieurs cordes à son arc: si c’est une personnalité politique, elle a aussi enseigné la biologie à l’université de Bagdad (1990-1995), et a également été responsable de l’union des étudiants et du bureau de la jeunesse [du parti].»
Le rôle de Huda Ammash dans le développement des armes biologiques
«Sa fonction la plus risquée a assurément été la présidence de la Société irakienne des sciences médicales, en 1996. Les services de renseignement américains pensent qu’Huda Ammash a joué un rôle central dans la revitalisation du programme de développement d’armes biologiques depuis la moitié des années 1990.
Des sources proches du comité des inspecteurs de l’ONU estiment qu’Huda Ammash a peut-être reçu une formation de Nasser Al-Hindawi, généralement considéré comme le ‘père’ du programme irakien d’armement biologique.
Huda Ammash ne s’est pas plainte, comme d’autres camarades, des lourdes responsabilités qui lui incombaient. Acharnée, elle en a toujours voulu plus. (…) Elle est aussi devenue membre du comité central du parti.»
[1]Al-Sharq al-Awsat(Londres), le 29 mars 2003